La bannière flotte au-dessus des toits, le roi est en son palais de Drottningholm, ce vendredi 1er décembre. Mais pour cause de "baptême royal", les grands appartements, de coutume ouverts à la visite, sont fermés jusqu’à lundi. La garde d’honneur des Life Guards –régiment fondé en 1521 et dont les seize premiers hommes venaient tous de Dalarna, le duché-titre du petit prince Gabriel–, veille au strict respect de la consigne en accueillant la centaine d’invités qui se présentent, ce matin, dans la cour de la chapelle.
Les messieurs portent l’habit, l’uniforme, ou un costume sombre. Les dames, chapeautées, sont le plus souvent couvertes de fourrures, un vent glacial souffle du nord. Les princesses Christina et Margaretha, parées de l’ordre familial à l’effigie du roi leur frère, retrouvent le prince et la princesse Léopold de Bavière, seuls cousins étrangers, dans ce sanctuaire bâti, à la fin du XVIIe siècle, pour la reine Hedwige Éléonore.
Caraco et bonnet brodé, la princesse Sofia arbore le costume folklorique du duché de Dalarna
À côté de l’autel, flamboyant de fleurs rouges –anémones, cyclamens et amaryllis–, la précieuse couronne de Charles XIII repose sur un coussin de velours bleu. La monarchie suédoise déploie ses fastes. À midi, l’assistance se lève pour l’entrée de la princesse héritière Victoria, du prince Daniel et leurs deux enfants, Estelle et Oscar. Puis viennent les parents de la princesse Sofia, Erik et Marie Hellqvist, suivis, au son des trompettes, par le roi Carl XVI Gustaf et la reine Silvia.

Gabriel Carl Walther, né le 31 août dernier et que l’on baptise aujourd’hui, est sixième dans l’ordre de succession au trône. Et pour porter cet auguste petit prince sur les fonts baptismaux, il ne faut pas moins de cinq marraines et parrains. Pour assurer ce rôle, ses tantes maternelle et paternelle, la princesse Madeleine de Suède et Sara Hellqvist, Carolina Pihl, une amie de la princesse Sofia, le designer Oscar Kylberg, associé et ami du prince Carl Philip, et enfin son cousin maternel Thomas de Toledo Sommerlath.
Dans les bras de sa maman, en costume folklorique du duché de Dalarna, caraco et bonnet brodé, le bébé manifeste son mécontentement. Il est paré de la robe, en batiste de coton et dentelle de Valenciennes, inaugurée par son arrière-grand-père le prince Gustaf Adolf, en 1906, et dont la cape de satin est brodée aux noms de précédents baptisés de la famille royale, dont ses tantes, Madeleine et Victoria, et Carl Philip, son papa.
La princesse Estelle a versé puis bénit l’eau baptismale, guidée par le prévenant Johan Dalman
La cérémonie peut commencer, célébrée par l’archevêque émérite Anders Wejryd, l’évêque Johan Dalman, chapelain de la Cour, le pasteur de la paroisse, Michael Bjerkhagen. Les psaumes chantés, le prince Carl Philip et la princesse Sofia demandent à l’archevêque de baptiser l’enfant, qu’il signe à la tête, à la bouche et au coeur.

La princesse Estelle, guidée par le prévenant Johan Dalman, verse l’eau dans le bassin d’argent, créé pour la chapelle de la reine Ulrique, en1728. Très fière, la fillette bénit ensuite, de concert avec l’évêque, le liquide puisé à la source de Öland, l’île où se dresse le palais d’été de lafamille souveraine. Une tradition imaginée, pour leurs enfants, par les actuels souverains. Autrefois, la famille royale utilisait de l’eau du Jourdain.
Alors que le prélat lui verse l’eau baptismale, Gabriel, le nouveau petit chrétien, proteste à nouveau bruyamment, et termine en toussant, par trois fois. Hommage à la Trinité que ne manque pas de relever l’archevêque, amusé. Sur la tribune, l’artiste suédoise Jessica Pilnäs chante les premières notes de Mon ange Gabriel et le charme de la musique opère. Le bébé, subjugué, a cessé de pleurer.
A la sortie de la chapelle, des petites bougies dessinent le chiffre de Gabriel, un G couronné
Son grand-père le roi Carl XVI Gustaf peut le décorer sans peine de l’ordre du Séraphin, le plus distingué du royaume. Il barre d’une écharpe "miniature" le torse du prince qui ne l’est pas moins. Alexandre, son frère aîné, 19 mois, en profite pour échapper à la surveillance de son papa. Et sous le regard amusé de royaux grands-parents, part faire la conversation à quelques officiers emplumés.

Des flocons de neige saluent les princes, à la sortie de la chapelle. Carl Philip et Sofia, chacun un enfant dans les bras, écoutent la salve de vingt et un coups de canon, tirés depuis le HMS Kullen, un bâtiment de la marine suédoise qui mouille au large de Drottningholm. Une myriade de petites bougies dessinent, dans le parc, le chiffre de Gabriel, un G couronné, qu’admirent les convives.
Mais le vent est glacial et il est temps de rentrer, pour placer, selon la tradition, le bébé royal dans le berceau de cérémonie en bois doré, créé pour la naissance du futur Charles XV, en 1826. Et surtout partager le banquet que le roi et la reine offrent pour le baptême de leur petit-fils, dans les salles d’apparat de ce palais qui est aussi leur foyer.
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