Les liaisons dangereuses du prince Charles avec le cheikh Hamad ben Jassem al-Thani…

Le fils d’Élisabeth II a reçu trois  millions d’euros en espèces des mains du cheikh qatari Hamad ben Jassem al-Thani pour ses œuvres de charité. Si la pratique n’est pas illégale, elle est pour le moins discutable. Naïveté ou arrogance ? Les hypothèses sur l’avenir du futur roi se multiplient.

Par Jérôme Carron - 07 juillet 2022, 06h46

 Le prince Charles fait face à de nouvelles accusations.
Le prince Charles fait face à de nouvelles accusations. © Mega / KCS PRESSE

Les détails ressemblent à une demande de rançon tirée d’un mauvais roman noir. Dans son édition du 26 juin, The Sunday Times dévoile que le prince Charles a reçu trois versements d’un million d’euros  de la part du cheikh qatari Hamad ben Jassem al-Thani, ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, entre 2011 et 2015. Les fonds ont été versés en petites coupures de 500 euros dans des valises, et même une fois dans un sac Fortnum & Mason… 

Le prince de Galles avec Hamad ben Jassem al-Thani au Qatar en mars 2013.
Le prince Charles avec le cheikh qatari Hamad ben Jassem al-Thani qui lui a remis trois millions d’euros en petites coupures. © PA Photos/ABACA

L’argent a été récolté au profit de The Prince of Wales’s Charitable Fund, l’organisme qui finance les différentes associations soutenues par l’héritier du trône. Légalement, rien de répréhensible, comme le rappelle le communiqué de Clarence House diffusé peu après : "Les dons caritatifs reçus du cheikh Hamad ben Jassem ont été immédiatement transférés à l’une des organisations caritatives du prince, qui a exercé la gouvernance appropriée et nous a assuré que tous les processus conformes avaient été suivis." 

Une affaire plus politique

Mais cette affaire fait suite à celle d’octobre 2021. Le même hebdomadaire relatait alors l’existence d’un système permettant à de généreux donateurs de recevoir des distinctions honorifiques par l’intermédiaire de la Prince’s Foundation. L’homme d’affaires saoudien Marei Mubarak bin Mahfouz avait été ainsi fait commandeur de l’ordre de l’Empire britannique en 2016, après un don de 1,7 million d’euros… Cette révélation avait entraîné la démission de plusieurs responsables de la fondation, dont celui du directeur général Michael Fawcett, collaborateur très proche de Charles.

Aujourd’hui, la tournure est plus politique. Tout d’abord, les récents propos du prince tenus en privé, au sujet de la volonté du gouvernement de Boris Johnson d’envoyer des immigrés illégaux au Rwanda n’ont pas plu. Certains pensent même que la révélation de l’affaire des petites coupures n’est pas étrangère à cette prise de position.

Michael Fawcett lors d'une messe en hommage à Sir Donald Gosling à Westminster Abbey en décembre 2019.
Une précédente affaire avait poussé Michael Fawcett, proche collaborateur de Charles, à la démission. © Max Mumby/Indigo / Contributeur / Getty Images

L’ancien secrétaire d’État à l’Intérieur et ex-parlementaire libéral Norman Baker juge, quant à lui, que "ce n’est pas net. Nous pensons que l’héritier du trône ne devrait pas se comporter comme cela. Lorsque j’ai déposé une plainte auprès de la police métropolitaine l’année dernière concernant le milliardaire saoudien Mahfouz Marei Mubarak bin Mahfouz (…). Le prince Charles (…) n’a pas été directement impliqué. Mais maintenant, il a été pris en flagrant délit. J’ai demandé ce matin à la police métropolitaine d’en tenir compte dans son enquête criminelle en cours." 

À cela s’ajoutent les 95 voyages du prince dans les pétromonarchies, dénombrés par l’homme politique depuis 2011. "Je pense que lui et Clarence House devraient nous faire connaître les occasions où le prince Charles a reçu de l’argent pour ses bonnes œuvres", conclut-il. 

"La conduite de Charles devient de plus en plus inappropriée"

En fait, l’effet d’accumulation est catastrophique. En 2015, les Black spider memos, ces missives interminables écrites à la main en forme de "pattes d’araignées" par le prince, destinées à différents ministères, ont défrayé la chronique. En interpellant directement les politiques, l’héritier du trône avait déjà rompu la neutralité de la famille royale. 

Une attitude jugée soit arrogante, soit naïve, mais par-dessus tout en décalage avec son statut. Et alors qu’il a parfaitement joué sa partition au côté de son épouse lors du récital du jubilé, confirmant un peu plus une régence qui ne dit pas son nom, ces dernières révélations laissent planer des doutes sur son futur règne. 

A LIRE AUSSIUn nouveau scandale pour le prince Charles ?

Pour l’éditorialiste Dan Wootton : "La conduite de Charles devient de plus en plus inappropriée, alors que sa mère entre dans les années crépusculaires de son règne. (…) Si elle est vraie, cette époustouflante révélation pose tellement de questions sur la moralité et la santé mentale du prince Charles, qu’il est difficile d’imaginer que cette personne sera bientôt aux commandes."

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

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