Le retour en grâce de Sarah Ferguson

Novembre 2021. Dans une suite de l’hôtel Meurice, à Paris, elle avait accueilli Point de Vue avec chaleur, presque bonhomie, malgré le rythme effréné qu’impose une tournée promotionnelle. Sarah, duchesse d’York, enchaînait alors les interviews pour son roman, À la conquête de sa liberté, l’histoire romancée de l’une de ses arrière-grands-tantes, lady Margaret, femme en rupture avec les normes de l’époque victorienne. "Depuis toujours, je me demande d’où me viennent ma liberté d’esprit et mon originalité, auxquelles souvent on me ramène, confiait-elle, dans un demi-sourire. En ce sens, cette lady Margaret tombait bien."

Camilla, "la plus puissante avocate" de Sarah

Aujourd’hui, avec A Most Intriguing Lady, l’ex-épouse du prince Andrew renoue avec le XIXe siècle, ses intrigues, son faste et son écrasante pudibonderie. Même si, cette fois, ce n’est plus lady Margaret qui desserre quelque peu les corsets, mais lady Mary Montagu Douglas Scott. Une héroïne en chasse une autre, reste l’indéboulonnable Sarah, officiellement hors de la famille royale depuis son divorce il y a vingt-sept ans, et pourtant, vivant toujours avec son ex-mari à Royal Lodge, auprès de Muick et Sandy, les derniers corgis d’Élisabeth II.

Les ennuis judiciaires du duc d’York, puis sa mise en retrait, n’ont pas ébranlé ce "couple" étonnant. Au contraire. Dans l’adversité, Sarah est un fidèle soutien, solide comme un roc. Prépare-t-elle l’avenir ? Très active sur les réseaux sociaux, la flamboyante sexagénaire a récemment fait legrand ménage sur son compte Instagram, suivi par près de 500.000 fans. Fini les vidéos bricolées, les lectures de livres pour enfants où elle portait des oreilles de chat ou tout autre déguisement, filmées par une petite main sous la lumière peu flatteuse d’une véranda. Ses nouvelles publications sont des portraits léchés, de véritables mises en scène dignes des rubriques mode de la presse magazine. Un vrai travail de professionnel. "Être auteur renforce l’estime de soi, raconte-t-elle dans les colonnes du magazine Hello !. Je pense que cette confiance gagnée grâce à l’écriture m’a aussi donné quelque chose qui n’appartient qu’à moi. Je ne suis plus la duchesse, ou Fergie, ou bien la meilleure amie de Diana ou la belle-fille de la reine. Je suis juste Sarah."

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Mais cette nouvelle Sarah n’est pas seulement auteure ou influenceuse, mère et grand-mère comblée, elle est aussi une alliée inattendue... de Charles III et Camilla ! Capable de tempérer son ex-époux, elle s’est fait apprécier de la reine consort qui, en retour, travaille à sa "réintégration", chose impensable du vivant du duc d’Édimbourg. Preuve de cet incroyable come-back, sa présence à Sandringham pour les fêtes de fin d’année. Grâce à Camilla — "sa plus puissante avocate", dixit le Mail on Sunday —, Sarah a pu célébrer Noël avec les Windsor, une première depuis 1992. Elle a même logé à Wood Farm — où vivait justement son ancien beau-père — et a été conviée à la traditionnelle partie de chasse.

"Camilla aime Sarah. Elles sont tous les deux du même monde, renchérit le Mail on Sunday. Elles partagent le même amour des chevaux et Fergie sera assez intelligente pour jouer le jeu de Camilla car elle réalise que cette dernière a de l’influence auprès du roi. Qu’elle doit être aimable avec eux et les soutenir." Soutenir le couple royal dans l’espoir qu’Andrew ne perde pas tout ? Le plan a le mérite de la simplicité. D’autant que le duc d’York s’est récemment vu proposer Frogmore Cottage, la résidence des Sussex, invités, eux, à quitter les lieux. Ces déménagements prochains n’enchantent personne et surtout pas Andrew. Mais a-t-il seulement le choix ?

Reste à savoir quels liens entretient Sarah Ferguson avec Meghan et Harry qui n’hésitent pas à citer son nom, que ce soit sur le divan d’Oprah Winfrey ou dans leur série documentaire diffusée sur Netflix. Ainsi, c’est elle qui aurait appris à la duchesse de Sussex à faire la révérence lorsqu’elle a été présentée pour la première fois à la reine. Les deux femmes seraient amies si l’on en croit l’épouse de Harry... Ce qui n’est pas l’avis d’une Sarah interviewée par le Telegraph : "Je ne connais pas vraiment Meghan. Je ne l’ai jamais vraiment rencontrée." Ou comment se désolidariser du couple.

L’heure du couronnement approche et les Windsor ont besoin de présenter au monde un front uni, sous peine de fragiliser l’institution qu’ils représentent. Personne ne veut rejouer le soap opera dramatique des années 1990, dont Sarah a d’ailleurs été l’une des principales victimes. D’une manière surprenante, cette dernière a une carte à jouer dans la recomposition actuelle du clan. La voici changeant de rôle et même carrément de registre. La pyromane d’hier pourrait bien contribuer à conjurer le sinistre d’aujourd’hui. Et gagner, dans la foulée, sa place le 6 mai prochain, à l’abbaye de Westminster... Même si elle avoue n’avoir pas encore reçu d’invitation.