Les deux frères reconnaissaient qu’ils s’étaient violemment affrontés une première fois à l’époque où William tentait de refréner les ardeurs de son cadet dans sa cour auprès de Meghan ("Tu n’es pas obligé de te presser…"). Mais ensuite, ils avaient tourné la page. Le bonheur manifeste de Harry avec sa dulcinée avait apaisé les tensions, excepté cette curieuse fâcherie à propos des robes des demoiselles d’honneur. Le 19 mai 2018, jour de la noce, les frères s’étaient rabibochés, et leurs sourires étaient sincères alors que le marié était escorté dans l’église par son témoin William.
C’est cinq mois plus tard que survint la rupture décisive, celle qui dure encore à ce jour, bien qu’ici les versions des deux frères divergent. Comme Harry l’expliqua à Oprah, le succès de Meghan pendant leur tournée dans le Pacifique Sud sema les graines de la jalousie qui finit par "altérer" les sentiments des uns et des autres. Selon ce scénario, William et Kate n’avaient pas digéré la popularité à la Diana que s’était attirée Meghan. Mais William avait un souvenir différent.
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Nous savons maintenant que les deux princes ne se parlaient déjà plus avant le départ des Sussex pour l’Australie le 16 octobre 2018. Les sentiments étaient déjà "altérés", comme le disait Harry, et de façon assez profonde. Les frères s’étaient quittés en très mauvais termes, et la raison principale de leur querelle était l’autoritarisme et peut-être même la brutalité avec lesquels Meghan traitait son personnel. Le "club des rescapés des Sussex" avait enfin pris sa revanche, sous la houlette de Jason Knauf.

L’attaché de communication de Kensington Palace – qui, à cette date, travaillait encore pour le compte des deux frères et de leurs épouses – avait fini par s’inquiéter des nombreuses histoires de maltraitance que lui rapportaient des collègues en qui il avait toute confiance. (…) William connaissait personnellement et appréciait toutes les personnes que Knauf avait nommées dans son dossier. Il les considérait comme des atouts pour sa maison royale, des collaborateurs qu’il fallait chérir, et dont il se sentait responsable. Des êtres humains.
Comme Knauf, il était consterné à l’idée qu’ils aient pu se retrouver dans une telle situation. À ses yeux, ces allégations confirmaient d’ailleurs quelque chose qu’il suspectait depuis longtemps: que Meghan était fondamentalement hostile au système royal, un système qu’en tant qu’outsider elle ne comprenait pas. William n’était pas loin de se demander si elle n’avait pas voulu partir depuis le début… rêvant peut-être de ramener Harry avec elle en Amérique.
Mais, dans une déclaration publiée dans le Times début mars 2021, les avocats de la duchesse affirmaient que c’était mal interpréter les intentions de leur cliente. Au contraire, insistaient-ils, elle souhaitait s’intégrer et se faire accepter. Elle avait quitté sa vie aux États-Unis pour se consacrer pleinement à ses nouvelles fonctions.
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Je ne connais pas Jason Knauf. Je ne l’ai jamais rencontré. Ce que vous venez de lire se fonde sur ses accusations officielles, rédigées noir sur blanc – que les avocats de Meghan, répétons-le, réfutent comme étant "diffamatoires", "fondées sur des informations mensongères et préjudiciables". Cela s’appuie aussi sur le récit personnel qu’a fait le prince William de ces événements à un ami, qui me l’a ensuite rapporté.
Dès l’instant où il eut connaissance de ces accusations de harcèlement, confia William à cet ami, il décrocha son téléphone pour appeler Harry… et quand celui-ci s’emporta en prenant la défense de sa femme, son grand frère insista. Comme Harry avait fini par lui raccrocher au nez, furieux, William se rendit directement à Kensington. Il était horrifié de ce qu’il venait d’entendre sur le comportement présumé de Meghan et il voulait savoir ce que Harry avait à en dire.

La confrontation entre les deux frères fut féroce et amère. William estimait qu’il avait eu raison de se demander, avant les fiançailles, si Meghan possédait bien toutes les qualités requises. À l’époque, ses doutes étaient au conditionnel, uniquement fondés sur l’impression que lui faisait Meghan. Il ne la connaissait pas vraiment, après tout. Mais, à présent, William en avait entendu assez pour être sûr, hélas, de la connaître, et beaucoup de ses réserves rejoignaient les allégations émises par les collègues de Knauf. Il était convaincu que Meghan avait un plan – "agenda" est le terme qu’il utilisa devant son ami–, et ce qu’il venait d’entendre était alarmant.
Kate, ajouta-t-il, se méfiait d’elle depuis le début. Si elle traitait vraiment son personnel de cette façon, alors Meghan sapait certains des principes les plus précieux de la monarchie, et William se désolait qu’elle ait l’air de vouloir lui voler son frère adoré. Plus tard, des courtisans lanceraient le hashtag #freeHarry ("libérez Harry"). Ce n’était qu’à moitié une blague. "Meghan se faisait passer pour la victime, se souvient un employé de Kensington. Mais c’était elle le tyran. Les gens se sentaient écrasés par elle. Ils ne savaient pas comment la gérer. Ils la trouvaient totalement narcissique et sociopathe. Déséquilibrée, en gros. Ce qui explique d’ailleurs que Harry et elle aient été attirés l’un par l’autre. Deux êtres abîmés."
William se sentait profondément "blessé" et "trahi", dit-il à son ami. Il avait toujours été protecteur avec son frère, il estimait de son devoir de veiller sur lui. Mais là, il fallait que ça s’arrête. Au bout du compte, la couronne britannique et tout ce qu’elle représentait en matière de traditions et de valeurs ancestrales – la mission de la monarchie – devaient lui importer davantage que son propre frère.
Harry, de son côté, était tout aussi furieux que William puisse prêter foi aux accusations portées contre sa femme, dont il prit la défense avec véhémence. Certaines sources maintiennent que, dans le feu de la dispute, il alla même jusqu’à accuser la famille de faire preuve de racisme envers Meghan. Mais il faut souligner qu’aucun des deux frères n’a jamais confirmé l’emploi en face à face du terrible mot en "r". William et Harry sont les seuls à savoir ce...
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