Un "protocole d’action pré-légale", voici le terme choisi pour qualifier la lettre envoyée par les avocats du prince Harry au Home Office, l’équivalent du ministère de l’Intérieur britannique. La teneur de cette missive, dont l’existence est révélée par le Mail on Sunday le 15 janvier 2022, est stupéfiante. Le frère du prince William informe qu’il se réserve le droit d’attaquer le gouvernement de Sa Majesté devant la Haute Cour si ses demandes en matière de sécurité ne sont pas satisfaites. Les Sussex souhaitent tout simplement se retrouver sous la garde du Royalty Protection Group de Scotland Yard lors de leurs séjours sur le sol britannique.
Depuis leur exil volontaire en 2020, et leur retrait de toute activité officielle, leur sécurité n’est plus assurée par les services du gouvernement. En Californie, Harry et Meghan paient six gardes du corps de la société GBDA, dont Jeff Bezos, Tom Hanks ou encore Madonna sont clients. Différentes sources évaluent la facture à plus de deux millions d’euros par an. Dès lors, pourquoi ne pas faire de même en Grande-Bretagne ?
Harry peut-il exiger la protection policière de Scotland Yard ?
La réponse à cette question tient dans la publication d’un communiqué des avocats du duc de Sussex. "Le prince Harry a intégré le risque depuis sa naissance, pour la vie. Il reste sixième en ligne de succession au trône, il a combattu deux fois en Afghanistan et récemment sa famille a fait l’objet de menaces par des néo-nazis et des extrémistes bien informés. Si son rôle dans les institutions a changé, ce n’est pas le cas de sa place comme membre de la famille royale. Le duc et la duchesse de Sussex ont financé personnellement une équipe privée de sécurité, mais elle ne peut remplacer la nécessaire protection policière en Grande-Bretagne. En l’absence de cette protection, le prince et sa famille ne pourront revenir chez eux."

Si Harry reste bien successible à la couronne et membre du clan Windsor, cela ne lui permet pas d’avoir Scotland Yard à son service. Comme le précise Dai Davis, ancien officier du Met (la police métropolitaine de la capitale dont dépend le Royalty Protection Group), au Daily Mail, la princesse Anne ne se déplace pas avec des policiers en permanence, malgré la tentative d’enlèvement dont elle a été l’objet en 1974. En 2011, les princesses Beatrice et Eugenie, qui ne participent plus aux activités officielles, se sont vu supprimer leur protection.
Pour les membres les plus actifs de la famille royale, chaque activité est analysée afin d’appliquer la sécurité la plus adaptée. Sans oublier que Harry est le premier membre de la famille royale à envisager une action en justice contre le gouvernement de Sa Majesté, le plus déroutant dans le communiqué de ses avocats tient dans son refus de se rendre en Grande-Bretagne si ses revendications ne sont pas acceptées. Un parti pris qui n’est pas loin du chantage.
En cette année du Jubilé de platine d’Élisabeth II, cela revient à dire que Harry, s’il venait quand même aux cérémonies historiques de début juin, serait certainement seul, sans Meghan ni ses enfants. À moins d’obtenir ce qu’il demande. Voilà qui ne risque guère d’apaiser les tensions familiales, quand on sait que ni la reine ni le prince de Galles n’ont jamais vu Lilibet, la fille des Sussex.

Pour ajouter à la confusion, le 4 juin, au cœur des célébrations jubilaires – du 2 au 5 juin, jours exceptionnellement fériés au Royaume-Uni – Harry et Meghan fêteront le premier anniversaire de Lilibet. Et semblent trouver le second événement aussi important que le premier. Comme si cela ne suffisait pas, une polémique se fait jour sur la liste des récipiendaires de la médaille du Jubilé, établie par le palais de Buckingham.
Si le prince Harry et son oncle Andrew ne la recevront pas à titre militaire, ils pourraient encore en bénéficier à titre familial et personnel. À l’aune de leurs actualités respectives, cependant, même cette éventualité paraît de plus en plus problématique. D’autant que la parution de l’autobiographie d’Harry prévue à l’automne continue de peser comme une menace de plus sur le jubilé de la reine et l’unité de la famille royale, déjà bien compromise.
Le prince Harry confond police d’État et milice privée
Pour justifier sa demande de protection, Harry revient sur son dernier séjour à Londres, en juillet 2021, lors de l’inauguration de la statue de Diana. À ce moment, selon la déclaration de ses avocats, "sa sécurité a été compromise par l’absence de protection policière, lorsqu’il quittait un événement caritatif". Après enquête, un photographe de presse aurait pris une photo du prince lors de sa rencontre avec des membres d’une association, pendant une garden-party, dans les jardins botaniques royaux de Kew... On est loin d’une menace terroriste. Néanmoins, les conseils de Harry insistent et proposent au gouvernement de prendre en charge la rétribution des policiers britanniques qui seraient affectés aux Sussex !
Cette idée de rémunérer une police nationale, ou la volonté de la placer au service d’une personne privée, révèle une méconnaissance des usages démocratiques et légaux. Elle revient à confondre police d’État et milice privée. Enfin, ce sont la police et l’État, et non pas la reine ni Harry, qui déterminent le degré d’une menace touchant à une personnalité, et si la nature de cette menace nécessite ou non une protection particulière.

Les menaces avancées par Harry sont-elles réelles ou fantasmées ? Le prince a souvent expliqué son mal-être face au "bruit des clics" des photographes en action. La mort tragique de sa mère dans un accident a fortement marqué l’homme qu’il est devenu. Et il a toujours été persuadé, à tort, de la responsabilité dans cette tragédie des photographes suivant la voiture. Émotionnellement très sensible, le prince Harry semble aujourd’hui plus que jamais sur le fil du rasoir. Ses angoisses et, pour certains, sa paranoïa l’entraînent toujours plus loin dans sa confrontation avec les médias et, au-delà, avec les institutions. Une nouvelle fois, Harry cherche à être en même temps à l’extérieur et à l’intérieur d’un système qu’il a choisi de quitter.
Harry et Meghan de plus en plus affaiblis, même aux États-Unis
Sa défiance de plus en plus forte fait écho à une image de moins en moins brillante, et peut-être aussi à la nécessité d’alimenter en polémiques le documentaire réalisé sur son épouse et lui-même par les équipes de Netflix, depuis plusieurs mois. En attendant son éventuelle diffusion, les récentes enquêtes journalistiques sur Archewell révèlent des résultats peu reluisants. Ces derniers laissent entrevoir que la fondation des Sussex serait un beau paravent philanthropique mais sans réelle activité. Jusqu’ici, enfin, en dehors d’un unique podcast diffusé en décembre... 2020, les mirobolants contrats des Sussex avec Netflix et Spotify tardent à accoucher de réalisations concrètes. Au grand dam des compagnies signataires, de plus en plus impatientes.

Sur la côte Pacifique, décidément, à Montecito, l’herbe est de moins en moins verte sur les...
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