Et si l’héritière présomptive de la couronne néerlandaise aimait les femmes ? À quelques jours de son dix-huitième anniversaire, la vie amoureuse d’Amalia des Pays-Bas est devenue un sujet d’État. En quelques semaines, la princesse d’Orange, première dans l’ordre de succession à la couronne néerlandaise, a été le centre de rumeurs, aussi vives que contradictoires.
Tandis que les uns lui prêtaient une idylle avec le jeune Gabriel de Belgique, d’autres supposaient que, parce qu’elle avait organisé une Journée des fiertés dans sa classe et choisi une romancière ouvertement lesbienne pour rédiger sa biographie, la fille aînée du roi Willem-Alexander n’était pas attirée par les garçons.
"Romantique comme elle est, elle aime que les garçons soient galants"
Dans le doute, le Premier ministre du royaume a été saisi de la question. Sachant que le Parlement doit donner son accord pour tout mariage dans la famille royale, une future reine comme Amalia, serait-elle autorisée à épouser une femme et monter sur le trône des Pays-Bas ? "Le gouvernement estime que l’héritier peut également épouser une personne du même sexe. Le cabinet ne considère pas qu’un héritier du trône, ou le roi, soit tenu d’abdiquer s’il souhaite épouser un partenaire du même sexe", a indiqué Mark Rutte.
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Une volte-face par rapport à la position exprimée par son prédécesseur Wim Kok en l’an 2000, un an avant que le pays ne légalise le mariage homosexuel pour ses concitoyens.
Si la question a été posée, au Parlement, elle l’a aussi été à la principale intéressée. Et Amalia a contredit les rumeurs et a révélé dans un livre paru mi-novembre qu’elle se verrait plutôt épaulée dans sa tâche par un prince consort... "Romantique comme elle est, elle aime que les garçons ne soient pas rustres et qu’ils soient galants. Elle veut se marier et aimerait avoir des enfants. Plus tard. Beaucoup plus tard", souligne Claudia de Breij dans la biographie autorisée qu’elle vient de publier et simplement intitulée Amalia.

Tradition oblige, l’héritière lui a accordé plusieurs entretiens durant l’été 2021, à l’occasion de ses 18 ans. La princesse d’Orange y confie ses premières amours, avec des garçons pas toujours très fins — certains avaient parié que celui qui embrasserait l’héritière en premier recevrait cent euros de crédit dans le jeu vidéo FIFA ! Lors d’une visite du palais, Amalia désigne même à Claudia de Breij la calèche crème qu’elle choisirait pour traverser la foule au jour de ses noces...
Ce penchant très fleur bleue n’empêche pas la princesse d’Orange de se montrer militante sur la question arc-en-ciel. S’amusant des conséquences de potentielles unions lesbiennes au sein des familles royales, Amalia se réjouit : "Alors, plus de femmes pourront porter des diadèmes !"

Interrogée par l’auteure sur l’acceptation de l’homosexualité dans sa famille, la petite-fille de Beatrix indique : "Je ne pense pas que cela aurait été un gros problème. Certainement pas dans ma famille. Mes parents ont aussi beaucoup d’amis différents, donc je n’ai pas grandi qu’avec des 'oncle et tante', j’ai aussi des 'tante et tante'."
Pour la jeune femme, consciente du rôle qui l’attend, cette ouverture de ses proches et du gouvernement n’est pas une moindre affaire. "Je ne peux rien faire sans le consentement du pays", admet-elle. Alors si son choix amoureux était questionné, elle ne promet pas de rester sage... "Si c’est l’homme qui me soutient, que j’aime, avec qui je veux passer ma vie, et que le Parlement ne donne pas son consentement, eh bien, nous devrons voir ce que je fais. Je serais incapable de donner le meilleur pour notre pays", explique la princesse héritière.
Amalia s'apprête à siéger au Conseil d'État
Bien qu’elle ait décidé de s’offrir une année sabbatique avant de démarrer des études à la rentrée 2022 — peut-être de politique internationale —, Amalia conserve des obligations. Mardi 7 décembre, elle deviendra majeure. Le lendemain, elle est attendue dans la salle de bal du palais de Kneuterdijk à La Haye, pour être intronisée au Conseil d’État. L’article 74 de la Constitution néerlandaise stipule qu’à sa majorité, la princesse siège "de plein droit" au Conseil d’État.

Claudia de Breij s’interroge sur la montagne d’obligations qui attend la jeune fille, à peine sortie de l’adolescence. Le parti républicain a même lancé une campagne Free Amalia, pour proposer de la libérer de sa prison dorée. "C’est une Altesse royale, je sais. Mais surtout une fille de presque 18 ans, une jeune femme qui n’a rien demandé d’autre et qui est sur le point de commencer la partie de sa vie qui sera pleine de devoirs et de cérémonies", note Claudia de Breij. Amalia le sait, elle tournera définitivement la page de l’anonymat.
Dans le livre la question la tourmente : les gens ont commencé à la reconnaître dans la rue. Ce qu’elle exprime avec une image amusante : "Tout le monde te regarde comme si tu avais un poisson rouge sur la tête." En réalité, le jour venu, ce n’est pas un bocal qui la coiffera, mais une couronne dorée.
Amalia, par Claudia de Breij, éditions Uitgeverij Pluim (en néerlandais), 103 pages.
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