Charlène de Monaco, une enfance en Afrique

Née en terre rhodésienne, en pleine guerre pour l'indépendance, Charlène a connu dès la plus tendre enfance la beauté et l'âpreté du continent africain. À l'adolescence, elle s'installe avec sa famille en Afrique du Sud, où elle se donne corps et âme pour devenir une nageuse internationale. Autant de racines qu'elle n'a jamais oubliées.

Par Pauline Sommelet - 25 janvier 2021, 15h25

 La future princesse de Monaco retrouvait la terre de son enfance, le Kwazulu Natal, lors d’un voyage de
dix jours en Afrique du Sud en février 2011.
La future princesse de Monaco retrouvait la terre de son enfance, le Kwazulu Natal, lors d’un voyage de dix jours en Afrique du Sud en février 2011. © Jackie Clausen/Sunday Times/Gallo Images via Getty Images

"J'ai longtemps vécu dans une ferme en Afrique." Charlène pourrait faire siennes ces quelques lignes du fameux roman de Karen Blixen, La Ferme africaine, adapté au cinéma par Sydney Pollack. Ce n'est pas un hasard si la princesse de Monaco est aujourd'hui heureuse que Rocagel abrite en son sein de nombreux animaux dont Baby, la dernière des deux éléphantes recueillies par la princesse Stéphanie. Dans le cadre urbain et parfois étroit de la principauté, elle peut ainsi offrir à Jacques et Gabriella une parcelle de ce qu'elle a connu et tant aimé enfant: la nature et la liberté.

"Je me souviens parfaitement du ciel africain qui ne ressemble à aucun autre"

Quand elle voit le jour à Bulawayo, au Zimbabwe, en janvier 1978, ses parents Michael et Lynette y vivent depuis toujours. Son père, petit-fils d'immigrés allemands, travaille dans l'informatique, tandis que sa mère pratique la plongée à un niveau professionnel. Dans ce pays qui s'appelle alors la Rhodésie, la petite fille blonde au tempérament dégourdi passe de longues heures dehors, sans aucune contrainte. "Je me souviens parfaitement du ciel africain qui ne ressemble à aucun autre, se souvient-elle au micro de Radio Monaco. Il y a des souvenirs qui me sont chers de ma vie au Zimbabwe avec mes parents qui m'emmenaient dans les fermes pour voir les rhinocéros, les éléphants, la savane." 

La princesse a grandi au Zimbabwe, où vivaient ses parents Michael et Lynette jusqu’à l’âge de 12 ans. À Benoni en Afrique du Sud, elle est une écolière appliquée, passionnée de natation dont elle enchaîne les compétitions. © Gallo Images via Getty Images
La princesse a grandi au Zimbabwe, où vivaient ses parents Michael et Lynette jusqu’à l’âge de 12 ans. À Benoni en Afrique du Sud, elle est une écolière appliquée, passionnée de natation dont elle enchaîne les compétitions. © Gallo Images via Getty Images

Dès l'âge de 3 ans, quand elle n'est pas plongée dans la piscine de la maison, elle passe sa vie à escalader les arbres, causant même de vives frayeurs à son père quand elle se casse un bras sous ses yeux. Lorsqu'elle a 12 ans, la guerre civile pousse les Wittstock à émigrer en Afrique du Sud. Ils s'installent à Benoni, une petite ville de la banlieue de Johannesburg, célèbre pour avoir aussi abrité les premiers pas de Charlize Theron. 

Mais Charlène, elle, ne songe qu'à enchaîner les longueurs dans les bassins municipaux. Ses professeurs du collège de Benoni ont gardé en mémoire une jeune fille très populaire au tempérament de championne. Quant à ses parents, ils la laissent vivre sa passion. "Pour être, à l'âge de 15 ans, debout à 4h30 tous les matins et faire des dizaines de longueurs, il faut être très concentré et très motivé, se souvient son père, Michael, à la veille de son mariage. Charlène a toujours su ce qu'elle voulait et elle s'en est donné les moyens. On l'a soutenue pour qu'elle atteigne le meilleur niveau." 

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À l'âge de 17 ans, désireuse de poursuivre la natation de manière professionnelle, elle s'envole pour Durban, loin de son foyer et de ses petits frères, Sean et Gareth. Au bord de l'océan Indien, son travail s'avère payant. Les premières sélections dans l'équipe nationale junior arrivent alors qu'elle s'entraîne désormais sous l'égide de Graham Hill, l'un des meilleurs coaches du pays, devenu célèbre pour lui avoir délivré l'autorisation de dîner avec le prince Albert lors de leur seconde rencontre, en 2001 à Monaco !

L'eau, son élément

En 1996, elle remporte les Championnats juniors de natation d'Afrique du Sud. Ses premiers trophées ornent peu à peu l'appartement qu'elle occupe avec d'autres jeunes femmes dans la résidence Plantations de la banlieue de Hillcrest. "C'était un peu la colocataire idéale", nous racontait en 2011 la championne sud-africaine Penny Heyns lors du Midmar Mile, une course caritative qu'elle était revenue disputer en Afrique du Sud. "Elle était attentionnée, ordonnée, dotée d'une grande personnalité. Nous nous sommes toujours beaucoup soutenues mutuellement." 

Dans les compétitions qu'elle dispute désormais à travers le monde entier, son humour et ses mots d'esprit font fureur. Tout en se spécialisant dans la discipline du dos crawlé, elle reste souriante, terre à terre, et déjà très attentive au sort des plus fragiles, qu'il s'agisse des enfants défavorisés qu'elle fait nager dans le complexe sportif de Pinewood, ou bien ses camarades des Special Olympics, une cause dont elle fut très tôt la marraine. Son amitié avec le nageur sourd Terence Parkin, qui est aujourd'hui l'un des ambassadeurs de sa fondation, date de cette période clé.

Charlène et le nageur Terence Parkin en 2000. © Richard Shorey/DPA/ABACAPRESS.COM
Charlène et le nageur Terence Parkin en 2000. © Richard Shorey/DPA/ABACAPRESS.COM

Sélectionnée dans l'équipe féminine de relais sur 400 mètres aux JO de Sydney, elle remporte plusieurs médailles lors de la Coupe du Monde de 2002. Sans oublier les fameuses victoires de Mare Nostrum, qui lui donnent, par deux fois, l'occasion de croiser le chemin du prince Albert. Dès lors, son destin va s'écrire en terre monégasque. Car comme lui disait sa grand-mère chérie, Sylvia Wittstock, "Dieu nous donne le talent et l'amour est la clé de la chance."

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

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