Charlène de Monaco: "La Corse a beaucoup de points communs avec le pays où j'ai grandi"

Avec le soutien du prince Albert, vous avez imaginé  et organisé cette aventure, totalement inédite, au profit de la Fondation Princesse Charlène de Monaco. Est-ce le défi sportif qui vous séduit?

S. A. S. La princesse Charlène de Monaco: J'ai créé une fondation afin de sensibiliser toutes les générations à la prévention de la noyade, responsable de plus de 300.000 décès chaque année dans le monde, et, plus largement, aux nombreux dangers liés aux milieux aquatiques. Nous avions déjà initié le Riviera Water Bike Challenge, une course en mer au large de Monaco dont les deux éditions nous ont permis de financer plusieurs projets. Cette année, une soirée de gala avait été prévue, qui a dû être annulée en raison de l'épidémie de Covid-19. Nous avons donc choisi de créer l'événement autrement: une traversée en Méditerranée à vélo marin. Deux équipes relieront Calvi à la principauté, il ne s'agira pas d'une course, mais d'un relais auquel participeront des femmes et des hommes épris d'aventure,  des sportifs exceptionnels. Nous espérons récolter  des fonds, mais aussi susciter une prise de conscience. Éduquer, sauver des vies, voilà quelle est notre mission en tant que fondation.

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Comment avez-vous découvert le water bike?

Grâce à mon frère, Gareth. Il m'a dit: "Tu vas voir, c'est fantastique, très amusant à pratiquer en famille. Et bien sûr, a-t-il ajouté, nous allons en faire un sport de compétition!" En ce qui me concerne, je n'avais encore jamais vu de vélo de ce type. C'est d'ailleurs une discipline assez technique, très différente du vélo sur route ou du vélo de fitness. Car il n'y a pas que la machine elle-même qui est à prendre en compte, il faut aussi défier les éléments, le vent, la houle et les courants, qui échappent à toute forme de contrôle. Et ce sont des engins qui ont été conçus à l'origine pour des eaux calmes, or cette fois ils vont devoir affronter des vagues et côtoyer des baleines.

The Crossing se courra en partie de nuit et ne s'annonce donc pas comme une aventure sans danger…

Lorsque je me fixe un objectif, je fonce. Je m'entraîne depuis plusieurs semaines à Calvi, à raison de plusieurs heures par jour. Mon époux, le prince Albert, est, comme moi, un ancien athlète olympique. S'il accompagne et encourage ce type de projet, c'est aussi parce que le courage, la ténacité et le sens du dépassement de soi font partie intégrante de sa personnalité.

Le prince participera-t-il à la traversée?

Il ne prendra pas part au relais, mais il sera là pour me soutenir, à bord d'un bateau. Albert est enthousiasmé par le projet, mais il s’inquiète aussi pour moi. Je suis une maman, j'ai des devoirs envers mon pays, j'ai parfaitement conscience du caractère un peu… hors norme de cette aventure. Mais toutes les conditions de sécurité seront réunies. Les athlètes seront escortés par des équipes à bord de catamarans. Les entraînements récents ont également permis de tester la solidité et la fiabilité des water bikes –dans les semaines qui viennent, nous allons travailler sur leur stabilité et leur équipement, les éclairages de nuit notamment. Cette traversée est un challenge, mais nous sommes déterminés à la mener à bien. Dans ma famille, on est animé par un fort esprit de compétition. En tant qu'athlète, j'ai été entraînée à battre des records du monde, et c'est le genre de chose qui reste ancré en vous pour toujours. Même si je dois sauter à l'eau et terminer à la nage, j'irai jusqu'au bout.

Vous avez choisi Calvi comme ville de départ. Quelle place la Corse tient-elle dans votre vie, dans votre cœur?

Monaco a des liens très forts et très anciens avec la Corse, et The Crossing va contribuer à les perpétuer. Pour moi, tout cela a une cohérence, un sens. La principauté et l'île partagent de nombreuses valeurs, une conscience aiguë de la nécessité de préserver l'environnement, par exemple, cause qui nous est très chère, au prince Albert et à moi. J'ai longtemps pensé qu'il n'y avait pas plus beau pays au monde que l'Afrique du Sud, mais au fil de mes séjours, je me suis rendu compte que la Corse avait beaucoup de points communs avec le pays où j'ai grandi. Les paysages y sont d'une beauté à couper le souffle, la nature merveilleuse. Je suis également très sensible à l'âme de ses habitants. Les gens ici sont chaleureux, ouverts et droits, ce que j'apprécie.

Souhaitez-vous que l'île devienne pour vos enfants, le prince Jacques et la princesse Gabriella, une terre de découverte, de ressourcement?

Pour moi, la famille est la première des écoles et la nature un milieu éducatif en soi. Je pense qu'ici, en Corse, les enfants ressentent une grande liberté. Ils ont la possibilité d'y vivre une expérience unique, au contact des éléments, de la faune et de la flore, du cycle de la nature tel qu'il s'offre à nous, littéralement sur le pas de notre porte. Lorsque j'étais enfant, le quotidien et le rythme de vie en Afrique du  Sud étaient très différents –l'été, par exemple, à 18 ou 19 heures le soleil était déjà couché. Jacques et Gabriella ont de l'énergie à revendre, comme tous les enfants ils sont heureux de pouvoir profiter de sa lumière jusqu'à une heure avancée.

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Partagez-vous les souvenirs de votre enfance avec eux?

J'essaie, oui, mais il y a si peu de comparaisons possibles avec ce qu'ils vivent. Jacques et Gabriella ont tant d'opportunités qui s'offrent à eux. Ils parcourent le monde depuis qu’ils sont nés, ils ont déjà été en contact avec de nombreuses cultures, autour d'eux tout a toujours été source d'apprentissage, d'épanouissement. Chaque jour passé à leurs côtés est passionnant.

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