Stéphanie et Guillaume de Luxembourg: "Ce bébé, c’était notre secret à tous les deux"

Un mois après l’annonce officielle de la grossesse de la grande-duchesse héritière, les futurs parents ont reçu Point de Vue chez eux, dans ce château de Fischbach où ont grandi plusieurs générations de princes et de grands-ducs de Luxembourg. Le temps d’un entretien exclusif, débordant de joie et d’émotion.

Par Antoine Michelland - 31 janvier 2020, 07h47

 La grande-duchesse héritière et le grand-duc héritier dans les jardins de Fischbach, le château où ils ont emménagé à l’automne 2019.
La grande-duchesse héritière et le grand-duc héritier dans les jardins de Fischbach, le château où ils ont emménagé à l’automne 2019. © Julio Piatti

Madame, Monseigneur, quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris cette grande nouvelle?

Guillaume de Luxembourg: Cela a été un hurlement de joie!

Stéphanie de Luxembourg: C’est surtout toi qui as hurlé.

G. d. L.: Oui, je l’avoue. Mais toi aussi. Nous attendions ce moment depuis longtemps.

S. d. L.: Nous étions tous les deux à la maison, ici, à Fischbach. Je lui ai dit: "Devine quoi?" 

G. d. L.: J’ai répondu: "Non?" J’ai deviné tout de suite, dès qu’elle est rentrée, je l’ai su, à son regard.

Madame, comment se passe votre grossesse?

S. d. L.: Merveilleusement bien, le bébé bouge sans arrêt. J’ai commencé à aménager mon emploi du temps. Je suis assez calme et je n’effectue plus beaucoup de déplacements à l’étranger, plus du tout en dehors de l’Europe en tout cas.

G. d. L.: Donc, la prochaine mission économique, je la ferai seul, ce qui est tout à fait normal.

Guillaume et Stéphanie savourent ce temps où ils vivent à l’écoute de l’enfant à naître. La grande-duchesse héritière mène une vie calme au château de Fischbach et continue ses activités officielles en les limitant essentiellement au Luxembourg. "C’est le bébé qui dicte l’agenda." © Julio Piatti

Quand avez-vous prévenu le grand-duc et la grande-duchesse?

G. d. L.: Nous avons attendu les trois mois, c’était notre secret à tous les deux. Et puis je l’ai annoncé d’abord à ma famille proche et puis assez vite à tous les oncles et tantes, cousins… Et toi pareil, en fait.

S. d. L.: Garder ce bonheur pour nous pendant trois mois, ce temps suspendu, c’était chouette, quelque chose de plus que nous partagions ensemble, avec le bébé qui faisait déjà partie de la famille restreinte, qui était notre passager clandestin.

Et les réactions de vos parents, Monseigneur?

G. d. L.: Nous les avons pris par surprise. Je ne crois pas qu’ils s’y attendaient. En tout cas, pas à ce moment-là. Le mot euphorie n’est pas trop fort. Ma mère avait les larmes aux yeux. C’était la joie pour nous, aussi un soulagement, ces deux sentiments mêlés, qui ont fait que mon père et ma mère étaient aux petits soins, me disant: "Maintenant il faut que tu t’occupes de Stéphanie, tu dois bien la protéger." C’était vraiment très touchant. Et mes frères et sœur étaient ici aussi pour nous entourer. Nous les avions tous invités à dîner avec mes parents sous prétexte de leur montrer les nouveaux aménagements que nous avions réalisés à Fischbach.

S. d. L.: Une pendaison de crémaillère familiale, en somme.

G. d. L.: Cela a marché pour certains, mais mon frère Félix n’y a pas cru une seconde.

S. d. L.: De mon côté, je n’ai pas réussi à rassembler tout le monde dans la même pièce en même temps. Nous sommes plus nombreux. À certains, j’ai pu le dire de vive voix, à d’autres au téléphone, mais tous ont manifesté la même euphorie que mes beaux-parents et mes beaux-frères et belle-sœur. J’ai pu prévenir chacun séparément, personnellement.

Et comment se sont déroulées les vacances de Noël, en Suisse, les dernières que vous aurez passées sans enfant?

G. d. L.: Tout le monde voulait savoir comment ça allait. Autour de la table du petit déjeuner, ils nous demandaient si le bébé avait bougé la nuit, etc… Nous avons passé cette dernière Nativité en nous imaginant un an plus tard, quand tous ces neveux et nièces du côté de Stéphanie et de mon côté auraient un petit cousin ou une petite cousine en plus. C’était un beau Noël. Avec tous nos frères et sœurs assemblés, ce qui est très rare.

S. d. L.: C’est même la première fois depuis que nous sommes mariés que les fratries sont au complet à Noël. Un très beau clin d’œil de la Providence.

L’une des deux photos officielles diffusées vendredi 6 décembre 2019 par le palais grand-ducal, à l’occasion de l’annonce de la grossesse de Stéphanie de Luxembourg. © COUR GRAND-DUCALE/MARION DESSARD

Quels souvenirs gardez-vous de cette année à Londres?

G. d. L.: En ce qui me concerne, ma formation au Royal College of Defence Studies dépassait largement le strict cadre militaire. Nous étions plongés dans des domaines aussi variés que la géopolitique, les affaires étrangères, le management, et cela pas seulement avec des officiers, mais aussi avec des diplomates, des acteurs du secteur privé. Et cette expérience a été pour moi très enrichissante, elle m’a ouvert les yeux sur de nombreux pays, leur mentalité, leur culture… D’autant que nous étions un groupe très international, à 70% composé de non-Britanniques, ce qui offrait des perspectives, un spectre très large de ce qui se passe dans le monde. Et puis, nous avons pu vivre là-bas une année juste à deux, une année à la fois passionnante et merveilleuse et maintenant que nous sommes rentrés au Luxembourg, la vie commence à trois.

S. d. L.: J’ai bénéficié quant à moi de cours extraordinaires sur l’art, qui m’offrent une nouvelle perception et vont m’aider à m’engager avec encore plus de passion et de connaissances au service de l’artisanat d’art luxembourgeois. C’est une occasion unique et une chance immense d’avoir pu ainsi consacrer une année entière à un sujet particulier. Le week-end, nous allions beaucoup au musée, voir des expositions, Londres est une ville monde, rayonnante et foisonnante. Nous profitions aussi beaucoup de la campagne anglaise. Une vie tout à fait normale. C’était la première fois que nous habitions tous les deux dans une ville autre que Luxembourg.

Stéphanie et Guillaume de Luxembourg ont ouvert les portes de leur résidence privée à Point de Vue. La seigneurie de Fischbach remonte au XIe siècle, le château actuel au XVIIe et il est entré dans la famille grand-ducale au XIXe . Le grand-duc héritier y a passé les quinze premières années de sa vie. © Julio Piatti

Vous, Monseigneur, quels souvenirs d’enfance gardez-vous de ce château de Fischbach, ici, où vous avez grandi?

G. d. L.: C’est la maison de famille par excellence. Cela a toujours été un lieu d’accueil et de rassemblement. De retrouvailles. Un endroit heureux. Mon arrière-grand-mère, la grande-duchesse Charlotte, avait une passion pour Fischbach, c’est d’ailleurs elle qui a donné son âme à cette demeure. Mes parents aussi, qui ont passé ici les premières années de leur mariage et ont adoré. Mon grand-père et ma grand-mère y ont passé leurs dernières années. Chaque génération a laissé son empreinte, que ce soit dans le jardin ou dans la maison proprement dite. Pour ma part, j’ai grandi ici jusqu’à l’âge de 15 ans et les forêts d’alentour n’ont plus de secrets pour moi. C’est un endroit magique pour un enfant.

Un lieu où l’on sent que les enfants sont rois…

G. d. L.: Oui, il y a toujours la salle de jeux au rez-dechaussée et la petite cabane dans les bois. Et plein de coins secrets. C’est vous dire que je vais me faire une joie de montrer tout cela à notre enfant. Et peut-être même ce qu’il ne faut pas faire.

S. d. L.: On verra ça, heureusement, il aura une mère aussi, pour veiller au grain!

G. d. L.: Il y a un beau souvenir aussi que j’ai ici avec mon père. Il aimait beaucoup nous emmener en forêt, sur les chemins. Il nous faisait cuire des marrons et nous racontait des histoires de contes de fées de son invention. Tradition de papa. Et il finissait toujours en nous disant, "la suite au prochain épisode". C’était fantastique. Il l’a fait pour chacun de mes frères et sœur. Un peu comme un rite.

Petit thé à deux au coin du feu, un moment tendre et paisible, idéal pour réfléchir au prénom de l’enfant à naître. © Julio Piatti

Vous avez attendu longtemps la joie d’être parents. Que vous a apporté cette attente? En quoi vous a-t-elle enrichis?

S. d. L.: En tant que couple, nous avons passé beaucoup de temps à deux. Nous travaillons ensemble, nous allons le faire toute notre vie, je trouve très enrichissant d’avoir pu nous construire ainsi toutes ces années. Être à trois, tout le monde le dit, et ce doit être vrai, change beaucoup les choses. Les parents ont moins de temps pour eux, pour parler, pour grandir aussi ensemble en tant que couple. Nous, c’est un travail qui est fait, qui est acquis et on ne pourra pas nous l’enlever. C’est précieux.

Quelle conscience de la parentalité vous a donné cette attente?

S. d. L.: C’est difficile à dire, j’ignore comment nous aurions été si nous l’avions été plus tôt. Ce qui est sûr, c’est que nous réalisons pleinement ce qui nous arrive.

G. d. L.: L’attente d’un enfant est toujours une joie, et là encore davantage, car c’est une joie qui succède à une période d’attente. C’est beau, car de plus en plus de gens commencent à nous parler de leur propre expérience et nous découvrons beaucoup de couples qui ont, eux aussi, dû attendre longtemps. Une sorte de complicité se crée. Le jour de l’annonce était l’un des moments les plus émouvants que j’ai vécus ici, au Luxembourg. Nous avons senti tout à coup une joie profonde dans toute la population. Même ceux qui adhèrent moins à la monarchie étaient heureux pour nous.

S. d. L.: Un bébé, c’est une joie universelle, c’est une lumière qui rassemble.

G. d. L.: Oui, et c’est vraiment ce que nous avons ressenti. Nous avons eu la chance d’aller au marché de Noël quelques jours plus tard, et là les gens nous arrêtaient, nous félicitaient. Comme si les barrières institutionnelles qui peuvent parfois exister étaient toutes tombées.

LIRE AUSSI >> Stéphanie de Luxembourg enceinte: "C'est une immense joie"

Comment vous préparez-vous à cette naissance?

S. d. L.: Un peu comme tout le monde. Nous regardons les pyjamas et les poussettes.

G. d. L.: J’accompagne mon épouse.

S. d .L.: Je l’ai forcé. Non, je n’ai pas eu à le forcer trop longtemps.

G. d. L.: Pas...

Connectez-vous pour lire la suite

Profitez gratuitement d'un nombre limité d'articles premium et d'une sélection de newsletters

Continuer

Ou débloquez l'intégralité des contenus Point de Vue

Pourquoi cet article est-il réservé aux abonnés ?

Adélaïde de Clermont-Tonnerre

Un journalisme d’excellence, des contenus exclusifs, telle est la mission de Point de Vue. Chaque article que nous produisons est le fruit d’un travail méticuleux, d’une passion pour l’investigation et d’une volonté de vous apporter des perspectives uniques sur le monde et ses personnalités influentes. Source d’inspiration, notre magazine vous permet de rêver, de vous évader, de vous cultiver grâce à une équipe d’experts et de passionnés, soucieux de porter haut les couleurs de ce magazine qui a fêté ses 80 ans. Votre abonnement, votre confiance, nous permet de continuer cette quête d’excellence, d’envoyer nos journalistes sur le terrain, à la recherche des reportages et des exclusivités qui font la différence tout en garantissant l’indépendance et la qualité de nos écrits. En choisissant de nous rejoindre, vous entrez dans le cercle des amis de Point de Vue et nous vous en remercions. Plus que jamais nous avons à cœur de vous informer avec élégance et rigueur.

Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

Bébé royal Petits princes

Personnalités liées

Dans la même catégorie

Abonnez-vous pour recevoir le magazine chez vous et un accès illimité aux contenus numériques

  • Le magazine papier livré chez vous
  • Un accès illimité à l’intégralité des contenus numériques
  • Des contenus exclusifs
Voir les offres d’abonnement