En pleine forme et souriante ! À Ibeas de Juarros, près de Burgos dans le nord de l’Espagne, la reine Sophie s’apprête à participer à une réunion de la fondation Atapuerca, dont elle est la présidente d’honneur. L’institution, qui tient son nom d’un site préhistorique situé à quelques kilomètres de là, mène de nombreuses recherches sur l’évolution de l’Homme. Quand elle prend part au débat des experts invités, l’ancienne souveraine fait encore une fois preuve d’un professionnalisme inaltérable.

La réunion coïncide avec la diffusion sur toutes les plateformes du troisième épisode du podcast Corinna y el rey. Ce feuilleton sulfureux sur l’histoire d’amour de Juan Carlos Ier et de Corinna Larsen – disponible aussi en anglais sous le titre Corinna and the King – fait un malheur depuis trois semaines, mais Sophie d’Espagne continue d’honorer ses nombreux engagements et affiche une mine radieuse à chacune de ses apparitions.

La veille, le 13 novembre 2022, la reine émérite a même fait l’objet d’un hommage appuyé de ses concitoyens en revenant de Charm-el-Cheikh, en Égypte, après avoir participé à la COP27. À bord du vol la ramenant à Madrid, elle a en effet reçu des applaudissements de voyageurs espagnols qui l’ont reconnue dès son arrivée dans l’avion. L’instant a non seulement été filmé mais la vidéo – "de cette reine qui ne fait pas ses déplacements en jet privé", soulignent de nombreux journaux espagnols – est en outre devenue virale. Elle rend dès lors impensable ce "visage d’orage" évoqué par l’ancienne maîtresse du roi Juan Carlos dans le troisième épisode du podcast, intitulé "Envidia : la Reina Sofia, Arabia Saudi y una propuesta sorpresa" ("Jalousie : la reine Sophie, l’Arabie saoudite et une proposition surprise").

Toujours au centre du programme, Corinna Larsen raconte cette fois que la reine d’Espagne l’a foudroyée du regard le soir de leur première rencontre à la Zarzuela, en 2006. L’événement est alors fortuit. Le roi a insisté pour que sa maîtresse le rejoigne au palais, où il prétend vivre séparé de son épouse. "Il me parlait toujours des portraits de moi et de mes enfants qui ornaient sa chambre. Je pense qu’il voulait me montrer qu’il disait la vérité." La visite tourne court lorsque Sophie apparaît menaçante au détour d’un salon, fixant Corinna du regard et lui disant : "Je sais qui vous êtes." L’invitée se dit d’autant plus gênée que son amant "semblait déconcerté et incapable de réagir à cette agression. C’était assez désagréable".
D’évidence, pour Corinna, la reine a compris que ce qui la liait alors à Juan Carlos n’avait rien de futile. Même si le roi a toujours été un grand séducteur. Et Mishel Prada, la voix du podcast, d’égrener ce qui fait perdre la tête à l’ancien souverain : les blondes aux jambes interminables, les petites brunes, les jeunes, les femmes mûres… Vaste programme. Corinna n’a qu’un mot pour qualifier cet inventaire à la Prévert, "elles étaient des accessoires. L’objet de ses fantaisies ou de ses passions". Parmi ces maîtresses de passage sont citées l’actrice Barbara Rey – qui aurait reçu de l’argent en échange de son silence à la fin de sa liaison royale –, la photographe Queca Campillo ou encore l’actrice Sandra Mazoroski, décédée accidentellement à l’âge de 18 ans alors qu’elle était enceinte.

Corinna, de son point de vue, n’a rien à voir avec ces amourettes. Elle pense former avec le roi "un couple de pouvoir". De quoi inquiéter la reine, selon elle. "Il ne faut pas oublier que je suis en très bons termes avec de nombreux chefs d’État, des ministres importants et de sérieux acteurs des marchés financiers, du monde des affaires, de l’art et de la culture. Je mets beaucoup sur la table et je l’ai toujours fait dans mes relations."
Une vengeance de Sophie d'Espagne ?
Cela lui vaut à l’époque d’accompagner le roi lors d’une visite officielle à Riyad, en Arabie saoudite. Le royaume d’Abdallah ben Abdel Aziz vient de lancer un appel d’offres pour la construction d’une ligne de TGV entre La Mecque et Médine. Contre toute attente, la reine Sophie d’Espagne décide aussi de participer à ce voyage de trois jours. La maîtresse de Juan Carlos, évincée, n’a plus qu’à faire le déplacement avec le reste de la délégation espagnole. Dès lors, Corinna Larsen est persuadée que sa rivale cherche à lui nuire, la faire passer pour "une voleuse de mari". Son fils n’est plus invité chez ses camarades de classe, à Londres. Dans le quatrième épisode du podcast, Corinna confie même que, pour elle, les photos diffusées par la presse espagnole après le désastreux safari au Botswana sont un acte de la reine Sophie.

L’affaire éclate en 2012. La femme d’affaires n’est plus en couple avec le roi, mais elle entretient d’excellentes relations avec lui, d’autant qu’il reste très attaché à son fils, Alexander Zu Sayn-Wittgenstein. Et la jalousie de Sophie atteindrait son paroxysme lorsque, pour l’anniversaire de l’enfant, Juan Carlos organise cette chasse à l’éléphant. Si le quatrième épisode de Corinna y el Rey s’achève sur cette version des faits, il met aussi en exergue un avertissement de Philip Adkins, le premier mari de la femme d’affaires. Son nom revenant à plusieurs reprises dans ce récit, notamment au sujet du voyage au Botswana, il a été sollicité par les journalistes Bradley Hope et Tom Wright, producteurs du podcast. Selon lui, toutes les anecdotes confiées par son ex-femme seraient complètement fausses ou presque et, pire, Corinna Larsen serait un "personnage dangereux et instable".
En Espagne, le documentaire suscite toujours autant d’intérêt. Le journal El Pais reconnaît même la force addictive de ce programme, digne d’un The Crown. Reste à savoir si ses auditeurs, toujours plus nombreux, sont les mêmes que ceux qui plébiscitent la reine Sophie, personnage phare des épisodes trois et quatre.
Ce 22 novembre, au Théâtre royal de Madrid, la reine Sophie a reçu en tout cas un accueil extraordinaire à la remise des prix BMW pour l’art. Arrivée en compagnie de sa sœur Irène de Grèce, elle arbore une tenue moirée de couleur pourpre et un collier de perles à deux rangs. Par son sourire, du début à la fin de l’événement, elle se montre plus proche que jamais de ses compatriotes. Qui lui réservent force ovations et acclamations. Si les...
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