Lunettes de soleil et chapeau sur la tête, elle contemple l’horizon. Ses yeux se perdent dans ce décor digne d’une carte postale. Les rayons du soleil font scintiller l’eau tandis que le mercure atteint facilement les 30 degrés. Un contraste saisissant avec la météo automnale de Copenhague où elle se trouvait 24 heures plus tôt. En ce 2 octobre 2024, la reine Mary de Danemark commence sa visite officielle de quatre jours au Brésil. Sa première, en solo et à l’étranger, depuis son accession au trône en janvier dernier. Pour son retour dans le plus grand pays d’Amérique du Sud - elle s’y est déjà rendue en 2012 et 2016 -, elle fait d’abord étape à Manaus, dans le nord-ouest du Brésil.
S'informer sur les combats quotidiens de l'Amazonas
Pour découvrir l’État d’Amazonas, rien de mieux qu’une balade sur l’Amazone. À l’avant du bateau, l’épouse du roi Frederik X savoure sa chance de naviguer ainsi sur le plus long fleuve de la planète. Jusqu’à présent, elle n’avait jamais vécu une telle expérience. Mary de Danemark aperçoit d'ailleurs des dauphins roses qui font partie des "animaux symboles de l’Amazonie brésilienne", indique le site de VisitBrasil. Ces mammifères d’eau douce s’aventurent près de l’embarcation, comme pour lui souhaiter la bienvenue. L’objectif de cette excursion est avant tout d’informer la reine sur "les défis de la région et les solutions possibles en matière de lutte contre la criminalité environnementale", souligne la Cour. Un combat quotidien dans cette région du pays.


La reine est ensuite attendue au Musée de l’Amazonie de Manaus où elle rencontre le directeur général des lieux, l’archéologue italien Filippo Stampanoni, en poste depuis janvier dernier. Comme le rappelle le palais d’Amalienborg, le MUSA est situé "dans une zone de 100 hectares de la réserve forestière Adolpho Ducke, une zone de forêt sèche originale de la forêt amazonienne". En compagnie de son guide, Mary de Danemark gravit les 242 marches d’une tour d’observation.

Perchée à 42 mètres de haut, elle observe la vaste étendue verte. Ici et là, des panaches de fumée s’échappent dans le ciel, preuves de l’exploitation forestière illégale. "Où sont les feux les plus près ? Nous voyons de la fumée", interroge la reine. "C’est de l’autre côté", répond Filippo Stampanoni en guidant Mary vers un autre côté de la plateforme. "Il n’y a pas tant de fumée que cela aujourd’hui", précise le directeur général du MUSA. "Vous avez eu un peu de pluie hier", déclare son invitée. "Oui, exactement ! Mais normalement, vous pouvez apercevoir de nombreux feux", ajoute Filippo Stampanoni.

Le soir venu, Mary de Danemark a rendez-vous au Teatro Amazonas de Manaus. À son arrivée aux abords de l’imposant bâtiment inauguré le 31 décembre 1896, elle est reçue par le gouverneur de l’Amazonas, Wilson Lima. La façade du théâtre s’est illuminée de rouge et blanc en hommage au Dannebrog, le drapeau danois. Mary, elle, fait honneur à son pays hôte avec sa jupe verte et sa pochette jaune. "Jusqu’à quand êtes-vous là ?", s’enquiert Wilson Lima. "Nous repartons dimanche", lui répond la reine en gravissant l’escalier qui mène au Teatro Amazonas.

Si sa visite s’achève officiellement ce samedi, la belle-fille de la reine Margrethe bénéficiera d’un peu de temps pour elle avant de rentrer à Copenhague. Devant l’entrée, plusieurs dizaines de personnes sont rassemblées derrière des barrières. Smartphone à la main, elles veulent à tout prix immortaliser la venue de Mary dans leur ville. Ce n’est pas tous les jours qu’une telle occasion se présente ! En passant à leur hauteur, l’épouse de Frederik X ne manque pas de les saluer. Des deux côtés de l’Atlantique, ses admirateurs répondent présents.

La reine danoise ne peut retenir un "oh !" d’émerveillement en recevant, des mains de Wilson Lima, une version miniature du théâtre. En retour, elle offre au gouverneur un pichet du designer Georg Jensen, "un cadeau très danois", s’empresse de souligner Mary. Puis vient l’heure pour eux de gagner leur loge et de découvrir le spectacle Estorias que meu pai contou (Histoires que mon père contait, en français, ndr), une pièce qui met notamment à l’honneur les personnes âgées et l’histoire culturelle de la région amazonienne. De quoi terminer en beauté cette première journée.
eltwATEQEB.jpg)
Des lamantins aux fourmis
Le lendemain, 3 octobre, Mary de Danemark se rend à l’Institut national de recherche sur la forêt amazonienne à Manaus. Une nouvelle expérience inédite l’y attend. Dans un petit bassin, deux lamantins de six mois et bientôt un an attendent avec impatience de prendre leur repas. C’est à la reine qu’est confiée cette mission. Armée d’un biberon, elle nourrit l’un des deux mammifères. "Je dois le tenir un peu plus fermement", déclare Mary. "L’autre est en train de le pousser", ajoute-t-elle, visiblement amusée. Elle passe le relai quelques instants et en profite pour caresser la tête de l’animal, tout en écoutant les explications de ses accompagnateurs. "Ils avaient faim non ?", lance la reine. Les lamantins rassasiés, ils peuvent retourner jouer.

La belle-fille de Margrethe de Danemark se déplace ensuite au Centre de bioéconomie qui a vu le jour voici 22 ans. "Il vise à promouvoir le développement durable dans la région amazonienne", rappelle le palais d’Amalienborg. De son côté, le magazine danois Billed-Bladet explique que la reine Mary a "vu et entendu plusieurs exemples de la manière dont l'utilisation innovante et durable des produits de la forêt peut créer des opportunités d'exportation et d'affaires pour la population locale".

À l’heure du mi-journée, c’est un déjeuner pas comme les autres que s’apprête à déguster Mary. Direction le restaurant Biatuwi de Manaus qui est le premier établissement du Brésil spécialisé dans la nourriture indigène. En regardant les petites coupelles posées devant elle, la reine s’interroge. Souffrant de presbytie, elle ne parvient pas à distinguer correctement les aliments. On lui tend alors un téléphone avec une photo de son entrée. Quelle n’est donc pas sa surprise de découvrir qu’il s’agit… de fourmis ! Mary ne manquera pas d’immortaliser son déjeuner pour le moins inhabituel et le partager à ses proches.

La suite de la visite de la reine se poursuit, ces 4 et 5 octobre, à Brasilia, la capitale fédérale. Au programme notamment une rencontre avec le président Lula, un dîner sur l’égalité des sexes avec le Fonds des Nations unies sur la population dont Mary est la marraine et une visite du jardin botanique de la ville avec le Programme des Nations unies pour l’environnement qu’elle parraine également.