Ils sont au centre des regards, mais n’ont d’yeux que l’un pour l’autre. La princesse héritière Mary s’approche de son mari, un doux sourire aux lèvres, presque timide, après la vibrante déclaration d’amour qu’elle vient de lui adresser devant un parterre de plus de 300 invités.
Sous les applaudissements, le prince héritier Frederik l’embrasse tendrement et lui chuchote quelques mots à l’oreille. Il a été si ému durant son discours. Il a tant ri aussi! Complicité éclatante pour ce couple marié depuis 2004, heureux parents de quatre enfants, futurs souverains de Danemark.
Frederik a été célébré par un gala donné au château de Christiansborg
À 50 ans, le premier fils de la reine Margrethe est un homme comblé. En cette belle soirée du 26 mai, le soleil livrant ses derniers feux sur la ville de Copenhague pavoisée en son honneur, il célèbre en beauté son jour anniversaire par un gala donné au château de Christiansborg.
Le Grand Hall, aux tables rondes délicatement décorées de chandeliers et de bouquets de roses fuchsia et orangées, reçoit pour l’occasion de prestigieux convives. Poignées de main vigoureuses, révérences appuyées ou embrassades chaleureuses, le couple héritier et la reine Margrethe les accueillent un par un dans l’antichambre de Velours.
À l’entrée de la salle du banquet, certains couples échangent un baiser furtif avant de rejoindre leurs tables respectives. Tous découvrent leur nom sur les cartons placés sur leur coupe de champagne, dans un joyeux brouhaha à peine couvert par les répétitions, depuis la loge, de l’orchestre de la garde royale. Le silence se fait soudain. Le chambellan ferme les portes et, par l’entrebâillement, guette l’arrivée des souverains.
Un véritable défilé de têtes couronnées commence
Les trompettes retentissent. Précédés par le maître chambellan Michael Ehrenreich, le roi de Suède Carl XVI Gustaf et son épouse la reine Silvia font leur entrée. Elle est coiffée du diadème de diamants et rubis offert en 1905 par Édouard VII, pour les noces de sa nièce Margaret de Connaught avec le futur roi Gustaf VI Adolf de Suède. La princesse héritière Victoria, qui arbore sa tiare favorite en aiguilles de diamants provenant de son arrière-grand-mère la reine Victoria, et son époux, le prince Daniel, ferment le cortège.
D’autres altesses, venues en compagnie de leurs royaux ou princiers époux, portent leurs plus belles parures. Diadème Chaumet ceint de perles pour la grande-duchesse Maria Teresa de Luxembourg, couronne de lauriers en diamants et broche à pampilles héritée de la reine Fabiola pour Mathilde de Belgique, bandeau de diamants pour Maxima des Pays-Bas, et bandeau à motif de marguerite –celui qu’elle portait à son mariage– pour Mette-Marit, la princesse héritière de Norvège.
Les joyaux brillent de mille feux sous les lustres en cristal de Venise, et les robes aux couleurs vives s’accordent aux tons chatoyants des tapisseries contemporaines retraçant aux murs 1.000 ans d’histoire danoise.
La reine Maxima des Pays-Bas prend place au côté du prince héritier Haakon de Norvège et se retourne pour sourire à son époux le roi Willem Alexander. Il est à la table voisine en compagnie de Silvia de Suède, Mette-Marit de Norvège et Henri de Luxembourg.
Le frère du prince Frederik, Joachim de Danemark, et son épouse Marie, ravissante dans une robe bleu roi, le diadème floral de la princesse Dagmar dans ses cheveux, font à leur tour leur entrée suivis des soeurs de la souveraine, la princesse Benedikte et la reine Anne-Marie de Grèce accompagnée de son époux le roi Constantin.
Devant ses invités, la reine Margrethe a rendu un vibrant hommage à son fils
Sous les airs symphoniques de l’orchestre, Frederik de Danemark et son épouse apparaissent enfin, précédés de la reine Margrethe, éclatante dans une robe rose orangé, brodée de motifs floraux. Ils sont assortis aux 17 espèces de fleurs composant son diadème "Naasut" en or et diamants, une création contemporaine offerte par le gouvernement groenlandais en 2012 pour le 40e anniversaire de son règne.
Avant de s’asseoir, le prince héritier repousse galamment la chaise de sa compagne de droite, Mathilde de Belgique, et engage avec elle une conversation aussi chaleureuse que descriptive, ses gestes illustrant son propos.
Sa mère Margrethe II, à sa gauche, échange quelques mots avec le roi Carl XVI Gustaf de Suède avant de rejoindre, sous les applaudissements, un pupitre placé au centre des tables. "Tu es, comme on dit, au milieu de ta vie, s’adresse t-elle à son fils. Tu as déjà tant accompli, et durant ces derniers jours, tu as mesuré combien le Danemark te soutient et apprécie ton travail. Tu apportes de l’énergie et de l’enthousiasme à tout ce que tu fais et cela a un impact où que tu ailles. Ta grand-mère aurait été fière de toi. J’aurais tant aimé que ton père soit présent pour fêter tes 50 ans, car il était aussi fier de toi que je peux l’être. Lui aussi a vu combien tu as développé tes talents, année après année. Quand tu as rencontré Mary, une nouvelle vie a commencé. Vous étiez deux, puis trois, puis quatre –et enfin six!"
L’assistance rit à ces mots évoquant l’arrivée dans la famille du couple princier des jumeaux Vincent et Josephine, âgés aujourd’hui de 7 ans. "Levons nos verres, reprend-elle, et accompagnez-moi pour porter neuf toasts au prince héritier Frederik." "Hourra!", scande-t-elle alors, appuyant d’un geste du bras la formule reprise en coeur. Emporté par l’enthousiasme, l’un des invités lance un dixième "hourra". Amusé, le prince héritier lève sa coupe de champagne dans sa direction.
Les 50 ans du futur roi ont donné lieu à une fête populaire dans tout le pays
Plus tôt dans la journée, à midi, c’est une foule réunie sur la place du palais d’Amalienborg qui s’est associée à la reine dans ce cri de joie. À neuf reprises, comme traditionnellement, pour le plus grand plaisir de sa petite-fille Isabella, 11 ans, qui esquissait comme sa grand-mère son fameux mouvement du bras.
Les applaudissements fusent, les drapeaux danois claquent dans l’air. La célébration populaire est telle que le prince réapparaîtra quatre fois, comme une rock star pour d’ultimes rappels, lui le grand amoureux de musique, joueur d’harmonica à ses heures. La foule se met alors à chanter en anglais, "Happy Birthday", puis reprend la version danoise personnalisée "I dag er det Frederiks fødselsdag". Karen et ses sept amies, la quarantaine, sont venues des environs de Copenhague.
Couronnes de princesse sur la tête et coupes en plastique rose remplies de champagne, elles n’auraient manqué pour rien au monde l’anniversaire de Frederik, dont elles sont littéralement fans. "Il est tellement cool, s’enthousiasme Karen. C’est un prince moderne!" Pour Pernille et ses deux enfants, –deux heures de bus à leur actif pour "partager ce moment"–, "il était important d’être là pour le célébrer. Nous sommes fiers de notre monarchie", s’exclame-t-elle. "Nous venons d’Odense et nous étions déjà présents lors de la course qu’il y a effectuée".
La Royal Run, le lundi de Pentecôte, fut en effet l’un des temps forts des festivités liées à son 50e anniversaire. Organisée à l’initiative du prince pour sensibiliser aux bienfaits de l’activité physique, elle a rassemblé environ 70.000 personnes dans les cinq plus grandes villes du pays. Sportif devant l’éternel et membre du Comité olympique international, Frederik a donné lui même le départ de la Royal Run à Aalborg, puis se déplaçant en hélicoptère dans les quatre autres villes, a enchaîné les foulées en compagnie de ces compatriotes.
"Je suis si heureuse que nous ayons osé nous aimer pour la vie"
Son épouse Mary, 46 ans, l’avait rejoint à Odense pour chausser ses baskets. En ce soir du 26 mai, la princesse héritière, dans une robe rose poudré, brodée de perles et de sequins, diadème en diamants, rubis et spinelles dans les cheveux, évoque justement pendant son discours la passion de son mari. Anecdotes intimes qui font mouche dans l’assistance.
Car si le prince est enclin à rire et plaisanter, "les deux allant souvent ensemble, tu ris toujours beaucoup à tes propres blagues", s’amuse la princesse en s’adressant à lui, cette dernière ne manque pas non plus d’humour.
"Mon homme, dit-elle, a de multiples facettes, et la vie avec lui n’est jamais ennuyeuse. On ne sait jamais s’il va apparaître en uniforme, en costume, en combinaison de plongée ou en 'Mamil'. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce dernier concept, explique-t-elle, c’est un terme anglais officiellement reconnu par le dictionnaire, désignant une population en pleine croissance 'd’hommes d’âge mûr en Lycra, possédant d’onéreux vélos de course...
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