À 91 ans, Jamshid bin Abdullah vient de voir exaucer son vœu le plus cher: retrouver sa famille. Le dernier sultan de Zanzibar est arrivé le 14 septembre à Mascate, la capitale du Sultanat d'Oman, en provenance du Royaume-Uni où il vivait depuis 56 ans. Deux jours avant son anniversaire, le vieil homme peut enfin vivre en paix après une vie d'exil.
En juillet 1963, il a 34 ans lorsqu'il succède à son père Abdullah bin Khalifa sur le trône de Zanzibar, archipel sous protectorat britannique depuis 1890 mais restée pendant deux siècles une colonie de l'empire omanais. En quelques mois, il arrache l'indépendance de son royaume, proclamée le 10 décembre 1963, mais échoue à contenir la frustration de son peuple. À Zanzibar, carrefour de l’Afrique, de l’Arabie et de l’Inde, les profondes inégalités sociales attisent les tensions ethniques entre communautés arabes et africaines.

En janvier 1964, la situation lui échappe. Jamshid bin Abdullah est déposé. La révolution, d'une violence terrible, contraint la diaspora arabe omanaise à fuir l'île. Un douloureux exode pour des milliers de personnes qui trouvent refuge au Royaume-Uni, en Égypte, aux Émirats arabes unis et en Arabie Saoudite. Le sultan gagne, lui, Oman avec une partie de sa famille avant de finalement rejoindre Londres puis Portsmouth sur la côte sud de l’Angleterre.
L'ancien sultan est de retour à Oman, la terre de ses ancêtres
Ces dernières années, le monarque déchu multiplie les demandes de retour auprès du Sultanat d'Oman. Toutes lui sont refusées, le pouvoir veut se prémunir d'une agitation politique que pourrait provoquer le retour du sultan. "Sa demande de retraite à Oman a été acceptée en raison de son âge avancé, a déclaré au quotidien de Dubaï The National un membre de sa famille qui a souhaité rester anonyme. Il a toujours voulu passer ses derniers jours dans le pays de ses ancêtres, il est heureux de pouvoir le faire."

Sa Majesté Jamshid ben Abdallah Al-Saïd, chevalier de l'ordre de Saint-Michel et Saint-Georges, a rejoint sa sœur, son frère et ses sept enfants qui vivent à Mascate depuis les années 1980. Il n'est pas autorisé à retourner à Zanzibar, archipel tanzanien semi-autonome. Qu'importe, le sultan est aujourd'hui un père, un grand-père et un arrière-grand-père comblé, auprès des siens.