Sur les bancs de la basilique Sainte-Marie-du-Trastevere, d’élégants éventails sont posés à côté du livret du mariage. En ce 5 juillet 2014, la chaleur est presque étouffante dans l’une des plus anciennes églises de la capitale italienne. Quatre cent cinquante invités sont venus de toute l’Europe pour célébrer l’union du prince Amedeo de Belgique, fils de la princesse Astrid et de l’archiduc Lorenz d’Autriche-Este, avec Elisabetta Maria Rosboch von Wolkenstein, surnommée Lili et originaire d’Italie.
La tante de la fiancée est la veuve de "l’Avocatto", Gianni Agnelli, ancien président de Fiat et de la Juventus de Turin. La place devant l’église est fermée au public pour l’occasion. Seule la fontaine en pierre sombre, construite il y a près de deux mille ans, reste accessible aux oiseaux assoiffés. Les arrivées se font en ordre dispersé dans ce quartier haut en couleur. Malgré la température, l’ambiance est à la fois chic et décontractée.
Beaucoup d’invités sont des amis du couple qu'ils ont rencontrés à l'université
À 16h30, l’un des premiers à se présenter est Nicolas de Roumanie, suivi d’Hadrien de Croÿ-Roeulx, témoin du marié, et de Cédric Frère, le petit-fils du baron Albert Frère. Ils rejoignent les garçons d’honneur réunis autour d’une table où des rafraîchissements ont été mis à leur disposition pour patienter. Tous étudient avec attention le déroulement de la cérémonie lorsqu’une voiture s’arrête.
John Elkann, héritier du groupe automobile Fiat, en sort et aide son épouse Lavinia Borromeo à descendre, sous les applaudissements de la foule massée derrière les barrières de protection. S’avançant sur le tapis couleur sable, le couple consacre quelques instants aux photographes, le temps pour l’homme d’affaires italien de lancer un "Allez la Belgique!", référence au match de quart de finale de la Coupe du monde de football entre les Diables rouges et l’Albiceleste d’Argentine, dont le coup d’envoi est prévu une heure plus tard.
Parmi la jeune génération, beaucoup d’invités sont des amis issus de la London School of Economics, de l’université de Columbia et de la Queen Mary University of London qu’ont fréquentées les futurs époux. La veille le père du marié confiait à ce propos: "Ma fille Maria Laura est une amie de Lili. Mon fils a rencontré sa femme par l’intermédiaire de sa soeur: il cohabitait avec Maria Laura à Londres pendant ses études." Et d’ajouter: "J’ai appris la nature des relations entre Lili et Amedeo en Afrique, alors que je faisais un voyage touristique avec mon fils. Je lui expliquais qu’il avait terminé ses études et qu’il devait penser à sa vie future, à trouver quelqu’un… Et il m’a répondu que c’était déjà fait! Je n’étais pas au courant, alors que mon épouse s’en doutait et que mes enfants le savaient. J’ai presque été le dernier de ma famille à être informé", conclut l’archiduc dans un sourire.
Depuis, l’information a circulé dans les cours d’Europe. En témoigne la présence à la basilique de la princesse Marie-Astrid de Luxembourg, de son époux l’archiduc Charles-Louis d’Autriche et de leurs enfants, mais également du prince Philip de Liechtenstein, le frère du prince souverain Hans-Adam, ou encore de Beatrice d’York, venue sans son petit ami, Dave Clark.
La mariée est exquise dans sa robe de soie blanche griffée Valentino
À 17h25, soit une demi-heure après l’horaire annoncé, un convoi de voitures apparaît. La famille de la mariée est suivie par le prince Laurent de Belgique, son épouse Claire et deux de leurs trois enfants, Nicolas et Aymeric. Quant à l’aînée, la petite Louise, enfant d’honneur à l’instar de ses cousines Lætitia et Élisabeth –la princesse héritière–, elle arrivera avec la mariée.
Albert II et Paola de Belgique, précèdent le roi Philippe et la reine Mathilde accompagnés de leurs trois derniers enfants, Gabriel, Emmanuel et Éléonore. Des "Vive le Roi!" s’échappent du public, tandis que le souverain rajuste sa cravate, salue la foule et encourage les bambins un peu intimidés par les photographes.
L’attention se porte rapidement sur l’archiduc Lorenz, marchant au bras de Lilia Rosboch von Wolkenstein, la mère de la mariée. Ils sont rejoints par Amedeo, magnifique, avec sa mère, la princesse Astrid, radieuse dans une robe bleu pâle. L’adorable cohorte des enfants d’honneur, en tenue couleur crème et coiffés d’une couronne de fleurs, tente de trouver sa place sur le tapis.
Exquise de fraîcheur dans sa robe de soie blanche griffée Valentino, la future mariée s’avance, mais sa traîne interminable accroche le tapis et provoque son premier sourire.
Très émue durant la cérémonie, Elisabetta Maria se noie dans le regard d’Amedeo
Sous les plafonds baroques de la basilique, les invités se lèvent pour l’accueillir alors que débute la cantate 147 de Bach. Au bras de son père, Ettorre Rosboch von Wolkenstein, Elisabetta traverse lentement la nef décorée de guirlandes de gui accrochées le long des travées. Face à l’autel en marbre, Ettore efface une larme avant de confier sa fille à Amedeo.
Le cardinal Danneels, archevêque émérite de Bruxelles et fidèle de la famille royale, entame la cérémonie, alternant l’italien et le français avec les autres célébrants. Après la lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens et de l’Évangile selon saint Jean, le cardinal rappelle aux fiancés les responsabilités du mariage devant Dieu et les hommes. Puis il leur demande d’exprimer leurs intentions devant l’Église.
"Elisabetta Maria et Amedeo, est-ce bien ainsi que vous voulez vivre dans le mariage?" Le "Oui" du prince résonne. Celui de sa future épouse est plus doux, mais tout aussi sincère. Le couple échange alors ses consentements: "Moi, Amedeo, je te reçois, Elisabetta Maria, comme épouse, et te promets de te rester fidèle, dans le bonheur et les épreuves, dans la santé et dans la maladie, pour t’aimer tous les jours de ma vie." Très émue, Elisabetta se noie dans le regard d’Amedeo et reprend ses paroles en italien.
À leur gauche, leurs parents ne peuvent s’empêcher de sourire au moment de la remise des alliances. Les paroles des témoins appellent à la paix, notamment au Proche-Orient et en Europe centrale, rappelant que la foi ne peut servir de prétexte pour mener des guerres. Une autre espérance plus prosaïque est délivrée… l’espoir d’une victoire de l’équipe belge de football au Mondial! L’assemblée éclate de rire.
Au moment de la communion, Elisabetta se retourne pour tenter de replacer sa traîne, involontairement malmenée par les pas des prêtres. Juste avant la signature du registre, le cardinal Daneels lit la bénédiction du pape, envoyée deux semaines auparavant.
À la sortie de la basilique, les mariés sont fêtés par une pluie de riz et de pétales de roses blanches. Avant de l’embrasser, Amedeo lève haut la main de son épouse pour clamer sa joie. Puis Elisabetta, devenue archiduchesse, prend le temps d’une chaleureuse accolade avec sa belle-mère et son beau-père. Un dernier sourire, un dernier signe de la main, et les nouveaux époux montent dans une Maserati grise.
Une réception féérique au coeur des jardins de la villa Médicis
Si la destination de leur voyage de noces est un mystère, la villa Médicis, siège mythique de l’Académie de France à Rome, sera le fabuleux décor de leur soirée. Pour la circonstance, les escaliers de ce temple des arts construit au XVIe siècle sont entièrement éclairés à la bougie.
Tandis que le cocktail est servi dans les jardins, les maîtres d’hôtels vérifient déjà que tout est en place pour le dîner, qui se tiendra sur le spectaculaire toit terrasse. Amedeo et Lili, détendus, heureux, reçoivent les félicitations de leurs parents et amis. Le prince s’attarde avec Beatrice d’York, une fidèle qui était déjà présente lors de la fête donnée pour ses 18 ans.
Pour le dîner, la jeune génération est réunie autour d’une immense table, tandis que les aînés sont disséminés en cercles plus intimes. Partout embaument des bouquets de fleurs immaculées. Le menu est placé sous les auspices de l’Italie: raviolis en entrée, poisson et sorbet à la pêche de vigne.
Vient le moment des discours. Les pères d’Amedeo et de Lili se lancent. Ettore Rosboch von Wolkenstein a du mal à affermir sa voix lorsqu’il évoque Lili enfant, si sensible et déjà si belle. N’importe, il est salué par une salve d’applaudissements. Puis les invités descendent vers la Loggia, où attend le...
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