Pour sa visite officielle au Danemark fin février, Kate s’est-elle accordée avec Mary pour les couleurs et coupes qu’elle porterait ? Malgré leurs dix ans d’écart, les deux futures reines sont connues pour avoir des tenues assez analogues dans leurs garde-robes respectives. Toutes deux brunes au teint clair et élancées, elles apprécient les robes manteaux cintrées mi-longues, portées avec des talons aiguilles. Quand elles se retrouvent, l’effet miroir est parfois saisissant.
Pour autant, aucune confidence préalable n’a été échangée entre leurs conseillers diplomatiques. La duchesse de Cambridge et la princesse héritière de Danemark réfléchissent leurs tenues, sans se concerter. Ce jour-là, un manteau blanc pour la belle-fille de Margrethe II, une pelisse gris chiné pour celle du prince de Galles. Distinctes et distinguées.
Des ambassadrices du savoir-faire de leur pays
Variations autour d’un même thème, celui des futures reines consorts du XXIe siècle. Qu’elles soient princesses, ou souveraines, elles représentent leur pays et doivent incarner élégance et féminité. Pour les grandes occasions, elles sont également les ambassadrices du savoir-faire de leur royaume et revêtent les créations des stylistes nationaux. Victoria de Suède porte dès que possible du H&M, la duchesse de Cambridge du Alexander McQueen, Letizia d’Espagne du Balenciaga, parfois twisté avec une pièce du catalogue Zara.
Au quotidien, leurs choix vestimentaires sont guidés par les circonstances : visite d’État, rencontre avec des citoyens, réception officielle, mariage… Si les paillettes sont de mise sur un tapis rouge pour faire rayonner la Couronne, une forme de sobriété est attendue sur le terrain. La destination joue aussi. On ne porte pas de blanc au Japon, on se couvre les épaules et les chevilles dans les pays musulmans, on joue le costume business à New York, le casual chic en vacances… Pour les engagements récurrents, le manteau sur une robe assortie ou le pantalon large sont les atouts maîtres du dressing royal.
Les têtes couronnées se rendent plusieurs fois par an chez leur couturier fétiche. À Bruxelles, Edouard Vermeulen a l’habitude d’accueillir Mathilde de Belgique, Maxima des Pays-Bas ou Stéphanie de Luxembourg dans sa boutique. "Les reines viennent nous voir avec leur agenda des six prochains mois et nous décidons des tenues qu’elles porteront pour telle ou telle visite, selon le pays où elles seront, la saison, ce qu’elles ont porté lors du voyage précédent, si elles prévoient un diadème ou un chapeau. Sans oublier leurs envies", sourit le créateur.
Hormis pour des occasions bien particulières comme la célèbre course d’Ascot, où les dames sont attendues en robe de jour, chapeau, épaules et genoux couverts, il n’existe pas de règlement définitif de l’art royal de se vêtir. Point de convention de Windsor ou Laeken, quant à la longueur des jupes ou la profondeur du décolleté. Si les têtes couronnées portent des robes au-dessous du genou, c’est que la minijupe est démodée ! La seule obligation qu’elles aient est d’être remarquable au sens propre. "Il existe un fil rouge dans la tenue des reines : la capacité à être reconnues, à pouvoir se démarquer au milieu des autres, par une couleur ou une coupe plus franches, tout en suivant la mode, souligne Edouard Vermeulen. Elles portent du contemporain, mais toujours avec une touche d’élégance ou de sophistication en plus".
Parfois, l’équilibre est difficile. Elles doivent incarner une forme de modernité tout en respectant un classicisme d’usage. Letizia d’Espagne, la duchesse de Cambridge, Mary de Danemark ou Victoria de Suède ont mis quelques années avant de trouver leur propre style – adapté à leur morphologie comme à leur personnalité –, et de prendre de l’assurance. Passé ses fiançailles, Kate a notamment adopté les robes bodycon de Reiss, des modèles mi-longs assez près du corps, portés avec des escarpins L.K. Bennett.
La reine Élisabeth a carrément opté pour une "tenue signature" depuis qu’elle a confié son style vestimentaire à Angela Kelly. Voilà près de trente ans que la souveraine porte quasiment les mêmes robes, manteaux et sacs, dans un inépuisable florilège de couleurs. Ce qui la rend reconnaissable entre mille et permet aux bookmakers de lancer des paris sur la couleur qu’elle portera pour la prochaine grande occasion.
L'art du recyclage vestimentaire
Les têtes couronnées donnent aussi l’exemple d’une mode plus durable. Maxima des Pays-Bas a récemment manifesté son souci de la prise en compte du bien-être animal en arborant une jupe verte en cuir vegan. Victoria de Suède affectionne les pièces de la ligne Conscious de H&M, qui fait la part belle aux matières bio ou éco-conçues.
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Princesses et souveraines sont également soucieuses de remettre des vêtements qu’elles ont déjà portés. Letizia d’Espagne le fait depuis longtemps. Elle a même plusieurs fois fait sensation avec des tenues vintage empruntées au vestiaire de sa belle-mère, la reine Sophie, qui les avait portées quelques décennies plus tôt…
Mais le recyclage fashion est un art. "Ce sont surtout les robes et jupes du soir qu’on peut réadapter et transmettre aussi à une autre personne. Cela ne fonctionne pas avec un pantalon ou un manteau qui se démodent plus vite et dont la taille est immuable", décrypte Edouard Vermeulen.
Récemment, le créateur a eu le privilège de se rendre avec la princesse Claire de Belgique dans le dressing de la reine Paola. Laquelle avait décidé de léguer à sa belle-fille une pièce de sa garde-robe pour une prochaine grande occasion. Edouard Vermeulen et Claire ont choisi une très belle jupe brodée, pour laquelle un nouveau haut sera réalisé. Cette tenue, qui...
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