Aux obsèques du prince Philip, le regard de la duchesse de Cambridge dit tout. L’importance de sa place, le maintien acquis au fil des années et la dignité nécessaire pour la circonstance. Une posture qui impressionne pour rendre un dernier hommage au patriarche des Windsor. Au cours de la cérémonie, Kate laisse échapper des larmes furtives pour celui qui fut son modèle.
Même s’ils avaient deux générations d’écart et des origines familiales opposées, l’épouse de William et le grand-père de ce dernier partageaient le même destin. Comme pour lui, le principal devoir de Catherine au sein de l’institution royale est de soutenir son conjoint. Comme lui, elle pense que des compromis sont nécessaires pour un mariage uni. Et comme lui, elle se doit de prouver en permanence sa valeur et sa détermination à remplir son rôle, aucun faux pas n’étant toléré.
L’importance d’être bien préparé à assumer son destin
Conscient par sa propre expérience de la difficulté d’intégrer les codes monarchiques britanniques, le prince Philip allégeait cette exigence permanente de perfection. L’humour, séduction fatale du duc d’Édimbourg, n’y était pas pour rien. Sur le balcon du palais de Buckingham en 2017, à l’occasion du Trooping the Colour, Catherine rit aux éclats en écoutant ses commentaires. Personne ne sait ce qu’ils se sont dit, mais leur attitude naturelle et franche démontre leur proximité, leur confiance mutuelle.
Deux ans auparavant, lors d’une audience au palais, le prince lui confie le patronage des cadets de la Royal Air Force, dont il avait la responsabilité depuis soixante-trois ans. Un geste honorifique important et une nouvelle preuve de son affection à son égard. C’est d’ailleurs au 282e escadron des cadets de la Royal Air Force, à l’est de Londres, que William et Kate réservent leur première sortie officielle après les funérailles.
Le jour de son anniversaire, la reine leur a donné l’autorisation d’honorer son époux. William et Kate ne peuvent qu’être reconnaissants envers le commandant en chef de la partie familiale de la monarchie. Le prince Philip savait l’importance d’être bien préparé à assumer son destin et, au crépuscule de sa vie, comme d’autres, il avait mesuré le parcours réalisé par le duc et la duchesse de Cambridge.
Vivre, simplement
L’image des jeunes mariés sortant de l’abbaye de Westminster est bien loin. À la suite de leurs noces, en avril 2011, ils décident de prendre le temps… de prendre le temps. William et Kate sont conscients des obligations qui les attendent. Pendant quelques années, ils souhaitent vivre, simplement.
Lors d’une enquête publiée par The Sunday Times sur le fils aîné de Charles, plusieurs de ses proches se sont confiés à la journaliste Roya Nikkhah sur cette période. L’un d’eux explique le choix du couple : "Lorsque vous êtes jeunes, si vous ne faites pas attention, le poids du devoir peut vous écraser. Immédiatement après leur mariage, [le duc et la duchesse de Cambridge] avaient une idée précise du rythme auquel ils voulaient faire les choses."
Après que William a été pilote d’hélicoptère spécialisé dans les missions de sauvetage, au sein de la Royal Air Force pendant quatre ans, lui et Catherine s’installent dans le Norfolk. William veut y exercer le même métier au sein de l’East Anglian Air Ambulance. Une décision mal comprise à l’époque. "Alors qu’il était soutenu par la reine et le prince Charles, des membres influents du palais se sont demandé s’il était convenable pour un futur roi d’avoir une activité et un rôle de classe moyenne, de fréquenter des gens ordinaires."
Mais la volonté du prince William découle d’une idée simple. Miguel Head, l’ancien secrétaire particulier du petit-fils d’Élisabeth II, l’explique : "Dans son rôle (de prince), tout le monde le trouvera toujours merveilleux. Son travail au sein des services de sauvetage n’implique que ses réelles capacités. Il voulait avoir une activité qui lui appartenait."
Un métier sans faux-semblants ni garde-fous. Des heures de garde la nuit, des interventions périlleuses, des blessés parfois trop jeunes, William assume des situations dramatiques. Sa famille devient son havre de paix.
William prend sa place de futur roi
La présence de Kate, rassurante et saine, apaise les tourments laissés par les sauvetages difficiles. Il se construit une âme, un ordre de priorités morales et affectives. "Après la naissance de mes enfants, l’équilibre entre mon travail et ma vie personnelle m’a beaucoup soutenu", a-t-il confié à un ami. Qu’il soit dans les airs ou au sol, il tient à ce contact avec la réalité. Ces années d’existence simple sont la base de leur entente.
Pour la préserver, William protège les siens. Il éprouve "une détermination viscérale à leur offrir une vie normale et une intimité dont il lui a manqué une large part", explique Miguel Head. Et grâce à son épouse – la présence de Kate est "un ancrage" –, il améliore ses rapports avec la presse.
Les photos, informelles, prises par la duchesse de Cambridge pour les anniversaires de leurs enfants, sont un élément de cette stratégie. "Notre plan était d’organiser une vie de famille qui glisse doucement vers un profil plus officiel", confirme Miguel Head. Orientés sur l’enfance, le sport, l’art, la santé mentale et la préservation de la nature, les centres d’intérêt de Kate participent à la construction de leur image au sein de la Royal Foundation du duc et de la duchesse de Cambridge.
En 2017, année du 90e anniversaire de la reine, ils sont prêts. William accepte le "défi de moderniser et développer la famille royale pour assurer sa pertinence dans vingt ans", confie une de ses relations. C’est aussi l’année scolaire (2016-2017) où le prince George rentre à l’école maternelle, et où les Cambridge s’installent à Londres. Le plan a réussi. William et Kate ont préservé la petite enfance de leur fils aîné. Ils ont consolidé leur relation et ont réussi à construire l’essentiel : une confiance mutuelle. Cela leur donne une solidité indispensable pour le futur. De Kensington Palace où est installé son Q.G., le couple est un rouage indispensable à "la Firme".
Un couple qui fait face aux épreuves
Alors que les frictions se multiplient avec le duc et la duchesse de Sussex, William s’implique personnellement à chaque crise afin de trouver une solution. Lorsque son frère décide de quitter le Royaume-Uni avec son épouse, la rupture est difficile. Depuis, le duc de Cambridge est "au centre de toutes les discussions avec la reine et le prince Charles concernant les réponses à apporter aux Sussex", assure une source proche de la famille régnante. Sa solidité et celle de Kate lors des tempêtes médiatiques des derniers mois impressionnent la souveraine.
Avec le prince de Galles, les relations sont, elles aussi, de plus en plus complices, de plus en plus fluides. Dans un toast prononcé lors de son mariage, William avait fait s’esclaffer ses invités en avouant ressembler davantage à son père qu’il ne le supposait. Une prédiction vérifiée ces derniers temps. Une diplomatie de haut niveau pour le prince Charles – voyage en Grèce, COP 21 –, des initiatives du jeune prince avec Heads Together ou encore The Earthshot Prize qui font mouche.
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