William et Harry, réunis dans la douleur

C'est certainement l’un des moments les plus attendus des funérailles du duc d’Édimbourg : les retrouvailles des deux fils de Charles. À l’image de cette cérémonie, elles sont dignes et sobres. Derrière le prince de Galles et la princesse Anne, les princes William et Harry sont finalement presque côte à côte pour suivre le Land Rover sur lequel a été placée la dépouille.

Le fils de la princesse Anne, Peter Phillips, est légèrement en retrait. Les deux frères avancent au rythme de la musique militaire. Harry semble plus tendu que son aîné, le buste en avant, les poings fermés. William, lui, paraît concentré sur sa peine, la tête inclinée. Pas de regards échangés entre eux. Une longue procession de huit minutes, chacun seul avec sa douleur, ses souvenirs et peut-être ses regrets.

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Les derniers mois ont été difficiles. Malgré tout, la fraternité les soude. Ils sont ensemble pour marcher derrière un être cher, disparu à jamais. Cette image en rappelle une autre.

William et Harry unis dans la douleur comme en 1997

Il y a 23 ans, le 6 septembre 1997, jour des funérailles de Diana, ils suivent le cercueil de leur mère et deviennent les orphelins du monde entier. Au cours de cette journée dramatique, les deux frères scellent un pacte : eux contre le reste du monde. Il leur faudra tenir, avancer dans la vie, ensemble, l’un pour l’autre. Malgré le chagrin et le manque. Pourtant, ils ne sont pas seuls, leur oncle, leur père et leur grand-père sont présents. Le prince Philip ne devait pas être avec eux. Mais avant l’enterrement, William ne trouvait pas le courage de suivre la dépouille et le duc d’Édimbourg lui a proposé : "Je marcherai avec toi si tu viens."

Philip a connu une enfance solitaire. Même s’il ne laisse rien paraître, il connaît le manque d’affection mieux que quiconque. Lui aussi en 1937, à l’âge de 16 ans, avait dû accompagner le cercueil de sa sœur Cécile, seul, sans ses parents.

Dès l’annonce du décès de la princesse de Galles, Philip se comporte en protecteur avec ses petits-fils meurtris. Point fixe dans une famille éclatée, il devient leur référence. Particulièrement touché par le drame de William et Harry, le duc d’Édimbourg se montre attentif envers eux tout au long de leur adolescence.

Lorsque l’aîné vient prendre le thé le samedi avec la reine, le prince Philip l’accompagne dans le salon avant de disparaître discrètement. Avec Harry, il a toujours une écoute attentive, un mot d’encouragement, un regard de fierté. Après une jeunesse parfois tapageuse, les dix années passées par le cadet de Charles et Diana au sein de l’armée britannique, ponctuées de deux campagnes en Afghanistan, remplissent son grand-père d’orgueil.

Le prince Philip a assisté impuissant à leur éloignement   

Déçu plus que meurtri, le duc d’Édimbourg a assisté au délitement des relations entre les deux frères après le Megxit. Tout au long de l’année 2020, les contacts avec ses petits-fils seront virtuels, mais bien réels. Très protégé par son épouse et ses proches, le prince n’aura pas connaissance de tous les remous engendrés par l’interview accordée par Harry et Meghan à Oprah Winfrey.

Après sa disparition, William et Harry lui rendent hommage dans un communiqué. Chacun dans son style. William, sobre et sincère: "Je me sens chanceux de n’avoir pas seulement eu son exemple pour me guider, mais sa présence dans ma vie d’adulte, dans les bons moments comme dans les jours plus difficiles." Il conclut : "Je sais qu’il voudrait que nous continuions notre travail." 

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Celui de Harry est tout aussi émouvant : "Mon grand-père était un homme de devoir, d’honneur et d’un grand humour (…) Mais pour moi (…) il était Grand’Pa : maître du barbecue, légende des blagues, avec un sourire en coin jusqu’à la fin. (…) Je sais que maintenant, il nous dirait à tous, bière à la main, 'arrangez-vous avec ça'." 

Arrivé des États-Unis, le duc de Sussex est resté en quarantaine sanitaire à Frogmore Cottage avant les funérailles de son grand-père. Les deux frères se sont téléphoné avant la cérémonie. En partie grâce à Kate, éternelle médiatrice entre son époux et son beau-frère, dont elle a longtemps été très proche.

William et Harry se parlent à nouveau

Ce 17 avril, après la minute de silence partagée par le royaume tout entier, William et Harry entrent dans la nef de la chapelle St George, l’un après l’autre. Durant la cérémonie, les caméras de la BBC les montrent peu. Alors que l’orgue résonne une dernière fois, la famille quitte l’édifice.

Le prince Harry, un peu nerveux, tapote sa cuisse avec le livret. Devant la porte Galilée, le prince William échange quelques mots avec le doyen de Windsor tandis que son frère discute avec Kate, les yeux rieurs. La glace est rompue.

Prince William, Kate and Harry. Family comes first ❤️#PrincePhilipFuneral pic.twitter.com/KJOGAjDsfY

— Kayla Adams (@KaylaAdams___) April 17, 2021

Alors que la reine s’éloigne en Bentley, tous rejoignent à pied les appartements privés du château. William se retourne vers son épouse et son frère pour les attendre. Un geste simple, fraternel. Ils se retrouvent enfin. Le duc de Cambridge enlève son masque pour converser avec son cadet. Kate est à leur côté. William réajuste sa cravate, Harry se décontracte. Ils font quelques mètres tous les trois. L’épouse de William allège la discussion après cette belle et émouvante cérémonie. Elle retisse ce lien fin et fragile entre eux.

Le trio est maintenant à la hauteur de la comtesse de Wessex et de sa fille, lady Louise. La duchesse de Cambridge ralentit son allure pour rester avec elles, laissant les deux frères marcher devant. Leurs pas ensemble sont symboliques, encore incertains. Rien de ce qui a été dit ou fait n’est effacé, mais William et Harry se parlent à nouveau, aux yeux de tous.