Paradis fiscal et montages financiers : Harry et Meghan, vers un scandale de plus ?

Harry et Meghan clament leur désir de changer  le monde, mais leurs investissements semblent plus financiers qu’engagés.  De grands écarts qui pourraient  leur coûter cher ? Enquête.

Par Hugues de Ritters - 16 février 2022, 08h14

 Harry et Meghan (ici à New York en septembre 2021) sont encore sous la lumière...
Harry et Meghan (ici à New York en septembre 2021) sont encore sous la lumière... © PacificPressAgency / Bestimage

Tout part de Joe Rogan, un comédien raté au physique de déménageur. Son podcast The Rogan Expérience, téléchargé 190 millions de fois par mois sur Spotify, dénigre depuis longtemps les mesures anti-covid. Des chanteurs, Neil Young et Joni Mitchell, menacent de retirer leurs chansons s’il n’est pas exclu de la plateforme. La polémique prend de l’ampleur. Harry et Meghan, qui ont signé un contrat avec l’entreprise suédoise, réagissent. Alors qu’ils avaient milité à New York en octobre 2021 pour une distribution mondiale du vaccin contre la Covid-19, le duc et la duchesse de Sussex ne peuvent rester silencieux. Leur communiqué exprime "leurs préoccupations" au sujet de la désinformation sur la pandémie et déclare compter sur Spotify "pour répondre à ce défi". Ils affirment également s’engager "à poursuivre notre travail ensemble". Et pour cause.

Meghan et Harry n'ont pas honoré leurs contrats pour Spotify et Netflix 

Les quinze millions d’euros qu’ils ont reçus de Spotify ne leur permettent pas de se désolidariser de la plateforme dirigée par Daniel Ek. À moins de rembourser, bien sûr. Car depuis la signature de leur contrat en décembre 2020, Meghan et Harry n’ont produit qu’un seul programme. Une émission de trente-trois minutes pour Noël, avec en têtes d’affiche leur amis Elton John et James Corden (qui avait interviewé Harry dans un bus à impériale) et en bonus les premiers mots bredouillés d’Archie. 

Depuis, rien. Et Spotify s’impatiente. À tel point que ses dirigeants viennent de lancer le recrutement de producteurs pour aider le couple. L’annonce précise : "Nous sommes en train de constituer une équipe d’animateurs qui construira et lancera une nouvelle émission originale avec Archewell, mettant en avant des voix de femmes influentes."

Le prince Harry en septembre 2019 à Amsterdam aux Pays-Bas.
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Chez Netflix, les résultats sont aussi mitigés. Après avoir signé un fructueux contrat estimé à près de 120 millions d’euros, seuls deux projets sont en cours. Le premier est un documentaire, Le Cœur des Invictus, sur la compétition internationale dédiée aux vétérans et gueules cassées des conflits actuels, imaginée par Harry en 2014. La diffusion, prévue pour avril 2021, a été repoussée. Elle pourrait avoir lieu à l’occasion de la prochaine édition des jeux, du 16 au 22 avril 2022, à La Haye. 

L’autre programme est l’adaptation en série animée de Pearl, une héroïne imaginée par Meghan. Elle a 12 ans et relève les défis du quotidien en s’inspirant de figures féminines historiques. Associée à David Furnish, l’époux d’Elton John, la duchesse de Sussex serait la productrice déléguée de ce programme. Mais pour l’instant, aucune image. Signe d’une certaine nervosité chez Netflix, il s’agirait à présent, comme chez Spotify, de trouver des professionnels capables d’aider les Sussex dans la création de contenus. De la part des deux plateformes, la pression monte afin que le couple honore ses contrats. La menace ultime étant leur annulation, voire le remboursement des sommes déjà versées… Pendant ce temps, Harry et Meghan gèrent leurs finances. 

11 sociétés immatriculées dans un paradis fiscal aux États-Unis

En quittant le Royaume-Uni début 2020, ils mettent un terme à leur fondation Sussex Royal. Pour cela, ils règlent une facture de 40.000 euros au cabinet d’avocats Harbottle & Lewis et transfèrent le solde des actifs, soit 256.000 euros, à Travalyst, une société d’aide aux voyages écoresponsables, dont le propriétaire n’est autre que… Harry. Le compte bancaire d’Archewell, fondation créée en 2020 aux États-Unis pour remplacer Sussex Royal, est ouvert en janvier 2021. Sur l’année qui suit, Archewell reçoit moins de 44.000 euros, ce qui permet de ne fournir qu’une déclaration simplifiée au fisc américain.

Archewell n’est pas directement en relation avec Netflix et Spotify. Afin de répondre à leurs multiples demandes de collaboration, Harry et Meghan ont édifié un mini-empire de onze sociétés. Si la plupart sont domiciliées au cabinet de Richard Genow, le fidèle avocat de Meghan, à Beverly Hills, elles sont toutes immatriculées dans le Delaware, l’État au régime fiscal le plus avantageux du pays avec 1,2 million de sociétés pour 950.000 habitants. 

Parmi elles, Cobblestone Lane, qui possède la propriété intellectuelle de la marque Archewell, est le nom de la rue où Meghan a vécu à Los Angeles après le divorce de ses parents. Moins poétique mais tout aussi important, IPHW est propriétaire du logo d’Archewell. Orinoco Publishing – du nom du fleuve sud-américain Orénoque, et titre d’une chanson d’Enya appréciée par les Sussex –, aurait comme objet d’engranger le fruit de la collaboration avec l’éditeur Penguin Random House pour la publication des mémoires de Harry, en octobre 2022. 

Archewell Audio et Archewell Production sont les sociétés en relation avec Spotify et Netflix pour la production de contenus. Bridgemont et Hampshire évoquent le nom d’un manoir géorgien du XVIIIe siècle, dans le Hampshire, où Meghan aurait séjourné peu avant son premier accouchement, et sont aussi consacrées au divertissement. Sans oublier Nemawashi, une holding dont le nom serait la traduction japonaise d’un processus informel de création, et la holding Baobab, réservée aux investissements…

Des montages financiers troubles...

Par ailleurs, le duc et la duchesse de Sussex ont confié une partie de leur patrimoine à Ethic, un gestionnaire de fonds new-yorkais dont le co-fondateur est un Britannique au faux air de prince Harry, Jay Lipman. Cette société financière se vante d’avoir "des solutions de durabilité personnalisées pour aider les investisseurs à transférer de l’argent vers des entreprises qui traitent les gens et la planète avec respect". Une belle affiche qui lui permet de totaliser mille clients très fortunés et un peu plus d’un milliard d’euros d’actifs. 

Seulement, dans la liste de prises de participations d’Ethic apparaissent des entreprises pétrolières, des constructeurs de voitures (Honda et Toyota), des géants de la tech comme Apple, Microsoft, Amazon, Paypal, Facebook… et aussi Mondelez, un géant de l’alimentaire mis en cause pour son usage de l’huile de palme, sans oublier d’importantes sociétés pharmaceutiques. On est loin de la promesse initiale d’investissements écoresponsables. 

Chateau of Riven Rock
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Ces montages et ces choix financiers n’empêchent pas Harry et Megan de s’élever contre le réchauffement climatique, la désinformation sur Internet et de plaider pour une meilleure prise en compte de la santé mentale, du droit des femmes, la mise dans le domaine public des brevets des vaccins anticovid… Seulement, entre dénoncer et agir, il y a pour les Sussex un gouffre de jour en jour plus difficile à combler. Le grand écart entre leur positionnement moral et leurs choix financiers, entre leurs ambitions affichées et la maigreur de leurs réalisations devient flagrant. Et problématique.

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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