C’est de Meghan dont il parle : "Je la hais. (...) La nuit, je n’arrive pas à dormir et je reste étendu, grinçant des dents et rêvant du jour où on la fera défiler nue dans les rues de toutes les villes du Royaume-Uni, pendant que la foule criera 'honte !' et lui jettera des excréments dessus". Publié le samedi 17 décembre dans le Sun, ce texte hallucinant est signé Jeremy Clarkson, journaliste et ancien animateur vedette de l’émission Top Gear, sur BBC, connu pour ses dérapages incontrôlés.
Il a ainsi été renvoyé de la BBC en 2015 après avoir frappé un producteur assistant, coupable de lui avoir donné un repas froid au lieu d’un dîner chaud. Dix ans plus tôt, une dispute virile avec Piers Morgan laisse le présentateur de Good Morning Britain le visage en sang et Clarkson avec un doigt fracturé. L’olibrius des médias britanniques s’est fait une spécialité des énormités en tout genre, allant jusqu’à qualifier, en 2009, le Premier ministre Gordon Brown "d’Écossais borgne et idiot".
"Il est inacceptable que cela ait pu être publié dans un quotidien grand public"
Aujourd’hui, Jeremy Clarkson ne fait que donner raison à la duchesse qu’il traite de façon indigne et à renforcer le procès en racisme que les Sussex intentent depuis longtemps à la presse britannique. Et ce n’est pas son tweet d’excuses qui va mettre fin au scandale. "J’ai fait une référence maladroite à Game of Thrones, et cela a été mal pris par de nombreuses personnes. Je suis horrifié d’avoir causé tant de peine et je serai plus prudent à l’avenir."
Après les réactions indignées de nombreuses personnalités, jusqu’au Premier ministre britannique Rishi Sunak, soixante députés de tous les partis ont écrit une lettre ouverte à l’éditeur du Sun : "Il est inacceptable que cela ait pu être publié dans un quotidien grand public. (...) Nous demandons maintenant qu’une action soit intentée contre M. Clarkson et que des excuses sans réserve soient faites immédiatement à Mme Markle". De son côté, en trois jours, l’autorité de régulation de la presse britannique, IPSO, a reçu 17.500 plaintes contre la chronique de Jeremy Clarkson, soit 3.000 de plus que toutes celles enregistrées au cours de l’année 2021.
De quoi réconforter les Sussex, dont les trois derniers épisodes de la série Harry & Meghan, mis en ligne ce 15 décembre, enregistrent près de 25 % de vues en moins que les trois premiers. Le couple revient d’ailleurs le dernier jour de l’année 2022 avec une nouvelle série mise en ligne sur Netflix, Live to Lead, qui met en avant le destin de neuf personnalités "ayant fait des choix courageux", ainsi que le dit Harry, face caméra, sur le teaser diffusé le 19 décembre.
Des choix surtout éminemment politiques, qu’il s’agisse de la défunte juge à la Cour suprême américaine Ruth Bader Ginsburg, très en pointe sur le droit à l’avortement, de la militante écologiste Greta Thunberg, de l’avocat activiste social Bryan Stevenson, de la Première ministre travailliste néo-zélandaise Jacinda Ardern, de l’activiste féministe Gloria Steinem, du militant anti-apartheid Albie Sachs ou du premier capitaine noir de l’équipe nationale de rugby sud-africaine Siya Kolisi.
Il y a là plus qu’il n’en faut pour inquiéter le roi Charles III et le gouvernement britannique. En retrait ou non des activités officielles, Harry demeure à ce jour prince du Royaume-Uni et successible à la Couronne. Il est à ce titre tenu à un devoir de réserve dont il semble faire peu de cas. Au risque de placer l’institution monarchique et son pays dans un réel embarras diplomatique et constitutionnel.
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