La tension est montée d’un cran. "Voulez-vous dire que vous aviez des pensées suicidaires ?", interroge Oprah Winfrey. "Oui, très clairement", répond Meghan, face caméra. Elle essuie une larme et poursuit, "nous étions assis sur les marches de Frogmore Cottage lorsque je l’ai avoué à Harry. Je ne voulais tout simplement plus continuer à vivre. C’était une pensée constante, bien réelle et effrayante. Et je me souviens... je me souviens comme il m’a bercée dans ses bras."
Une situation qui en rappelle une autre, décrite par Andrew Morton dans sa biographie de Diana, quand la princesse de Galles s’était jetée, enceinte, dans les escaliers. Une situation qui ne peut que bouleverser Harry, l’inciter à aider son épouse. À tout prix.
Depuis la première minute de l’incroyable interview de deux heures donnée par le duc et la duchesse de Sussex à la célébrissime Oprah Winfrey pour la chaîne américaine CBS, en ce dimanche 7 mars au soir, les révélations s’enchaînent, émaillées d’accusations à l’endroit de l’institution monarchique et de certains membres de la famille royale. La seule à être épargnée est Élisabeth II, du moins en apparence car elle est le cœur de cette institution dont Harry dit qu’elle l’a "piégé comme elle a piégé mon père ou mon frère".
Lorsqu’elle parle devant la caméra à Martin Bashir, Diana sent déjà qu’elle est en rupture avec la famille royale. © Capital Pictures / KCS PRESSE
Dans la première moitié de l’interview, Meghan est seule face à Oprah, entre cour et jardin, sur la terrasse d’une luxueuse villa californienne qui n’est pas la sienne. Son maquillage accentué sur le regard rappelle celui de Diana lors de son interview pour Panorama, en 1995, qui avait précipité son divorce. La duchesse de Sussex arbore d’ailleurs un bracelet de brillants ayant appartenu à sa défunte belle-mère. Mais c’est d’un tout autre divorce qu’elle nous parle, celui de son époux et elle avec les Windsor, la presse et l’opinion britannique.
Elle se dit "naïve" au moment de son arrivée dans la famille royale, ignorante de ce que signifie servir en tant que prince ou princesse, comme de ce que représente le rang de Harry. Au point de découvrir en arrivant devant Royal Lodge qu’elle doit faire la révérence à la reine à qui elle va être présentée. L’occasion de glisser que sa "perception de la royauté est alors très différente de la réalité". Comme un rejet du protocole qui préfigure l’avenir, Meghan confie qu’elle et Harry ont échangé leurs vœux en secret, devant l’archevêque de Canterbury, trois jours avant le mariage en mondovision du 19 mai 2018.
"Elle m’a envoyé des fleurs et un mot d’excuses"
Très vite, l’entretien prend un tour plus polémique. Oprah évoque les tabloïds britanniques qui accusent Meghan d’avoir fait pleurer Kate pendant les répétitions du mariage. "Non, c’est l’inverse qui s’est produit. Je ne le dis pas pour être désobligeante envers quiconque, c’était une semaine difficile, elle avait été contrariée par quelque chose. Elle m’a envoyé des fleurs et un mot d’excuses."
Lorsque les tabloïds donnent leur version, "chacun dans l’institution savait que c’était faux" et Meghan espérait que Kate "aurait à cœur que cela soit rectifié"... La duchesse de Sussex ajoute qu’elle a "été réduite au silence" par les officiels du palais qui lui intiment de se borner au "no comment". C’est alors que "j’ai commencé à comprendre que non seulement je n’étais pas protégée mais qu’ils voulaient mentir pour protéger d’autres membres de la famille."
Entre Kate et Meghan, il n’y a pas eu d’élément déclencheur, mais une suite de maladresses, de déceptions. © Samir Hussein / WireImage
D’autres accusations se font jour, plus graves, lorsque Meghan affirme qu’un membre de la famille royale était ennuyé à l’idée qu’Archie puisse être trop typé. Ce qui expliquerait, selon elle, qu’il n’ait pas été titré prince et qu’il n’ait pas eu droit au même dispositif de sécurité que ses parents. Ce qui la blessait, "c’était l’idée que notre fils ne soit pas en sécurité et aussi l’idée que le premier membre métis de cette famille ne soit pas titré de la même façon que les autres petits-enfants". Pour Meghan "mon titre le plus important, c’est maman".
Le duc et la duchesse de Sussex lors du baptême de leur fils le 6 juillet 2019 dans la chapelle privée du château de Windsor. © Chris Allerton/ SussexRoyal/ PA Photos/ ABACAPRESS
À l’en croire, sa "santé mentale est atteinte", elle ne voit pas de solution, rien n’est fait par le palais pour les aider, c’est à ce moment-là, alors qu’elle est enceinte de cinq mois, qu’elle commence à développer des idées suicidaires.
Un réquisitoire en règle contre la monarchie
Harry rejoint maintenant Meghan et Oprah sur la terrasse, pour une séquence plus heureuse. De la bouche du prince, et sans doute avant la famille royale, les téléspectateurs apprennent que la duchesse de Sussex attend... une fille et que l’accouchement devrait avoir lieu en tout début d’été. C’est le seul instant où Harry semble épanoui. Pendant l’heure qui reste, il oscillera entre l’embarras, ainsi que le révèlent ses mains et sa diction hésitante, et une tristesse manifeste. Il faut dire que le cadet du prince Charles se livre à un réquisitoire en règle.
Photode Harry et Meghan diffusée le 14 février pour annoncer la nouvelle grossesse de la duchesse de Sussex.© Misan Harriman
Au moment où le couple décide de se mettre en retrait de la vie royale, "j’étais désespéré, j’ai demandé de l’aide et on ne nous l’a pas donnée [...] Quand elle m’a dit qu’elle ne voulait plus vivre, je n’étais pas préparé à ça. Ce n’est pas la mentalité de la famille royale. Ni de ce qu’elle représente. Il y avait une possibilité pour ma famille de montrer son soutien à Meghan. Ils ne l’ont pas fait [...] Il existe une connivence entre la famille royale et les tabloïds", selon le prince, qui ajoute que suivant une habitude bien établie, ne pas se plaindre assure une couverture positive dans leurs colonnes pour la monarchie.
Le duc de Sussex estime que les Windsor les ont soutenus jusqu’à la visite en Australie. Un triomphe qui leur aurait trop rappelé celui de Diana, jeune mariée, lors de son premier voyage sur l’île-continent. "Meg était connectée avec les gens, elle était le plus grand atout du Commonwealth." Lors du séjour au Canada, fin 2019, avant le Megxit, "j’ai eu trois conversations avec la reine et deux avec mon père, puis il a refusé mes appels, demandant que je lui transmette par écrit mes plans de retrait de la vie publique." Père et fils se reparleraient désormais, même "s’il y a beaucoup à reconstruire, vous savez. Je me sens vraiment abandonné, parce qu’il a traversé des choses comparables. Il sait la souffrance que cela engendre. Archie est son petit-fils. Je l’aimerai toujours mais il y a eu des blessures profondes."
"J’étais piégé mais je ne le savais pas"
Partir, Harry n’y serait jamais parvenu sans Meghan "parce que j’étais piégé moi-même. Je ne voyais pas d’issue. J’étais piégé mais je ne le savais pas. Mais du moment où j’ai rencontré Meg et où nos mondes se sont télescopés de la façon la plus extraordinaire... -j’ai réalisé que j’étais- piégé par le système, comme le reste de...
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