Un homme discret, peu connu du grand public. Le margrave de Bade n’aimait ni la politique, ni la publicité. D’une grande modestie, il se consacrait, dans l’ombre, aux nombreuses causes humanitaires qui lui tenaient à cœur – notamment l’accueil des réfugiés. Officier de réserve, membre d’une soixantaine d’associations, "il était à l’écoute des personnes dans le besoin et de tous ceux qui demandaient son aide", précise le communiqué publié par sa famille.
Né en 1933, Son Altesse Royale Maximilien II, grand-duc de Bade, duc de Zähringen, était l’héritier d’une dynastie vieille de dix siècles. Petit-fils du dernier chancelier de l’Empire allemand – prénommé Maximilien comme lui –, il avait fait ses études secondaires à Gordonstoun, en Écosse, tout comme son oncle le prince Philip de Grèce et de Danemark, futur duc d’Édimbourg. Un choix tout naturel à l’époque : Gordonstoun était l’héritière de l’école du château de Salem, fondée en 1919, sous les auspices des Bade, par le pédagogue d’origine juive Kurt Hahn, et contrainte de quitter l’Allemagne nazie dans les années 1930.
En 1963, à la mort prématurée de son père le margrave Berthold, Maximilien hérite de lourdes responsabilités. Il a tout juste 30 ans. Il est à la tête d’un patrimoine exceptionnel, constitué de quatre châteaux, plusieurs milliers d’hectares de forêts et d’une kyrielle d’entreprises. Le nouveau margrave participe activement au renouveau de la viticulture sur les rives du lac de Constance. Les vignes qu’il fait planter feront le succès du domaine Markgraf von Baden.
Mais cette réussite ne compense pas les déboires financiers qui s’accumulent. Au début des années 1990, la récession économique et plusieurs investissements malheureux contraignent les Bade à restructurer une fortune déjà bien écornée. En 1995, Maximilien prend la décision difficile de se séparer du mobilier du château de Baden-Baden. L’incroyable collection – 25.000 œuvres et objets – est alors estimée à près de deux cents millions de francs par Sotheby’s. Si le land de Bade-Wurtemberg renonce à acquérir la collection entière, il s’adjuge la bibliothèque ainsi que le lot le plus important, une série de cinq panneaux sur bois du XVIe siècle, peints par Bernhard Strigel, contemporain de Dürer.
Marié en 1966 à l’archiduchesse Valérie d’Autriche-Toscane, Maximilien de Bade est le père de quatre enfants, Marie-Louise, Bernhard, Leopold et Michael. En 1998, à l’occasion de son 65e anniversaire, il prend la décision de se retirer des affaires au profit de son fils aîné, le prince Bernhard. Il était resté proche du duc d’Édimbourg. En 2007, il était présent aux noces de diamant du couple souverain britannique, tout comme aux 90 ans du prince Philip en 2011. Mais trop faible pour se rendre aux obsèques de son oncle en avril 2021, il s’était fait représenter par fils son fils aîné, aujourd’hui le nouveau margrave de Bade.
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