Les ascendants grecs méconnus des Windsor

Ils sont les cousins et les neveux du duc d’Édimbourg, né prince Philip de Grèce et de Danemark. Enfants de ses oncles, au destin lié à l’histoire complexe du royaume des Hellènes, ou enfants de ses sœurs, mariées aux descendants des plus grands noms d’Allemagne. Petite revue des liens de famille.

Par Antoine Michelland - 02 avril 2021, 07h30

 Le prince André de Grèce, son épouse, née princesse Alice de Battenberg, leur fils Philip et leurs quatre filles, Marguerite et Theodora assises, Cécile et Sophie, debout, à Saint-Cloud, chez Marie Bonaparte.
Le prince André de Grèce, son épouse, née princesse Alice de Battenberg, leur fils Philip et leurs quatre filles, Marguerite et Theodora assises, Cécile et Sophie, debout, à Saint-Cloud, chez Marie Bonaparte. © Scopefeatures/Visual Press Agency

À l’heure où le prince de Galles vient de célébrer le 200e anniversaire de l’indépendance grecque, il convient de rappeler les liens familiaux qui l’attachent à ce pays. Ils sont à la fois paternels et maternels.

Via la descendance de la reine Victoria, dont une fille a épousé Frédéric III, empereur d’Allemagne et roi de Prusse, Élisabeth II cousine avec les souverains hellènes grâce au mariage de Constantin Ier avec Sophie de Prusse, petite-fille de Victoria. Sans oublier, à la génération suivante, l’union du roi Paul Ier, cousin germain du duc d’Édimbourg, avec Frederika de Hanovre, née princesse de Grande-Bretagne.

L'ancien roi Constantin II de Grèce accueille la reine Elizabeth II au mariage de son fils le prince héritier Pavlos en la cathédrale Sainte-Sophie à Londres, le 1er juillet 1995. © Tim Graham via Getty ImagesL'ancien roi Constantin II de Grèce accueille la reine Elizabeth II au mariage de son fils le prince héritier Pavlos en la cathédrale Sainte-Sophie à Londres, le 1er juillet 1995. © Tim Graham via Getty Images

De quoi expliquer le lien d’affection très fort qu’entretient Sa Gracieuse Majesté avec le roi Constantin II, fils de Paul Ier et Frederika, et dernier roi de Grèce. Lien qui se poursuit à travers les générations suivantes. Ainsi le duc de Cambridge est-il parrain du prince Constantin Alexios, petit-fils de Constantin II et fils aîné du diadoque Paul de Grèce.

De son côté, le duc d’Édimbourg est le neveu du roi Constantin Ier, cousin germain de Georges II, Alexandre Ier et bien sûr Paul Ier. Il est également cousin germain de Marina de Grèce, qui épouse en 1934 le duc de Kent, oncle d’Élisabeth II. Cousin aussi du prince Michel de Grèce, fils de Christophe de Grèce et de la princesse Françoise d’Orléans.

Un lien particulier l’unit à son oncle Georges de Grèce, époux de Marie Bonaparte, chez qui se déroule une partie de son enfance, à Saint-Cloud. Le couple assistera d’ailleurs au mariage de Philip avec la princesse Élisabeth, puis au couronnement de la reine, en 1953. De même que leurs deux enfants, Pierre et Eugénie, cousins de Philip.

Pierre de Grèce accueille Sigmund Freud en juin 1938 à Paris. Avec le chapeau à fleurs, Marie Bonaparte. © AGIP / Bridgeman ImagesPierre de Grèce accueille Sigmund Freud en juin 1938 à Paris. Avec le chapeau à fleurs, Marie Bonaparte. © AGIP / Bridgeman Images

Anthropologue, tibétologue, officier au service de la Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale, le prince Pierre sert sur le front d’Épire contre les Italiens. Aide de camp du roi Georges II, il réorganise les forces grecques libres en Égypte, puis participe à la prise de Tripoli et marche sur Rome à la tête d’un bataillon néo-zélandais. Une guerre pleine de panache, à l’exemple de son cousin Philip.

À la fin des années 1950, Pierre poursuit ses études d’anthropologie à Londres. Où il succombe, en 1980, à une hémorragie cérébrale. Quant à sa sœur, Eugénie, filleule de la veuve de Napoléon III, elle est l’épouse du prince Dominic Radziwill, puis du prince Raymond de Tour et Taxis. Comme sa mère, elle se passionne pour la psychanalyse et aide Marie Bonaparte à exfiltrer leur ami Sigmund Freud vers l’Angleterre, après l’Anschluss.

Les Battenberg, une maison grecque... et allemande !

La famille de Grèce, justement, fait souche en Allemagne, avec le mariage des quatre sœurs aînées du prince Philip. Marguerite épouse en 1931 le prince de Hohenlohe-Langenburg, Theodora le margrave de Bade, la même année, Cécile le grand-duc héritier de Hesse et du Rhin, et Sophie le prince de Hesse-Cassel, en 1930. Si les deux premiers ne se compromettent pas avec le IIIe Reich, tel n’est pas le cas des deux autres.

Gagné par l’idéologie nazie, George Donatus de Hesse et du Rhin se tue en avion avec son épouse et ses enfants en octobre 1937. Christophe de Hesse-Cassel, Oberführer dans la SS, périt lui aussi en avion, en 1943. Déjà mère de cinq enfants, sa veuve se remarie en 1946 avec le prince Georg-Wilhelm de Hanovre.

Sophie est la plus jeune des sœurs du duc d’Édimbourg. Il restera proche d’elle jusqu’à sa mort, en 2001. Elle est marraine du prince Edward, comte de Wessex et se trouvera souvent invitée à des événements comme le Windsor Horse Show.

La princesse Sophie de Hanovre avec son frère, le prince Philip en 1997. © Oliver Berg/picture alliance via Getty ImagesLa princesse Sophie de Hanovre avec son frère, le prince Philip en 1997. © Oliver Berg/picture alliance via Getty Images

Philip veille à l’éducation de ses neveux et nièces et la prend même en charge lorsque ses sœurs sont dans la difficulté. Ainsi de la princesse Christina de Hesse, qui prend part au cortège du couronnement d’Élisabeth II, en 1953, avec sa cousine Beatrix de Hohenlohe-Langenburg.

Toutes deux vivent à Londres en 1955-1956, Christina pour étudier la restauration de tableaux auprès de l’historien d’art Anthony Blunt. Christophe, fils de Christina et de son premier mari, le prince André de Yougoslavie, est un filleul du duc d’Édimbourg. C’est d’ailleurs Philip qui apprend à sa sœur, Sophie, la mort de son petit-fils, renversé par une voiture en Écosse, en 1994.

D'une génération l'autre...

Issu de la seconde union de Sophie de Grèce, le prince Guelf de Hanovre, contemporain de son cousin germain, le prince Charles, sera l’un de ses condisciples au pensionnat de Gordonstoun, en Écosse, là même où le prince Philip a suivi ses études secondaires. Quant à Marguerite de Grèce, marraine de la princesse Anne, son fils, Kraft de Hohenlohe-Langenburg, choisit pour marraine de son propre premier-né, Philipp, la même princesse Anne. Charles entretient de bonnes relations avec Philipp de Hohenlohe-Langenburg, qui l’a accueilli en Allemagne au cours de plusieurs déplacements.

Le prince de Galles à Langenburg, entre son cousin, le prince Philipp de Hohenlohe-Langenburg et Saskia de Hohenlohe-Langenburg, en 2013. © Daniel Bockwoldt/ picture alliance via Getty ImagesLe prince de Galles à Langenburg, entre son cousin, le prince Philipp de Hohenlohe-Langenburg et Saskia de Hohenlohe-Langenburg, en 2013. © Daniel Bockwoldt/ picture alliance via Getty Images

La princesse Marguerite de Bade, aînée des enfants de Theodora et du margrave Berthold, vient vivre à Londres en 1948 pour se former comme infirmière. Lorsqu’elle épouse le prince Tomislav de Yougolavie, en 1957, son oncle Philip, duc d’Édimbourg, est présent. Définitivement installée en Grande-Bretagne, la princesse Marguerite de Bade, assistera au mariage du duc et de la duchesse de Cambridge, le 29 avril 2011, malgré une santé chancelante. Et s’éteindra moins de deux ans plus tard.

Le moins qu’on puisse dire est que les Windsor ont le sens de la famille. Et que la branche grecque tient une place toute particulière dans leur cœur.

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

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