Le landau cahote un peu. William est assis au côté de son père et en face de sa belle-mère. Ce lundi 13 juin, tous les trois portent l’habit de l’ordre de la Jarretière. La duchesse de Cambridge est vêtue d’une robe bleu pâle d’Alexander McQueen. Ensemble, ils quittent la réunion annuelle du plus ancien ordre de chevalerie britannique. William adresse un signe de la main aux spectateurs. Il paraît serein, soulagé, léger presque. Et pour cause. Quelques heures auparavant, il participait à une réunion de crise. Face à la reine et avec l’appui de son père, il a posé un ultimatum : "C’est lui ou moi."

Lui, c’est Andrew, dont le nom est inscrit sur la liste des membres prévus à la cérémonie. William refuse que son oncle apparaisse en public lors de la procession. Face à sa fermeté, la décision est prise. Andrew assistera seulement à l’investiture de Camilla dans la salle du Trône du château de Windsor, à l’abri des regards. Bientôt, l’affaire s’ébruite dans la presse. En guise de réponse indirecte, le palais de Buckingham peaufine un élément de langage. Il s’agit d’une "décision familiale". Toujours est-il que William a fait pencher la balance. Le duc de Cambridge s’implique maintenant dans toutes les décisions concernant l’image de la famille et de l’institution. Et, conscient de l’impact désastreux de la réputation d’Andrew, le fils du prince de Galles ne laisse rien passer.
Avec Kate, le prince William a toujours fait de ses enfants sa priorité
À l’approche de ses 40 ans, ce 21 juin, le temps est venu des prises de responsabilités. Il y a dix ans, William faisait les titres d’une presse inquiète. Son éloignement dans le Norfolk, son emploi de pilote d’hélicoptère de sauvetage étaient interprétés comme un manque d’intérêt pour la Firme". Aujourd’hui, il gère tout. La monarchie, sa famille et le futur. Sur le premier point, le prince esquisse maintenant les contours de "la manière Cambridge". "Ils vont essayer de personnaliser leur action", résume un proche.

Loin du "Never complain, never explain" (ne jamais se plaindre, ne jamais s’expliquer) en vigueur depuis la reine Victoria, William et Kate veulent être responsables de leurs choix, et parfois de l’expression de leurs regrets. Dernier exemple, la déclaration du prince à l’issue de leur voyage mouvementé aux Caraïbes : "Je sais que cette tournée a mis en évidence des questions encore plus précises sur le passé et l’avenir."

Pour l’avenir, le duc de Cambridge vient de recruter un nouveau responsable de la communication, Lee Thompson. Cet ancien triathlète trentenaire, brillamment reconverti, est réputé pour avoir augmenté l’audience de la chaîne YouTube de CNN de 60 %. Ce nouvel élan ne se limite pas au changement de collaborateurs. Sur le devant de la scène, la chorégraphie n’est plus la même. Fini les saluts des quarante-huit membres de la famille Windsor sur le balcon du palais de Buckingham à l’occasion du Trooping the Colour. Place à une famille resserrée et amusée par les grimaces de Louis, la fraîcheur de Charlotte et le sérieux de George – attendrissant chez un enfant de 8 ans.

Après sa parade dans la parade, William et Kate ont été ravis de découvrir les facéties de leur petit dernier en première page des journaux. Sur ce point-là aussi, avec l’aide et l’approbation de Kate, William est à la manœuvre. Sa priorité a toujours été de protéger ses enfants. Après des années d’apparitions ultra-limitées, George et sa sœur sont maintenant associés à certains événements, choisis avec soin, et toujours en rapport avec les traditions monarchiques.
"William a juste l’air d’un gars normal, bavard et décontracté"
Et au sein de la tribu royale, la voix du prince porte maintenant autant que celle de son père. Personne ne sait mieux que lui qu’il héritera d’une Couronne rendue plus fragile après la disparition d’Élisabeth II. Il a donc toute légitimité à réfléchir aux évolutions de l’institution. L’épreuve de force révélatrice aura été son attitude lors du "sommet de Sandringham" sur le "Megxit ", le 13 janvier 2020. Ce jour-là, dans la bibliothèque où il jouait enfant, il retrouve la souveraine, son père et son frère. Assumant la rupture de la fratrie comme Harry désire assumer sa vie, William négocie sans compromis avec ce dernier pour l’avenir de la Couronne.

Plus tard, à la suite des accusations de racisme formulées par Meghan dans l’émission d’Oprah Winfrey en mars 2021, il est le seul à monter au créneau pour défendre son clan. "Nous ne sommes absolument pas racistes", déclare -t-il, le visage fermé, à un journaliste. Cette crise, l’une des plus violentes avec l’affaire Andrew, a rendu William plus nécessaire que jamais.

Plébiscité par les sondages, le duc de Cambridge est l’élément clé du futur de la monarchie. William accepte cette position s’il reste maître de l’art et la manière. L’art est celui d’une alternance entre retenue et compassion, comme lors de sa participation, le 14 juin dernier, aux commémorations de l’incendie de la Grenfell Tower, qui avait fait soixante-douze victimes en 2017. Sobre, en costume noir, William trouve les mots avec les rescapés. La manière, c’est une proximité insoupçonnable, comme sur Rochester Row, une rue du quartier de Westminster, à Londres.

Vêtu d’un gilet et d’une casquette rouge "Big Issue", le duc de Cambridge passe quelques heures à vendre ce journal pour sans-abri aux passants aux côtés d’un vétéran de l’association, Dave Martin. Qui confie : "William parle facilement avec les gens. Il a juste l’air d’un gars normal, bavard et décontracté."
Voir cette publication sur InstagramToute la subtile maîtrise de son statut et de son rôle passe par ce savoir-faire perfectionné au fil du temps. Le...
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