Pour William, avant le temps des responsabilités, celui du deuil. Même si cette disparition était inéluctable, elle reste déchirante. Les quelques phrases extraites de son communiqué publié le 10 septembre résument tout: "Ma grand-mère m’avait dit que le chagrin était le prix que nous payons pour l’amour. Elle était à mes côtés lors de mes moments les plus heureux. Et elle était à mes côtés pendant les jours les plus tristes de ma vie. Ma femme a bénéficié de ses conseils et de son soutien pendant vingt ans. Mes trois enfants ont pu passer des vacances avec elle et créer des souvenirs qui dureront toute leur vie. J’honorerai sa mémoire en soutenant mon père, le roi, de toutes les manières possibles." Le souvenir, la famille, l’amour, le devoir.
Ces valeurs sont plus que jamais le socle sur lequel s’appuiera William tout juste titré. L’attribution de cet honneur réservé à l’héritier du trône n’est pas automatique, mais dès son premier discours, le lendemain de la disparition d’Élisabeth II, Charles III a confirmé la place centrale de son fils aîné. "Aujourd’hui je suis fier de le nommer prince de Galles, Tywysog Cymru, le pays dont j’ai eu le privilège de porter le titre pendant une si grande partie de ma vie."
William est prêt à être roi le jour venu
Le nouveau prince de Galles est plus grand que son père. Il porte beau. Son regard bleu s’éclaire lorsqu’il sourit, mais le plus souvent, il affiche une mine sérieuse, appliquée et volontaire. William laisse peu de place au hasard. Cuirassé par les drames, familier des secrets monarchiques grâce à la défunte souveraine avec laquelle il déjeunait une fois par semaine pour se préparer, un jour, à régner à 40 ans, William est prêt. Sa première tâche est d’accompagner le roi dans la définition de son règne et les évolutions nécessaires à la survie de la monarchie. Il partage également avec le souverain une forte conscience écologique.
Surtout, tous deux désirent servir en préservant l’essentiel : la famille, socle du système, et l’avenir. Il n’est donc pas question de regagner Londres dans l’immédiat ni de déménager à Clarence House. Le prince et son épouse ne souhaitent pas perturber leurs enfants. George, Charlotte et Louis viennent de faire leur rentrée scolaire à la Lambrook School, non loin d’Adelaïde Cottage dans le domaine de Windsor, où tous ont emménagé. Chaque chose viendra en son temps.
Kate est sa meilleure alliée
Catherine, nouvelle princesse de Galles, est le plus solide soutien de William. Pour cette dernière, le poids symbolique de ce nouveau titre, marquée par la tragique histoire de Lady Diana, est immense. Devenue irremplaçable au sein du clan Windsor, nul doute que Catherine possède les qualités pour honorer cette mémoire encore vivace tout en s’affirmant avec douceur et persévérance. Car l’épouse de l’héritier du trône assume sa mission pleinement et avec autant de générosité qu’elle joue du piano à l’abbaye de Westminster pour le traditionnel concert de Noël, qu’elle éclipse Tom Cruise à la première anglaise de Top Gun ou qu’elle réconforte une enfant en deuil d’Élisabeth II devant les grilles du château de Windsor.
Aujourd’hui, l’argument "trop parfaite" ne tient plus. Elle est simplement parfaite. Et face au désistement de Harry ou au scandale d’Andrew, l’exemplarité s’impose. Dans les mois, les années à venir, le prince et la princesse de Galles vont devoir faire encore plus et toujours mieux. En marge des funérailles, des idées émergent déjà. Une tournée du couple en Australie l’année prochaine est envisagée afin de resserrer les liens avec ce pays-continent du Commonwealth, dont le gouvernement ne cache pas la volonté d’indépendance.
La question de la relation avec le pays de Galles se pose également. Mark Drakeford, le Premier ministre, a déclaré à la BBC avoir eu une conversation "chaleureuse" avec William peu après l’annonce du roi Charles. Selon l’édile, le prince souhaite "regarder vers l’avenir, prendre le temps dont il a besoin pour assumer les responsabilités et façonner le travail dans le sens qui lui conviendra à lui, au pays de Galles et au XXIe siècle".
L’investiture de prince de Galles sera sans doute moins médiévale que celle de Charles en 1969 au château de Caernarfon. La cathédrale de Cardiff, au décor plus sobre, pourrait accueillir la cérémonie. "ls veulent s’assurer que l’événement vise à célébrer la nation galloise plutôt que de se concentrer sur eux […] et que tout ce qu’ils feront soit conforme aux souhaits des Gallois", explique un proche du couple. En revanche, la place de Catherine dans ce dispositif reste à créer.
Dans l’histoire de la monarchie anglaise, le prince de Galles était, jusqu’alors, intronisé avant de se marier. William, en revanche, est loin d’être en terra incognita. Pilote d’hélicoptère de 2010 à 2013, il fut le premier membre de la famille royale à vivre au pays de Galles depuis Henri VII. Ces jeunes années de relative insouciance restent parmi les plus douces qu’il ait partagées avec Kate. Au point de forger, au sein du couple, une affection intime et profonde pour les terres galloises et leur beauté sauvage.
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