Le prince Harry attaque son père et sa grand-mère

Après l’interview choc accordée à Oprah Winfrey peu avant la mort de son grand-père, le duc de Sussex s'est livré à une nouvelle psychanalyse médiatisée dans le podcast américain Armchair Expert. Pas vraiment de quoi calmer le jeu avec Buckingham.

Par - 19 mai 2021, 06h00

 Les princes William et Harry aux funérailles de leur grand-père, en avril 2021. Un mois plus tard le cadet tire de nouveau à boulets rouges sur sa famille.
Les princes William et Harry aux funérailles de leur grand-père, en avril 2021. Un mois plus tard le cadet tire de nouveau à boulets rouges sur sa famille. © Victoria Jones/PA Wire /ABACAPRESS.COM

C’est une émission de psychanalyse diffusée sur toutes les plateformes de podcasts – émissions audio-numériques, téléchargeables à volonté. Les invités d’Armchair Expert répondent aux questions des acteurs et présentateurs Dax Shepard et Monica Padman, sur le mode analytique, un peu à la manière, autrefois, de Bas les masques de Mireille Dumas ou du Divan d’Henry Chapier. La famille royale britannique, cette "Firme" qu’il accuse de tous ses maux, pouvait espérer qu’il avait tout déballé en deux heures de temps face à Oprah Winfrey, sur CBS. Mais le duc de Sussex a encore, semble-t-il, bien des reproches à formuler.

Harry et Meghan "libérés", mais à quel prix ? 

La "souffrance héritée", d’abord. Celle dont le prince Charles et la princesse Diana l’auraient bien involontairement chargé : "Si j’ai moi-même souffert à cause des expériences douloureuses de mon père ou de mes parents, je compte bien m’assurer de briser ce cycle de transmission [...] C’est beaucoup de douleurs et de souffrances génétiques qui se transmettent dans les familles. Nous, parents, devrions faire le maximum pour nous assurer que nos enfants n’aient pas à porter ce poids." Le prince laisse entendre que son père, Charles, le traiterait "comme lui-même avait été traité". De quoi choquer plus encore l’opinion britannique quelques semaines à peine après la mort du prince Philip.

Le prince Harry pose auprès de Dax Shepard et de Monica Padman. © armchairexpertpod.com
Le prince Harry pose auprès de Dax Shepard et de Monica Padman. © armchairexpertpod.com

Même si le duc de Sussex se défend. "Je ne blâme personne. Je ne pense pas que nous devions pointer quelqu’un du doigt…" Pour soustraire son fils Archie – et bientôt sa fille – à cette atmosphère que la presse britannique rendrait plus toxique encore, Harry et Meghan se sont réfugiés en Californie. Là, le couple se sent "libéré". "Ici", confie le duc de Sussex à ses thérapeutes médiatiques, "je peux lever la tête dans la rue. Je me sens différent. La pression est retombée, pour moi comme pour Meghan. Nous nous promenons en nous sentant un peu plus libres. Je peux faire du vélo avec Archie. Je n’avais jamais eu la chance de le faire." 

Mais cette émancipation a un prix. Celui de la sécurité de sa famille, qui n’est plus assurée par le contribuable anglais. Heureusement, dans l’Eldorado californien, c’est bien connu, tout est possible. Et l’estimation de dix millions de dollars nécessaires à la protection de sa famille serait largement couverte par les contrats que le prince et son épouse ont signés avec les plateformes Netflix et Spotify pour plus de cent millions de dollars. Harry pense-t-il sincèrement échapper à cet enfer de la royauté qu’il dénonce et compare à la vie dans un zoo ? "Quand j’avais la vingtaine, je me disais : je ne veux pas de ce travail ; je ne veux pas être ici ; je ne veux pas faire ça", commente-t-il dans le podcast en se plaignant du poids de l’institution.

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Si, dans sa jeunesse, le prince fuyait les projecteurs, ses horizons étaient bien plus réels et vastes que ceux d’un Jim Carrey, auquel il se compare, enfermé dans la téléréalité du Truman Show. Aujourd’hui, celui qui dit avoir retrouvé son indépendance, et qui aspirait à fuir la presse, est plus médiatisé que jamais, et même invité vedette d’émissions américaines grand public dont l’audience est cinq fois plus élevée qu’en Grande-Bretagne. À cette différence que désormais, le duc de Sussex n’est plus au service de Sa Majesté ou du Royaume-Uni mais de lui-même et de sa famille. Ni Clarence House ni le palais de Buckingham, évidemment, ne commentent…

Le prince Harry de plus en plus impopulaire outre-Manche 

Il y a un peu plus d’un mois, juste après les obsèques du prince Philip, Harry est retourné aux États-Unis l’avant-veille des 95 ans de sa grand-mère. Ces nouvelles révélations, au lendemain de l’ouverture du Parlement qu’elle a courageusement assurée, malgré son deuil et sa fatigue physique, ne peuvent laisser Élisabeth II indifférente. Si la reine ne se plaint toujours pas publiquement des frasques de ce petit-fils autrefois préféré, les journaux britanniques ne s’en privent pas. "Sans honte, Harry attaque son père, la reine et Philip…" lit-on dans le Sun. "Jusqu’où descendra-t-il ?" titre le Daily Mail.

Si la stratégie d’Harry et Meghan fonctionne plutôt bien aux yeux du public américain, les Britanniques ne sont plus prêts à pardonner l’enfant terrible comme autrefois. Certains pensent même qu’il ne se présentera pas à l’hommage donné à la mémoire de sa mère le 1er juillet prochain. Une statue de l’artiste Ian Rank Broadley doit être dévoilée en présence des princes William et Harry, au Sunken Garden du palais de Kensington. La princesse Diana, qui aurait eu 60 ans cette année, ne pourrait que se désoler de la discorde entre ses fils adorés. Les deux frères autrefois si complices ont expressément demandé à prononcer chacun un discours différent.

Image d'un bonheur passé : la famille du prince et de la princesse de Galles dans leur résidence d'Highgrove. © Getty Images
Image d'un bonheur passé : la famille du prince et de la princesse de Galles dans leur résidence d'Highgrove. © Getty Images

Pourtant, c’est ensemble qu’ils avaient commandé l’œuvre, en 2017. "Cela fait vingt ans que notre mère est morte et, avec cette statue, il est temps de reconnaître son influence positive au Royaume-Uni et partout dans le monde." À cette époque, Harry de Galles était le membre le plus populaire de la dynastie avec sa grand-mère la reine Élisabeth II. Aujourd’hui, contrairement à son avatar du Truman Show auquel il se compare, son capital sympathie s’est effondré. Et par contraste, ses confessions en public mettent en lumière la solidité et le sérieux de son frère William si longtemps méjugé.

Par Fanny del Volta et François Billaut

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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