Depuis des mois que le livre est annoncé, chacun s’attend à un brûlot. À commencer par la principale intéressée. La duchesse de Sussex, selon ce qu’ont laissé fuiter ses communicants américains, aurait fondu en larmes et aurait eu "le cœur retourné" en apprenant que sa sœur aînée, Samantha Markle, s’apprêtait à publier ces étranges mémoires, intitulés The Diary of Princess Pushy’s Sister, c’est-à-dire, Le Journal de la sœur de la princesse arriviste.
Tout un programme, surtout lorsqu’on se souvient des tweets, des interviews au vitriol rapportées par la presse britannique au moment où la relation entre le prince Harry et Meghan Markle a été officialisée. Ses "princesse arriviste", "parvenue", "la reine serait consternée" ont fait les gros titres des tabloïds pour qualifier à ses yeux sa petite sœur et les sentiments que devait inspirer à Élisabeth II l’idylle de Meghan avec le prince Harry. Seulement, à la lire, apparaît aujourd’hui une version assez différente à propos de son premier entretien téléphonique avec un journaliste anglais.
Un portrait à charge contre la duchesse de Sussex ?
"Il a commencé par poser des questions sur notre famille et la ténacité de ma sœur. J’ai répondu, 'bien sûr, elle est déterminée et a travaillé dur pour atteindre le sommet'. Il a continué, 'diriez-vous que c’est une arriviste?' J’ai dit, 'je ne sais pas, j’imagine qu’en tant que femme, nous nous dépassons, nous poussons le plafond de verre, nous poussons pour trouver notre chemin vers le sommet. Évidemment, j’imagine que cela peut être de l’arrivisme si c’est ainsi que vous voulez le nommer.'"

Même travail, selon elle pour lui faire dire le mot "parvenue" et quant à "la reine serait consternée", c’est son compagnon qui aurait lancé cette phrase derrière elle en manière de boutade… Est-ce à dire que le livre entier se résume à un plaidoyer pro domo de Samantha Markle pour se libérer de l’image de "méchante fée" du mariage princier qui lui colle à la peau ? Certes, non.
Bien sûr, elle se place au centre de l’histoire, comme une personne qui aurait longtemps souffert d’être étouffée par une petite sœur à qui tout réussissait. Bien sûr, il y a des allusions déplaisantes, des sous-entendus perfides, des passages dégoulinants de bons sentiments. Mais au-delà, se dessine le portrait des principaux personnages d’une famille un brin dysfonctionnelle. À commencer par Doria, belle-mère de Samantha et mère de Meghan.
Samantha accuse Doria, la mère de Meghan
Elle qui a toujours semblé être la plus irréprochable n’est pas si parfaite aux yeux de l’aînée des sœurs Markle. Ainsi de cette scène au cours de laquelle Doria apprend à Samantha devant bébé Meghan qu’elle vient de créer sa société de vente de joaillerie bien-être. "Comment vas-tu appeler ton entreprise ?", l’interroge Samantha. "Three Cherubs, (trois chérubins), répond-elle sur un ton haut perché et pompeux […] Lorsque je lui demandais à quoi se rapportait ce nom, ma curiosité fut aussitôt douchée. En un rejet inattendu, elle dit, 'cela fait allusion à moi, Flower (Meghan) et Bunky (Thomas Markle)' […] Il était dès lors évident qu’elle voulait avoir une famille qui nous excluait mon frère et moi."

À en croire Samantha, Doria profite des absences professionnelles de son père pour faire la fête à la maison et inviter nombre de ses amis. L’aînée des sœurs Markle rapporte aussi le malaise d’un ami de son âge face à l’attitude de sa belle-mère, lorsque les deux jeunes gens reviennent de la plage : "Nous avons croisé Doria au moment où elle descendait les escaliers. J’ai cru qu’elle avait fumé de la marijuana parce qu’elle lui a lancé un regard appuyé tout en lui souriant et disant, 'Hi Bra'”, sur un ton badin. Il a viré au rouge écarlate, et nous nous sommes dépêchés vers la salle de jeux. Brad ne cessait de me murmurer combien il était embarrassé. Je n’ai jamais rien dit à mon père mais cela ressemblait à un flirt outrancier et Brad n’a plus remis les pieds à la maison pendant des semaines."
Un peu plus loin, c’est une collaboratrice de Thomas Markle, sur un plateau de tournage, qui assure à Samantha que Doria utilise et manipule son père. C’est d’ailleurs lui, le héros du livre, celui que sa fille aînée s’attache à réhabiliter et à faire connaître dans toute son humanité.
La tyrannie de Meghan au sein de sa famille
Samantha dépeint un homme généreux, un père attentif : "Meg a fini par vivre la plupart du temps chez papa et voyait sa mère le week-end, et pas de façon régulière". Il aura tout donné à Meghan pour lui permettre d’être heureuse et d’avoir la meilleure éducation, la plaçant dès l’enfance dans des établissements privés de renom et l’inscrivant ensuite à la prestigieuse université Northwestern d’où elle sortira diplômée en théâtre et relations internationales. Selon Samantha, Thomas Markle aurait déboursé un million de dollars pour les études de Meghan.
De là viendrait la faille dans le caractère de la duchesse de Sussex. Petite dernière de la fratrie, unique enfant de sa mère, elle est au cœur de l’attention familiale et entend régner sans partage. Les indices de cette tyrannie se multiplient au fil du livre. Comme lorsque des amis disent à Samantha qu’elle va devenir une star quand elle décroche un petit rôle dans la série Matlock. Samantha, alias "Babe", voit Meghan se rembrunir et replace sa petite sœur au centre de l’attention générale pour lui faire retrouver le sourire.
Samantha n’est pas la seule cible des diktats de sa sœur. Leur père aussi en fait les frais. Encore adolescente, Meghan somme Thomas Markle de quitter la production de Damn Yankees, où il doit travailler comme directeur de la photographie, en raison d’un désaccord qu’elle a avec une personne impliquée dans le projet. "Parce qu’il a refusé de se plier à sa volonté, elle a refusé de lui adresser la parole pendant deux semaines et est allée habiter chez sa mère."
Effacer Samantha de son histoire de conte de fées
Mais le pire est à venir, avec le mariage princier. Cette fois, c’est un ultimatum que pose Meghan à son père, selon Samantha Markle. "Je lui ai demandé, 'papa, que voulais-tu dire en me confiant qu’elle n’était pas gentille au téléphone mais que lorsque Harry était dans la pièce, elle se montrait plus aimable ?' Il m’a répondu, 'c’est plus que ça'. Après une pause pleine de chagrin, il a continué à contrecœur : 'Elle a dit, papa, tu n’as pas besoin de Babe et de Tom. Tu n’as pas besoin d’eux !', à quoi il a répliqué, 'tu me demandes de renier mes enfants ? Je ne peux pas faire ça ! Je vous aime tous de la même façon. Je ne vais pas renier mes enfants, c’est de la folie. Tu ne peux pas me demander de faire ça !' Et d’un ton condescendant, elle lui a asséné, 'alors, je n’ai rien d’autre à ajouter. Nous n’avons rien d’autre à nous dire'."

Samantha est formelle, c’est là l’unique raison pour laquelle son père ne pouvait assister au mariage de Meghan et Harry. Il fallait rayer le reste de la fratrie de l’histoire, faire de la mariée la seule enfant de ses deux parents. Et seule Doria pouvait accréditer cette fiction. Les faux pas ultérieurs de son père sont juste des prétextes.
C’est d’ailleurs Samantha qui a...
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