Ils marchent côte à côte dans la cour de l’école primaire de Stratford, à l’est de Londres, un de ces établissements rouverts depuis le début de la semaine, après un long confinement. En ce matin du jeudi 11 mars, William et Kate sont venus encourager enseignants et élèves. Au service de tous, comme chaque jour, mais dans un contexte extraordinaire.
Voir cette publication sur InstagramAu moment du départ, un journaliste interpelle le duc de Cambridge : "Avez-vous parlé à votre frère depuis l’interview ?" Le prince ne se dérobe pas : "Non, je ne lui ai pas encore parlé, mais je vais le faire." Une autre question fuse, en référence à l’une des accusations les plus choquantes lancées par les Sussex devant près de cinquante millions de téléspectateurs dans le monde : "La famille royale est-elle raciste ?" Une dernière fois, William se retourne, calme et ferme, "nous ne sommes en aucun cas une famille raciste".
Quand les politiques s'en mêlent...
Il est le premier à rompre personnellement le silence au terme de la période folle qui s’est ouverte après la diffusion aux États-Unis, sur CBS, le 7 mars 2021, de l’interview la plus malvenue pour le clan Windsor depuis celle donnée par Diana à la BBC, en 1995.
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Le moins que l’on puisse dire est que les Sussex occupent le devant de la scène. En Grande-Bretagne comme aux États-Unis, les passions s’exacerbent, les "pro" et les "anti" Meghan s’invectivent comme jamais, sans même examiner la réalité des faits.
Outre-Atlantique, dès le lendemain de l’émission, le clan démocrate se range derrière le couple princier qui lui a apporté un soutien à peine voilé durant la campagne présidentielle. À commencer par Hillary Clinton, à l’occasion d’un live sur le site du Washington Post, où elle épingle les tabloïds et la famille royale.
De son côté, la secrétaire de presse du président Biden, Jen Psaki, salue le courage de Meghan et Harry, "et c’est là certainement ce que pense le Président", même si l’on ménage la Couronne, en rappelant l’attachement des États-Unis à ses bonnes relations avec le Royaume-Uni.
Au même moment, à Londres, le Premier ministre Boris Johnson souligne sa "plus haute admiration pour la reine" mais refuse de répondre à la moindre question relative à l’interview de la discorde, considérant qu’il s’agit là d’une affaire privée.
Dommages collatéraux dans la presse
Encore éberluée, la presse cite elle aussi Élisabeth II en exemple… en contrepoint des Sussex : "La reine dit au Commonwealth ce que signifie vraiment servir. Le devoir prime tout", titre le Daily Mail. Tandis que le Telegraph insiste à la une : "La reine souligne l’importance de la famille, malgré les divisions."
Mais bientôt, la stupeur laisse la place à la colère. Sur ITV, dans son émission Good Morning Britain, Piers Morgan, lance l’assaut en clamant à propos de Meghan, "je ne crois pas un mot de ce qui sort de sa bouche […] Je pense que les dommages qu’elle a causés à la monarchie britannique et à la reine dans un moment où le prince Philip est à l’hôpital sont considérables et franchement méprisables."

Dans les heures qui suivent, les plaintes des pro-Meghan pleuvent à l’adresse de l’organisme de régulation de l’audiovisuel britannique. De son côté, la duchesse de Sussex, se serait alarmée, auprès de la directrice d’ITV, des propos tenus par son ancien ami Piers Morgan, non pour elle-même mais pour les conséquences qu’ils auraient sur les personnes qui tentent de faire face à leurs problèmes de santé mentale. Le résultat est le limogeage de l’animateur qui refuse de s’excuser au nom de sa liberté d’expression.
Réunion de crise entre Élisabeth II, Charles et William
Le mardi 9 mars, au lendemain de la diffusion… sur ITV de l’interview des Sussex, tous les regards se tournent vers le palais de Buckingham. Toujours aucune réaction alors que les secrétaires privés de la reine Élisabeth et du prince de Galles ont passé leur nuit de dimanche à lundi devant CBS pour servir un rapport circonstancié à la souveraine et à l’héritier du trône au petit déjeuner.
Les mêmes Edward Young et Clive Alderton ont ensuite participé à la réunion de crise tenue par Élisabeth II, Charles et William. Un communiqué a été préparé que la reine a refusé de signer. Elle entend se donner quelques heures de réflexion et préfère attendre que les Britanniques aient eu le temps de voir l’émission, de se faire leur propre idée.
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Ce n’est que le mardi à 17h30, heure de Londres, que le communiqué définitif est publié au nom de Sa Majesté. Un chef-d’œuvre de subtilité : "Toute la famille est attristée d’apprendre à quel point ces dernières années ont été difficiles pour Harry et Meghan. Les problèmes soulevés, particulièrement celui de la race, sont préoccupants. Alors que certains souvenirs peuvent varier, ils sont pris très au sérieux et seront traités par la famille en privé. Harry, Meghan et Archie seront toujours des membres très aimés de la famille."
Chaque mot a été pesé au trébuchet. "Apprendre" sous-entend que la famille royale l’a découvert avec l’interview et donc qu’il n’y a pas eu d’appel à l’aide lancé aux Windsor par les Sussex, contrairement à ce qu’ils ont affirmé. Ou, de façon plus consensuelle, que le mal-être du couple a été sous-évalué.
Le "certains souvenirs peuvent varier", à propos des accusations de racisme, dit de façon explicite que la famille royale s’inscrit en faux par rapport au récit de Meghan et Harry sur ce point précis. Ce que le couple présente ou ressent comme une attitude raciste, n’est pas vécu de la même façon par le reste de la famille.
L’élégance de la reine suite à l’interview de Harry et Meghan : « Toute la famille est profondément attristée d’apprendre l’ampleur des épreuves qu’ont traversé Harry et Meghan ces dernières années ». Le sujet du racisme est pris très au sérieux.#Harry #Meghan #Oprah pic.twitter.com/5ZkG55S24d
— Adélaïde de CT (@adeclermont) March 9, 2021Cela n’empêchera pas la souveraine de mettre les choses au point avec son petit-fils et Meghan, après avoir interrogé tout l’entourage royal pour faire le jour sur cette affaire. En outre, ces questions seront traitées "en privé". Autrement dit, assez d’étalage dans les médias, arrêtez les frais.
Enfin, les Sussex sont mentionnés uniquement par leurs prénoms, manière de répéter qu’il s’agit d’abord d’une affaire de famille. Manière aussi de rappeler qu’ayant choisi de ne plus être au service de la Couronne, il n’y a pas lieu pour eux d’utiliser leurs titres princiers.
En somme, leurs propos comme leurs actes n’ont plus aucun caractère officiel et n’engagent qu’eux. Enfin, en affirmant qu’ils "seront toujours des membres très aimés de la famille", Élisabeth II leur tend une nouvelle fois la main et les invite à se comporter autrement qu’en ennemis...
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