Assise à la gauche du prince Harry, Meghan tente d’accrocher le regard de Kate, esquissant même un petit geste de la main. En vain. Visage fermé, la duchesse de Cambridge prend place, ce 9 mars 2020, dans l’abbaye de Westminster, pour assister à une cérémonie en l’honneur de l'Organisation internationale du Commonwealth au côté de son époux, le prince William, guère plus engageant.
Élisabeth II souhaitait montrer une image unie de son clan après deux mois de fortes turbulences. Mais cette séquence fait le tour du monde et occupe la une des journaux britanniques des jours durant. Illustrant de façon saisissante l’effet dévastateur provoqué par la décision du duc et de la duchesse de Sussex de quitter le devant de la scène royale. Non seulement sur les deux frères, que l'on pensait inséparables, mais aussi sur les deux belles-sœurs, visiblement mal à l’aise en présence l'une de l'autre.
Qu’il semble loin ce jour de Noël 2017, où toutes deux cheminaient côte à côte, souriantes, formidablement complices, en direction de l’église de Sandringham ! Ces quatre dernières années, Kate et Meghan ont dû apprendre à s’apprivoiser, à se comprendre. Sans jamais vraiment y parvenir. Les Britanniques les rêvaient en meilleures amies, la réalité se révèle moins idyllique. Car tout oppose les belles-filles du prince Charles, que la vie a réunies contre toute attente.
Deux belles-soeurs que tout oppose
Catherine Middleton est britannique, Meghan Markle américaine. La première, beauté discrète et délicate, se construit entourée d’amour dans une famille de la bourgeoisie fortunée du comté de Berkshire. Elle rencontre le prince William alors que tous les deux étudient à l’université écossaise de St Andrews. À 29 ans, après neuf ans d’amour, elle lie son destin à celui du petit-fils d’Élisabeth II, futur roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord – le conte de fées moderne par excellence.
La seconde connaît un parcours de vie plus cabossé, qui finit lui aussi par trouver son happy end. Née d’un second mariage, Meghan grandit à Los Angeles au sein d’une cellule familiale fragilisée. Titulaire de l'un des rôles phares de la série télévisée Suits, elle est une actrice connue à l’international et a déjà construit sa vie de femme lorsqu’elle fait la connaissance du prince Harry, de trois ans son cadet.
Divorcée, engagée dans l'humanitaire et revendiquant des opinions résolument féministes, l’Américaine rompt avec les usages en vigueur chez les Windsor. À l’inverse de Kate, ancrée dans les conventions. Plus que la réunion de deux mondes, entre Kate et Meghan, c’est le choc des cultures.
Des débuts pourtant prometteurs
Au service des intérêts de la Couronne, les deux femmes, aussi glamour et gracieuses l’une que l’autre, auraient pu former une équipe formidablement complémentaire. Entre elles, tout avait d'ailleurs bien commencé. En janvier 2017, Kate accueille Meghan avec bienveillance. Brève mais chaleureuse, leur première rencontre se révèle pleine de promesses. D’un côté comme de l’autre, le courant passe. À l’évidence, le flegme britannique et l’expansivité américaine peuvent trouver un terrain d’entente.
Celle qui est alors la petite amie du prince Harry fait preuve d’une délicate attention en offrant un cadeau d’anniversaire – un cahier en cuir de la marque Smythson – à Kate, qui vient de célébrer ses 35 ans. L’épouse du prince William apprécie le geste. Sans doute se réjouit-elle de pouvoir désormais partager la pression médiatique qu’elle subit depuis son mariage avec une autre jeune femme de son âge. Rompue, qui plus est, à l’exercice de la représentation.
Les premiers mois, Kate, élève modèle de la famille royale, guide Meghan en coulisses, lui glisse quelques conseils dans cet univers ultra-codifié, dont l’ancienne actrice a tout à apprendre. Les belles-sœurs montrent une image unie, complice. Comme ce jour de février 2018 où, aux côtés de leurs époux, elles effectuent leur premier engagement officiel ensemble à l’occasion du forum de la Fondation royale, à Londres.
À première vue, tout paraît aller pour le mieux au palais de Kensington, où les deux couples sont domiciliés. Mais derrière les sourires, leur relation commence à se déliter.
Une suite de maladresses et de déceptions
Les rumeurs de tensions fleurissent dans la presse britannique. Entre la duchesse de Cambridge et la duchesse de Sussex, il n’y a pas eu d’élément déclencheur à proprement parler, mais une suite de maladresses, de déceptions. De ressentiments liés à la personnalité de chacune qui, petit à petit, ont fini par reprendre le dessus.
L’arrivée de Meghan, femme forte et indépendante, fait souffler un vent de fraîcheur sur l’institution monarchique. L’Américaine avait, jusqu’ici, toujours conduit sa vie comme elle l’entendait, avec une liberté de parole assumée. Pas facile pour elle de comprendre et de se plier aux usages en vigueur au sein de la famille régnante.
Au cours de l’hiver 2018, la duchesse de Sussex est décrite comme autoritaire, tatillonne, exigeante envers son équipe. Et celle des autres – Kate n’aurait ainsi pas apprécié que Meghan s’emporte contre un membre de son propre staff. Une intransigeance dont l’épouse du prince William aurait elle-même fait les frais durant les préparatifs du mariage du duc et de la duchesse de Sussex. L’incident au sujet de la tenue de la princesse Charlotte aurait laissé Kate, à bout de nerfs, en larmes.
Meghan se sent délaissée
Dès lors, pour Meghan, fini l’état de grâce ! Elle qui avait électrisé les foules, étonnées par son naturel, son empathie, sa sérénité, se retrouve maintenant la cible d’attaques injustes et de critiques répétées de la part des tabloïds.
Maman d'un petit Archie en mai 2019, elle doit aussi composer avec des déclarations acerbes formulées dans les médias américains et britanniques par plusieurs membres de sa famille paternelle. Une période douloureuse, durant laquelle la jeune femme aurait aimé être davantage soutenue par sa belle-sœur.
"Des fleurs pour son anniversaire c’était bien, mais Meghan aurait préféré que Kate lui rende visite durant les périodes les plus difficiles avec la presse", écrivent Omid Scobie et Carolyn Durand, auteurs de la biographie explosive du duc et de la duchesse de Sussex, Finding Freedom, sortie en août 2020.
Laissée seule face à ses détracteurs ? C’est en effet ce que semble penser Meghan, qui regrette aussi ce qu'elle considère comme une différence de traitement de la part de la maison royale à l'égard de sa belle-sœur, qu’elle juge davantage protégée, mieux défendue. Un supposé "deux poids deux mesures" qui donne l’amère impression au duc et à la duchesse de Sussex de ne pas avoir la place et le rôle qu'ils méritent.
Il est vrai que les jeunes gens, aussi populaires soient-ils, passent après les Cambridge, le couple héritier, dont l'image et l’emploi du temps officiel demeurent la priorité des...
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