Archives. Le mariage de Willem-Alexander et Maxima des Pays-Bas

Le 2 février 2002,  Willem-Alexander, prince héritier des Pays-Bas, épousait Maxima Zorreguieta, une ravissante Argentine. Un mariage d'amour pour lequel s'est battu le futur souverain... 

Par François Billaut - 02 février 2022, 08h56

 Le roi Willem-Alexander des Pays-Bas et son épouse la reine Maxima fêtent leurs vingt ans de mariage ce 2 février 2022.
Le roi Willem-Alexander des Pays-Bas et son épouse la reine Maxima fêtent leurs vingt ans de mariage ce 2 février 2022. © Reporters/ABACA

Leurs regards se cherchent sans cesse et ils se serrent la main avec intensité. Amsterdam est baignée d'un soleil argentin" ce 2 février 2002, une date que Willem-Alexander, l'héritier des Pays-Bas, et Maxima Zorreguieta, sa fiancée argentine, veulent inoubliable, et symbolique. Sa somme donne huit, chiffre de l'harmonie et de l'éternité, à l'image de leur amour. 

La jeune femme est rayonnante, solaire, dans sa magnifique robe de soie mikado ivoire, au décollecté  bénitier, signée Valentino. Un voile de cinq mètres, aux broderies d'inspiration ancienne, est retenu sur sa chevelure blonde par un diadème d'étoiles de diamants. Son bouquet de roses blanches, de gardénias et de muguet tenu à mains nues, Maxima incarne un étonnant mélange de majesté et de modernité.  

Mariage Willem-Alexander et Maxima des Pays Bas
William-Alexander et Maxima se sont dit oui en  l'église d'Amsterdam le 2 février 2002. ©  Zuma/ABACA

Sanglé dans son uniforme de la marine royale, le torse bardé de décorations, Willem-Alexander, le prince d'Orange, héritier du trône des Pays-Bas, l'attend depuis quelques minutes sur le Dam, devant le palais royal. Impatients, les jeunes gens s'engouffrent dans une Rolls-Royce noire des années 1950. Une salve de vingt et un coups de canon retentit, tirée du port d'Amsterdam. Le charme de la romance royale opère sur la foule. En ce jour de fête, les Néerlandais rivalisent d'imagination pour arborer la couleur de leur prince : boas, écharpes, fanions, même les chiens et les motards sont au diapason. 

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Le maire, Job Cohen, en queue-de-pie, accueille les fiancés à la Bourse de Berlage, une imposante bâtisse du XIXe siècle. Il demande pardon aux invités royaux de s'exprimer en néerlandais, et il résume avec humour les faits du jour : " Le yes ou si se dit ja. Vous devriez donc être en mesure de saisir l'essentiel de la situation !" Puis il se fait plus solennel et sérieux, envers le  prince et Maxima, à qui il exprime sa sympathie : "Pour l'observateur ordinaire, votre histoire se rapproche sans doute du conte de fées. Mais vous avez déjà fait l'expérience de ce que cette position implique comme contraintes douloureuses, aujourd'hui encore." À cette allusion à peine voilée à l'absence de ses parents, la jeune femme réprime un mouvement de tristesse. Et ses yeux sont baignés de larmes quand elle prononce le ja d'une voix grave.

Dans un premier temps, Maxima suscite la méfiance 

Sa vie a tant changé depuis sa rencontre avec le prince, en 1999, sur les rives du Guadalquivir, pendant la feria de Séville ! Si la reine Beatrix, sa future belle-mère, s'est révélée dès le début une solide alliée, l'enthousiasme des Néerlandais, à l'annonce de fiançailles, le 30 mars 2001, était plus mitigé. Dans ce pays où l'on ne plaisante pas avec le politiquement correct, Maxima n'a pas le profil idéal d'une future souveraine. Le passé de son père, Jorge Zorreguieta, ancien ministre de l'agriculture du sinistre dictateur Videla, suscite la polémique. Le futur roi songe même à renoncer au trône pour épouser la femme qu'il aime. Mais à la controverse, les Néerlandais préfèrent toujours le consensus. Maxima a condamné sans réserve la dictature. Son père n'assistent pas à la cérémonie. Le chapitre est clos. 

La longue kyrielle des têtes couronnées gagne déjà la Nieuwe Kerke, l'église moyenâgeuse voisine du palais. Sont présent Caroline et Ernst-August de Hanovre, Charles d'Angleterre, la reine de Danemark, le roi et la reine de Suède, les grands-ducs de Luxembourg, les souveraines belges, Noor de Jordanie et Sophie d'Espagne. Un silence recueilli plane sous les voûtes gothiques quand Willem-Alexander conduit son épouse à l'autel. Le révérend Ter Linden et le père Rafael Braun, argentin, célèbrent l'union oecuménique : le prince appartient à l'église réformée,  Maxima est catholique. 

"Vous avec dû souvent vous interroger sur votre décision de suivre Willem-Alexander dans un pays si loin du vôtre, auprès d'un peuple que vous ne connaissiez pas, avec une histoire, une identité et une culture si différente..." commente le prélat. Sûre de son amour, Maxima n'a pourtant pas beaucoup hésité. Sa forte personnalité, comme sa spontanéité toute latine, lui ont permis de séduire ses nouveaux compatriotes. D'autant qu'elle a appris leur langue, pourtant complexe, avec une facilité déconcertante. 

Mariage Willem-Alexander et Maxima des Pays Bas
Le jeune couple dans le carrosse d'or en direction du palais, avant de partir en lune de miel. ©  Zuma/ABACA

Le prince passe au doigt de la jeune femme un simple anneau de platine qui rejoint sa bague de fiançailles, ornée d'un très rare diamant... orange. Elle devient princesse, par amour. Quand résonne dans le sanctuaire Adios Nonino, un tango d'Astor Piazzolla, les larmes submergent à nouveau Maxima. Puis le soprano Miranda van Kralingen chante un très bel Ave Maria, concession catholique au rite protestant. Et le couple passe sous la haie des épées des officiers de Marine aux sons de " À Toi la gloire, Ô Ressuscité" de Haendel.

Depuis des semaines la "maximamania" s'est emparée des Pays-Bas. Dans la ferveur populaire, le couple peine à gagner l'étonnant carrosse d'or de la reine Wilhelmine, qui les conduit au palais. Bientôt sous une pluie de pétales dorés et de confettis orange, Willem-Alexander et Maxima apparaissent au balcon de la place du Dam. Ils s'embrassent tendrement, et à plusieurs reprises, pour la plus grande joie du public. "Je suis latine et je veux le rester", répète la princesse. Une ultime apparition joue contre joue, et les princes rejoignent la prestigieuses assemblée pour le déjeuner. 

Un somptueux banquet pour clore les festivités

La reine Beatrix offre à ses invités un délicieux menu français. Le cocktail de langoustines et les tartelettes au turbot sauce vin blanc sont accompagnés par un chassagne-montrachet premier cru Morgeot 1996. Les entrées sont suivies de médaillons de chevreuil rôtis, sauce au thym, servis avec du chou rouge, des pommes golden delicious aux airelles rouges et des pommes de terre duchesse. 

Le tout arrosé de château-figeac 1975. Pour terminer, la tarte de la mariée et les petits mokas sont rafraîchis, Maxima oblige, par un vin champagnisé Argentina Chandon brut. Le banquet clôture trois journées de fêtes, débutées le 31 au soir par un grand spectacle à l'Amsterdam Arena. Le bal a eu lieu la veille, au palais royal. Willem-Alexander et Maxima, dans une étonnante robe de dentelle d'or de Valentino, l'ont ouvert sur la musique de New York, New York. 

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Les jeunes mariés, heureux mais fatigués, prennent congé de leurs convives. Ils courent embrasser les parents de la princesse, quelque part en Europe, dans un lieu tenu secret. Leur lune de miel, reposante mais sportive, a pour cadre la station chic de Saint Moritz, dans les Alpes suisses. À leur retour, ils s'installeront dans leur château d'Eikenhorst, à Wassenaar, non loin de la Haye, où naîtront bientôt les trois princesses : Catharina-Amalia, l'héritière du trône, et ses petites soeurs Alexia et Ariane

Mariages de légende de François Billaut, édition Express Roulart, 205 pages.

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

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