Au matin de ce 8 octobre 2024, le grand-duc ressentira forcément un petit pincement au cœur. Un certain soulagement aussi. Son fils, le prince héritier Guillaume prend, ce jour, ses fonctions de Lieutenant-Représentant. Un rôle qui lui permet de se voir déléguer certaines tâches dévolues jusqu'ici au seul grand-duc, afin d'assurer une transition en douceur vers une future abdication. Un partage du pouvoir qui n'est pas pour déplaire à Henri de Luxembourg, chef de l'État depuis 24 ans.
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Ressent-il une certaine mélancolie ? "Oui, mais je pense que c'est tout à fait normal" explique-t-il à Claude Zeimetz et Maurice Molitor, journalistes luxembourgeois, dans un podcast filmé enregistré spécialement pour l'occasion. "Et je suis extrêmement heureux. Tout d'abord parce que Guillaume est très bien préparé. J'ai exercé les fonctions de chef d'État pendant 25 ans, sans compter les années en tant que Grand-Duc héritier. Cela représentait aussi beaucoup de travail. Je suis donc très heureux d’entamer maintenant cette nouvelle étape de ma vie. Je n'aime pas vraiment le mot retraite, mais ça y ressemble, oui…". De son côté, le prince Guillaume ressent la solennité de ce passage de témoin. "Je suis stressé. Je sais depuis longtemps que ce moment allait arriver. Mais quand il arrive, c'est une tout autre affaire et je suis un peu nerveux" avoue-t-il devant les caméras.

La date a pourtant été choisie depuis longtemps. Annoncé le 23 juin dernier, jour de la fête nationale au Luxembourg, le choix du jour de cette cérémonie de lieutenance est une décision concertée, prise en famille. Alors qu'Henri de Luxembourg s'apprête à fêter ses 70 ans en 2025, il n'en avait que 43 lorsqu'il a lui-même hérité de la fonction de Lieutenant-Représentant de son père Jean, qu'il exerce pendant deux ans et demi avant de prendre ses fonctions officiellement en 2000. À 42 ans, Guillaume se sent, lui aussi, assez expérimenté pour reprendre une partie du flambeau. "J’ai une solide expérience en tant qu’héritier. Je pense que c’est le bon moment", dit-il.

Tous deux vêtus d'un costume sombre, les deux hommes démontrent une complicité évidente. De la douceur et de l'harmonie, à l'image de la monarchie. "Je souhaite vraiment tout le meilleur au prince Guillaume et à la princesse Stéphanie. Et je suis à 100 % sûr qu'ils feront un travail merveilleux, maintenant avec la Lieutenance et plus tard en tant que Grand-Duc et Grande-Duchesse", confie, ému, Henri de Luxembourg, tandis que son fils lui dit "bravo" pour le travail accompli.
"Je dois vraiment lever le pied"
Comment s'opère la répartition des pouvoirs entre le grand-duc et son Lieutenant-Représentant ? Les deux hommes l'expliquent. Si le prince Guillaume compte bien garder les missions économiques et ses activités dans le domaine social, notamment auprès des jeunes, de nouvelles responsabilités lui sont confiées.

"Cette période de lieutenance me donnera la possibilité de m'impliquer davantage dans des dossiers auxquels je n'avais pas encore eu accès. C’est tout un autre volet de responsabilités, se familiariser avec la politique internationale et la diplomatie, les arrêtés à signer, l'ensemble du volet législatif, que je ne connais pas non plus parfaitement". Au Lieutenant-Représentant, les arrêtés et les accréditations, mais que reste-t-il pour le grand-duc ? Henri de Luxembourg l'assure, il reste le chef de l'État et donc son symbole. "Je pense que tout ce qui concerne les visites d'État et les grands événements ici dans le pays et à l'international, je continuerai à les faire", répond-il aux journalistes.

"Je veux vraiment donner beaucoup plus de responsabilités au Prince Guillaume, car je pense que je dois vraiment lever le pied", avoue Henri de Luxembourg. Avec son épouse Maria-Teresa, ils comptent bien prendre plus de repos, et passer plus de temps avec leurs petits-enfants, ou dans leur résidence de Biarritz en France.

Qui dit lieutenance, dit forcément abdication. La date est connue mais elle ne sera pas révélée tout de suite au peuple luxembourgeois. "Chaque chose en son temps" martèle le grand-duc. "D’abord, faisons la lieutenance. Cela commence cette semaine. C'est une première étape. Et ensuite nous poursuivrons avec la deuxième étape". Le mystère reste entier.