Sous les arcs gothiques hauts à tutoyer le ciel, Monseigneur Jean-Claude Hollerich sourit aux fiancés puis à l’assemblée où les robes des invitées sèment des notes vives parmi les messieurs tous en habit. L’archevêque de Luxembourg est loin de ses terres en cette basilique varoise de Saint-Maximin, c’est pourtant lui qui préside la cérémonie. À cela une raison simple, qu’il livre dès l’ouverture de la célébration: "Un mariage princier est toujours quelque chose de spécial parce qu’il porte en lui une part de rêve."

L’union de Félix de Luxembourg avec Claire Lademacher ne déroge pas à cette règle. D’abord en raison du lieu même. "Nous avons tous les deux de merveilleux souvenirs des vacances d’été passées dans le sud de la France,que ce soit dans la propriété de mes parents, près de Lorgues, ou encore chez mes futurs beaux-parents à Cabasson, confiait Claire peu avant la célébration. L’idée de se marier en Provence s’est dessinée tout naturellement."
Le Midi est leur éden, un synonyme du bonheur. Et à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, en ce samedi 21 septembre 2013, le Midi déploie commeà plaisir tous ses sortilèges, sa chantante poésie. Place de l’Hôtel de ville, regardant le parvis Charles d’Anjou ainsi nommé en mémoire du roi de Naples et de Jérusalem, comte de Provence, qui découvrit ici le sarcophage de sainte Marie-Madeleine, un buste de Frédéric Mistral somme une fontaine au babil cristallin. Gravés dans la pierre, quelques vers du grand félibre de la langue d’Oc célébrant "Sant Meissemin".

Au bout du parvis, fermant la place, se dresse la basilique Sainte-Marie-Madeleine, la plus vaste église gothique de Provence, avec son entrée à jamais inachevée, comme si elle ouvrait sur l’infini céleste. Déjà, le long des barrières, le public se presse composé de Saint-Maximinois, mais aussi deHollandais, de Belges et bien sûr de Luxembourgeois, tous impatients de voir arriver le cortège princier. Photographes de presse et cameramen piaffent eux-aussi sur leurs emplacements.
Dans le cortège officiel, la famille grand-ducale au complet, des princes et des archiducs
Il est dix heures, la grand-porte de la basilique s’ouvre, les premiers invités s’installent dans les travées. Au total, trois cent soixante-dix personnes vontassister à la cérémonie: familles, naturellement, et beaucoup d’amis du jeune couple qui a souhaité un mariage très privé. Simplement, il se trouve que les uns et les autres comptent nombre de princes ou d’archiducs dans leurs rangs.

Voici le cortège officiel. D’abord, celui des premiers témoins du couple où les jeunes femmes, habillées de longues robes lavande, sont coiffées de couronnes de feuilles de vigne. Une allusion à la propriété des Lademacher, magnifique domaine viticole situé à quarante kilomètres de Saint-Maximin, à Lorgues où aura lieu la soirée privée et où vivront les jeunes mariés comme ils l’ont annoncé il y a quelques semaines.

Vient ensuite la princesse Tessy entre son époux, Louis, et son beau-frère Sébastien. Puis la princesse Alexandra auprès de Félix Lademacher, le frère de Claire. Enfin, le grand-duc héritier Guillaume et la grande-duchesse héritière Stéphanie dans un ensemble bleu tendre griffé Stéphanie Le Grelle. Par les portes ouvertes, l’assistance peut entendre la foule, sur la place, saluer chaque arrivée d’exclamations ponctuées d’applaudissements. Le grand-duc de Luxembourg et Madame Lademacher, toute de Dior vêtue, remontent la nef.
La mariée est sublime dans sa robe de soie Chantilly signée du couturier Elie Saab
Dehors, la fièvre monte. Apparaissent le prince Félix et sa mère qui a opté pour un ensemble Armani rose fuchsia. Au moment de pénétrer dans la basilique, leurs yeux brillent d’émotion. Félix est maintenant devant l’autel,seul. Il fait un petit signe d’affection à son grand-père, le grand-duc Jean, venu par une porte latérale afin d’économiser ses pas. Puis se tourne vers l’entrée pour voir arriver Claire.

Dehors, on crie "Vive la mariée!" Une Rolls Phantom argent s’est arrêtée devant le parvis. En sortent Monsieur Lademacher et Claire, sublime dans sa robe de soie Chantilly rebrodée de motifs de feuillage, création exclusive du couturier Elie Saab. Son long voile de dentelle est tenu par un diadème de diamants porté lors de leur mariage par les quatre filles de la grande-duchesse Charlotte, le diadème… aux feuilles de vigne. Claire et son père sont précédés des petits princes Gabriel et Noah, promus enfants d’honneur et vêtus en pages.
"Félix, je te reçois comme époux et je me donne à toi"
Parvenu devant l’autel, Hartmut Lademacher enlace sa fille et donne l’accolade à son gendre, avant d’aller s’asseoir. La célébration peut débuter. Éclatent les accents envoûtants du Kyrie D’une Messe pour la paix. Cette oeuvre contemporaine du compositeur Karl Jenkins est interprétée par les Pueri cantores et l’Orchestre de chambre du Luxembourg venus spécialement du grand-duché. La première lecture, tirée de la Genèse, dit la création de l’homme et de la femme. Et inspire Monseigneur Hollerich dans son homélie. "L’homme n’est pas homme s’il n’est capable d’amour. L’homme a besoin de la femme et la femme a besoin de l’homme. Ce n’est qu’ensemble qu’ils sont à l’image de Dieu… Tout ce que vous possédez n’est rien comparé à l’amour qui vit dans vos coeurs…"

Avant de procéder à l’échange des consentements, l’archevêque de Luxembourg glisse mezzo voce, en montrant le fils cadet de Louis et Tessy, "j’ai un secret, c’est l'anniversaire du prince Noah". Du coup, le prélat en oublie le début de la liturgie du sacrement pour se rattraper au bout de quelques instants et remettre de l’ordre dans la cérémonie. Les phrases rituelles sont prononcées en allemand par Félix. Et en français par Claire: au moment de dire "Félix, je te reçois comme époux et je me donne à toi", sa voix se brise un instant.
A la sortie de la basilique, Claire et Félix, fous de bonheur, lèvent leurs bras joints
Quand enfin ils sont mariés, l’assemblée applaudit longuement. Après la communion, le petit prince Gabriel va remettre le bouquet de Claire aux pieds de la statue de la Vierge, suivantla tradition, tandis que les Pueri cantorum chantent le Salut à Notre-Dame, un cantique en luxembourgeois. À la bénédiction finale succède l’hymne national, Ons Heemecht. La signature des registres par les mariés, leurs témoins et les célébrants sefait aux accents de Paradise, de Coldplay, nouvelle touche de modernité dans cette célébration, après Karl Jenkins. Lorsqu’ils franchissent le seuil de la basilique, Félix et Claire de Luxembourg lèvent leurs bras joints en réponse aux bravos de la foule.

Les flashes crépitent. Puis le cortège se reforme, mariés en tête, et se dirige à pied vers le Couvent royal contigu à la basilique, vidé de ses dominicains depuis le milieu du XXe siècle et devenu un hôtel. Là, dans les jardins du cloître soulignés de buis, piqués d’ifs, se déroule le cocktail. Des buffets ont été dressés pour le lunch tandis que les félicitations s’échangent, que les groupes se mêlent, une coupe à la main.

Ce soir, les mariés et leurs invités se retrouvent à Lorgues, dans la propriété des Lademacher, pour un dîner assis de trois cents couverts. Déjà les témoins finalisent leurs discours, Déjà la jeune génération se réjouit de danser jusqu’au bout de la nuit. Demain, Félix et Claire partent en voyagede noces. Destination connue uniquement du marié. Mais une certitude, comme tous les gens heureux ils seront seuls au monde. Le rêve continue.
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