Beatrice d'Orléans nous reçoit en famille à Marbella

Elle est le point de ralliement de sa chère tribu. Et aucun de ses quatre enfants et onze petits-enfants dispersés de par le monde ne manquerait ce rendez-vous. Dans sa maison de la Costa del Sol, l’été s’écoule dans la joie d’être ensemble. Comme chaque année, pandémie ou non.

Par Antoine Michelland - 17 août 2020, 07h43

 Promenade les pieds dans l’eau, sur la plage toute proche de la maison familiale de Marbella. Béatrice d’Orléans est au milieu de ses enfants, le prince François, les princesses Clotilde et Adélaïde, le prince Charles-Philippe.
Promenade les pieds dans l’eau, sur la plage toute proche de la maison familiale de Marbella. Béatrice d’Orléans est au milieu de ses enfants, le prince François, les princesses Clotilde et Adélaïde, le prince Charles-Philippe. © David Nivière

D’emblée, la sensation d’être au milieu d’un merveilleux caravansérail. Les petits jouent dans la piscine, les grands savourent un thé glacé sous la véranda; entrées, sorties se succèdent côté salon, côté patio; une conversation débutée en français se poursuit en espagnol, se croise avec un dialogue en portugais, une question posée en allemand, une réponse faite en anglais. Et toujours les rires, qui portent et unissent cette grande famille. 

"Ici, chacun vit à son rythme. Mais nous nous retrouvons aux repas, sourit la princesse Béatrice d’Orléans. Cela fait vingt ans que nous passons nos vacances tous ensemble à Marbella. Lorsque mes parents sont décédés, c’était à moi de prendre la relève pour réunir les enfants. Je suis très cartésienne. Nous avons cherché le lieu qui plairait à tous. D’abord, quel pays? Nous sommes tous très européens. Pour mes gendres, il fallait de très bons golfs et les meilleurs sont au sud de l’Espagne. Et aussi un endroit où les enfants pouvaient sortir. Puis il me semblait indispensable de pouvoir aller à la mer à pied."

L’Andalousie a toujours été chère au cœur des enfants de Béatrice. "Petits, nous allions à Séville, chez notre oncle Neco, le fils de dom Pedro d’Orléans-Bragance, se souvient la princesse Clotilde. Adélaïde et moi nous sommes d’ailleurs mariées près de Séville. Comme mes frères et ma sœur, j’ai grandi en Espagne. Bien que tout à fait française, je suis très madrilène."

Élégantissime en robe du soir Dior, au pied des escaliers menant au toit terrasse de sa maison, Béatrice d’Orléans, ancienne ambassadrice de LVMH pour la péninsule ibérique, a fondé l’Association espagnole du luxe. © David Nivière

À Marbella, quand Béatrice d’Orléans aperçoit pour la première fois cette maison d’ocre rose, ombrée d’arbres méditerranéens, c’est le coup de foudre. Elle l’achète. Et depuis, année après année, chacun se retrouve auprès de la maîtresse des lieux, pour se forger de nouveaux souvenirs. "Généralement, nous nous calquons sur l’agenda de Clotilde, puisque c’est elle qui vit le plus loin, à Miami. Cette fois, bien sûr, cela a été particulier. J’étais moi-même chez Adélaïde, à Bruxelles, juste avant le confinement. Je suis arrivée ici deux jours avant qu’il soit impossible de circuler. Il faisait un temps épouvantable. Je suis restée là, devant mon feu de cheminée, avec mes deux chiens, à relire Voltaire, Diderot et Rousseau. Avec délectation."

"Ici, ni pression ni programme établi, le farniente"

L’amour de Béatrice d’Orléans pour l’Espagne débute en 1973, quand elle s’y installe avec son époux, le prince Michel. "La vie à Madrid est une merveille. Mes quatre enfants ont grandi dans cette atmosphère heureuse et détendue."

Ancienne ambassadrice du groupe LVMH dans la péninsule ibérique, la princesse y a installé la marque Dior, qu’elle a quittée voici une dizaine d’années. Elle donne encore des conférences sur la haute couture et a notamment fondé, voici sept ans, Luxury in Spain, l’association espagnole du luxe qui compte aujourd’hui cent quarante membres. "Beaucoup d’entreprises moyennes, souvent familiales, pour lesquelles nous organisons des missions commerciales en Europe. Cela me vaut de recevoir l’ordre d’Isabelle la Catholique, la plus haute distinction espagnole."

Une partie de jacquet parmi ses petitsenfants: Almudena, Augustin, Éléonore, Gaetano, Isabelle, la fille unique du prince CharlesPhilippe et de la princesse Diane. © David Nivière

Très proche de la famille royale espagnole, Béatrice d’Orléans n’oublie pas que "Don Juan Carlos a été un énorme appui pour moi, notamment lorsque nous nous sommes séparés avec mon mari. Je suis choquée de voir qu’il fait aujourd’hui les frais d’une campagne antimonarchiste d’une injustice totale. Le roi Felipe est fantastique alors même que son rôle est devenu très compliqué. La reine Letitzia tient son rang avec intelligence et éduque remarquablement les deux infantes. Ils ont été très présents et exemplaires au cœur de la crise."

Le 31 mai, la princesse perd sa sœur, Yolande Pasquier de Franclieu, épouse du comte Hubert de Beaufort. Aussitôt, l’aîné de ses fils, Charles-Philippe d’Orléans, roule huit cents kilomètres depuis Estoril pour ne pas laisser sa mère seule. Avant que toute la famille se retrouve à Paris pour le dernier A Dieu.

La princesse Clotilde et les deux derniers de ses cinq enfants, Augustin et Éléonore.  À 15 et 13  ans, ils ont réussi à venir de Miami pour retrouver leurs cousins et leur grand-mère. © David Nivière

Si ses enfants viennent beaucoup la voir, elle va aussi souvent chez eux, aux États-Unis, au Portugal, en Belgique, "ou en Allemagne, chez les parents de Theresa, l’épouse de François. Elle et Diane sont moins pour moi des belles-filles que des filles en plus. J’ai une chance folle. D’autant que mes gendres et elles s’adorent." Ce qui facilite les vacances en famille à Marbella.

À Pâques, à Noël un an sur deux mais surtout chaque été. "Mes enfants et petits-enfants sortent peu quand ils sont ici. Ils sont tous collés ensemble, ils forment une piña, comme on dit en espagnol, serrés comme les écailles d’un ananas. Gaetano, le dernier enfant d’Adélaïde, dort dans la même chambre qu’Isabelle, la fille de Charles-Philippe et Diane, et que Philippe, l’aîné de François et Theresa. Ils ont des âges différents, parlent des langues différentes mais s’entendent à ravir."

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Les dîners se passent sur la terrasse du patio, empanadas, grandes salades et discussions interminables. "Nous avons recréé ici un environnement familial dont on ne pourrait plus se passer, insiste le prince Charles-Philippe. Maman est une grand-mère formidable. Elle prend le temps d’aller voir ses petits-enfants partout et à des dates importantes pour eux. Notre fille Isabelle aime lui lire des histoires, faire de longues promenades et discuter avec elle. Lorsque nous sommes ici, ni pression ni programme établi, le farniente." D’autant que les derniers mois ont été compliqués.

Des vacances en famille pour passer du temps ensemble

Au Portugal, où vit Charles-Philippe, sa société Crown, organisatrice d’événements sportifs, s’est retrouvée à l’arrêt du fait de la pandémie. Confiné à Estoril, le prince a distribué chaque jour des repas aux personnes sans revenus, tandis que son épouse développait le potager. "Je suis par ailleurs chargé de mission au sein de la fondation Albert II de Monaco et nous avons pu continuer de travailler sur la campagne de sensibilisation à la protection des océans. Notre projet de jet ski à hydrogène, avec Philippe Stark, devrait être lancé à l’été 2021." Charles-Philippe d’Orléans a aussi lancé en juin la société Nologopolo, une production 100% portugaise de polos tissés avec du coton issu du commerce équitable.

 François, Marie-Amélie et Philippe dans le jardin de Béatrice d’Orléans. © David Nivière

Le plus jeune de la fratrie, le prince François, a lui aussi l’écologie au cœur. Installé à Palma, paysagiste formé à l’Escuela de Batres, à Madrid, et auprès de Louis Benech, à Paris, il aime créer des jardins secs à partir de la flore méditerranéenne. "Je suis en train d’installer un potager sur le toit terrasse de l’immeuble que nous habitons à Palma. Nous avons aussi un projet de fondation autour de potagers péri-urbains à Majorque." 

Même pendant ses vacances, François d’Orléans travaille sur des chantiers paysagers aux environs de Marbella. "Ce qui ne nous empêche pas d’être ensemble, autour de Maman. Elle a un don pour ça. Comme l’avait ma grand-mère. Les cousins veillent les uns sur les autres. Isabelle aime beaucoup notre petite Amélie et Gaetano joue avec Philippe et va même le chercher quand il s’échappe."

Charles-Philippe d’Orléans et son épouse, née Diane de Cadaval, avec leur fille Isabelle, au bord de la fontaine de la Plaza de Los Aranjos, dans le vieux Marbella. © David Nivière

Tout comme son frère, la princesse Adélaïde marie travail et vacances. "C’est la rançon pour passer deux mois d’été en Espagne. À Marbella, le matin les miens ont leurs activités, l’après-midi est plus calme et le soir nous dînons en tribu, chez Maman ou dans un restaurant de plage, à deux pas." Et qui est un rendez-vous rituel des vacances. "Comme les calamars frits que nous y dégustons, s’amuse la princesse Clotilde. Ou les glaces de la Plaza de los Aranjos, à la sortie de la messe."

Ces vacances en famille rappellent à la princesse ce qu’elle a connu enfant et adolescente. "Nous allions chez ma grand-mère maternelle puis chez Grand-Maman –la défunte Comtesse de Paris– à Eu, ou chez nos tantes partout en Europe. Nous étions vite une vingtaine de cousins. Ni télévision ni téléphone… des séjours inoubliables. Aujourd’hui, c’est nous qui voyons grandir neveux et nièces avec le même bonheur lors de  ces cures de famille intensives."

 Photo de famille dans le jardin de la maison de Marbella. De gauche à droite, debout, François avec Philippe dans les bras, Charles-Philippe, Clotilde, Diane, Adélaïde, Theresa  avec Marie-Amélie dans les bras, Augustin. Assis, Almudena, Isabelle, Béatrice d’Orléans, Gaetano, Éléonore. © David Nivière

Avant le 10 août et la rentrée scolaire américaine, Clotilde d’Orléans regagnera Miami, où elle vit depuis dix-huit ans avec son mari et ses cinq enfants. "Louis-Nicolas travaille dans le marketing, Charles-Edouard est en sixième année de médecine à Baltimore, Gaspard en quatrième année d’études de finances à Babson College. Augustin pour l’instant pense surtout au football américain et Éléonore adore danser, beaucoup de contemporain mais aussi du flamenco. Quant à moi, je peins beaucoup et suis bénévole, notamment auprès d’une organisation sud-américaine pour enfants défavorisés."

Au Portugal pour un anniversaire, vers Compostelle sur la route Saint-Jacques, les uns après les autres les enfants vont repartir. La princesse Béatrice aussi, le temps d’un séjour en France avant de regagner Madrid. Jusqu’aux prochaines vacances, au prochain rassemblement de la piña Orléans. Le plus cher des rendez-vous.

Pour suivre les engagements de Charles-Philippe d’Orléans, www.nologopolo.pt et Fondation Prince Albert II de Monaco www.fpa2.org

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

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