Sous les dorures de la salle des hallebardiers, gardée par un imposant portrait de l’ancien roi Charles III, Letizia d’Espagne se trouve au centre d’une photo de groupe, d’ores et déjà considérée comme historique. Sur ce cliché, pris le 28 juin dernier, à la veille d’un sommet de l’Otan, capital pour l’avenir du monde, une trentaine de chefs d’État et de gouvernement se tiennent autour de Felipe VI et de son épouse. Jamais le palais royal de Madrid n’avait accueilli d’un coup autant de dirigeants internationaux ! Au fil de ces deux jours d’intenses discussions, la reine, consciente de l’enjeu, aura offert au monde la meilleure image possible de la famille royale espagnole : souriante, accueillante, glamour à souhait.

Qui pourrait alors concevoir, derrière embrassades chaleureuses et discussions enthousiastes, que la souveraine traverse des temps tourmentés ? Letizia d’Espagne se trouve en effet depuis quelques jours au cœur d’une tempête médiatique provoquée par la diffusion de Los Borbones, una familia real [Les Bourbons, une famille royale].
Disponible sur la plateforme de streaming espagnole ATRESplayer, cette série documentaire en six épisodes offre une plongée critique au sein de la famille royale à travers des images d’archives et des entretiens inédits. Piloté par la journaliste Ana Pastor et le producteur Aitor Gabilondo, le quatrième volet de la série se concentre sur Letizia, roturière, journaliste, divorcée et petite-fille de chauffeur de taxi que rien ne prédisposait à devenir reine. Et principalement sur son parcours pour arriver jusqu’au trône qui, loin du conte de fées, s’apparente davantage à un parcours du combattant.
"Je ne la supporte pas"
Principal obstacle ? Juan Carlos. Le profil de sa future belle-fille, sa personnalité, son tempérament, digne et fort, rien ne trouve grâce à ses yeux. "Je ne la supporte pas", aurait un jour lancé le souverain, comme le rapporte la série documentaire. "Je savais que le roi émérite n’aimait pas la journaliste de l’époque et qu’il essayait de bien des manières d’empêcher Felipe d’avoir une relation avec elle. Ce que j’ignorais, c’était la campagne orchestrée contre elle de l’intérieur et de l’extérieur, si brutale qu’elle lui causait bien des soucis", confie la journaliste Ana Pastor, interrogée par le quotidien espagnol El País sur les coulisses de cette production retentissante.
Le reste de la famille royale ne se montrerait guère plus aimable envers la jeune femme, nouvelle coqueluche des médias et désormais placée en pleine lumière. Le mariage de Felipe et Letizia, le 22 mai 2004, en témoigne, selon les auteurs du documentaire. Dans les images du grand jour qu’ils ont sélectionnées, Juan Carlos, tout comme sa fille aînée, l’infante Elena, affichent des mines déconfites. Sans qu’il soit possible de dire si c’est en raison de la pluie qui tombe à verse ou du triomphe de Letizia. "La guerre était déjà absolue, se souvient le journaliste Iñaki Gabilondo. Cela ressemblait plus à un enterrement qu’à un mariage".
Les mois suivants apaisent-ils les tensions? Loin de là. Plus que jamais dans l’œil du cyclone, Letizia cristallise les critiques, pointée du doigt pour sa supposée sévérité, dureté, son caractère intransigeant. Déterminée à s’imposer, Letizia tient bon. Et poursuit son chemin. À en croire le documentaire, c’est à cette période-là que la future reine aurait commencé la chirurgie esthétique. Rhinoplastie, acide hyaluronique, botox sont autant d’opérations, citées dans le documentaire, auxquelles Letizia d’Espagne aurait eu recours.
Une popularité en demi-teinte
Si la personnalité de l’épouse de Felipe VI, dominée par un extrême perfectionnisme, continue de diviser au sein du royaume, force est de constater que la reine est devenue, au fil des années, un des atouts les plus précieux de la monarchie espagnole. Engagée, à l’écoute, elle mène, depuis son entrée au sein de la famille royale, un travail sans relâche auprès des organisations dont elle est la marraine. La santé, l’éducation ou encore l’égalité de genre font partie des causes chères à son cœur et pour lesquelles elle multiplie les déplacements.
Selon une récente enquête menée par l’institut IMOP pour le site Vanitatis, la note de popularité de Letizia s’élève à 5,3/10 - soit 1,1 point de plus qu’en 2019 -, derrière son époux (6,2/10 ), sa belle-mère, la reine émérite Sophie (6/10) et ses deux filles, Leonor (5,9/10) et Sofia (5,6/10). Le site précise toutefois que 30% des personnes interrogées estiment que la reine est la personne ayant contribué le plus à améliorer l’image de la Couronne au cours de la dernière année, ce qui fait d’elle la meilleure alliée de Felipe VI.

Parmi les plus belles réussites à mettre au crédit de Letizia d’Espagne figurent sans conteste ses deux filles, dont l’éducation et l’épanouissement demeurent sa priorité. Leonor, 16 ans, élève au sein du prestigieux UWC Atlantic College, et sa sœur Sofia, âgée de 15 ans, démontrent chaque jour un peu plus leur maturité, leur complicité. En effectuant, ce 3 juillet, leur deuxième engagement commun sans leurs parents, les deux adolescentes ont fait la fierté du couple souverain.
Dans la province de Gérone, la princesse héritière et sa sœur ont rencontré les bénéficiaires des programmes de la Fondation Princesse de Gérone. Le lendemain, Letizia déposait un tendre baiser sur la joue de sa fille aînée après son discours prononcé en espagnol et en catalan à l’occasion de la cérémonie de remise des prix de l’organisation, dont le but est d’aider et de soutenir les jeunes dans leur développement professionnel et personnel. Un geste affectueux rare, preuve, s’il en fallait une, de son amour et de son immense fierté. C’est pour elles que Letizia se bat et fait fi des critiques. Soucieuse avant tout de préserver l’avenir de la monarchie.
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