De la famille royale espagnole, l’infante Elena est de loin celle qui ressemble le plus à son père, le roi Juan Carlos Ier. La comparaison paraît incongrue après les nombreux scandales qui ont marqué la famille royale. Elle met pourtant en lumière tout ce que les Espagnols ont apprécié en leur souverain et retrouvé en sa fille aînée : le naturel, l’affabilité, un inlassable sens de l’humour.
Lorsque son frère devient roi, en 2014, "l’infante Elena est une victime collatérale des dégâts causés par le cas Iñaki", fait remarquer la journaliste Núria Tiburcio, auteure de Elena, la infante castiza (Elena, l’infante authentique). Elle ne fait plus partie de la famille royale au sens institutionnel du terme. Passer au second plan n’entame pas pour autant sa popularité. Les Espagnols aiment sa simplicité et, surtout, son patriotisme joyeux et décomplexé. À combien de célébrations ne l’ont-ils pas aperçue, maquillée d’un drapeau rouge et or sur la joue ou vêtue fièrement d’un boléro ?

Une éducation espagnole
Bien plus qu’un simple héritage familial, l’hispanisme de l’infante Elena révèle la force de conviction avec laquelle son père, Juan Carlos Ier, a mené les premières années de son règne. Lorsqu’elle voit le jour, le 20 décembre 1963, Juan Carlos est un prince sans trône. Un fils ferait de lui un héritier crédible aux yeux de Franco. Mais le sort en décide autrement. Le premier-né est néanmoins en pleine forme. Il pèse 4,3kg et se prénomme Elena Maria Isabel, en référence à d’illustres personnages des familles royales de Grèce et d’Espagne.

"À 6 mois à peine, Elena devient le cœur de nombreux reportages au travers desquels la jeune Sophie d’Espagne raconte son quotidien de maman", écrit Núria Tiburcio. Le pays, qui s’interrogeait sur Juan Carlos et son épouse, apprend finalement à les connaître à travers leurs enfants. Les naissances de Cristina (1965) et de Felipe (1968) complètent le tableau d’une famille parfaite. Elena est aux yeux de tous l’aînée bienveillante. Sa mère lui transmet sa passion pour la nature et les animaux. Rien ne lui plaît davantage que de s’occuper des poneys de la Zarzuela.
"Juan Carlos, désormais successeur de Franco en tant que prince d’Espagne, ne souhaite pas que ses enfants vivent dans une tour d’ivoire. Les élever à l’espagnole est un enjeu essentiel." Elena, comme sa sœur Cristina, est scolarisée à l’institut MarÍa del Camino, à Madrid. Son éducation est aux antipodes de celle qu’a connue son père. Quand Juan Carlos devient roi, en 1975, elle a 12 ans. L’adolescence de l’infante se dessine désormais aux couleurs d’une Espagne nouvelle, qui tourne résolument le dos au franquisme après le coup d’État de 1981.

Sur les traces de sa mère, Elena choisit de faire des études en sciences de l’éducation. Elle se passionne aussi pour l’équitation, et le saut d’obstacles devient sa discipline de prédilection lors de concours hippiques auxquels elle ne renoncera jamais. "Elle a travaillé dur pour obtenir une belle compétitivité", fait remarquer Cayetano Martínez de Irujo. Le fils de la duchesse d’Albe, ancien compagnon de jeunesse de l’infante et cavalier émérite, reconnaît à la sœur aînée du roi Felipe un réel courage. Même à l’approche de la soixantaine, en pleine compétition de l’Ifema, à Madrid, Elena fait preuve d’humour après être tombée de son cheval. "C’est un mauvais moment à passer, confie-t-elle dans un sourire. Heureusement, beaucoup sont bien meilleurs que moi !"
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Dans les années1990, l’infante fait la connaissance de Jaime de Marichalar. "Un coup de foudre au premier regard", écrit Núria Tiburcio. Leur mariage est célébré en 1995, en la cathédrale de Séville. Les noces sont dignes d’un conte de fées. Des souverains d’Orient et d’Occident se déplacent pour l’occasion. Jaime Marichalar y Sáenz de Tejada est le gendre idéal. Conseiller financier de profession, il est issu d’une noble lignée de serviteurs de la Couronne. Mais ce qui compte ce jour-là pour le roi Juan Carlos et la reine Sophie, c’est de voir leur fille faire un mariage d’amour. Ils lui offrent le duché de Lugo en témoignage de leur affection.
Chronique d'un divorce annoncé
Elena et Jaime sont très différents l’un de l’autre. Dès leur lune de miel en Australie, l’infante comprend "qu’il n’a pas l’esprit d’un Indiana Jones et que le confort le motive plus que l’adrénaline". Elle est aventurière et sportive. Lui a le goût de la lecture et adore la ville, qu’il s’agisse de Madrid ou de Paris, où le couple s’installe un temps. Si son époux refuse d’emménager dans une maison aux abords de la capitale espagnole, Elena obtient malgré tout de retourner en Espagne. C’est là qu’elle veut voir ses enfants naître. En 1998, Felipe Juan Froilán vient au monde à la clinique Ruber de Madrid. Deux ans plus tard, Victoria Federica fait à son tour le bonheur de ses parents.

Dans son bel appartement de Salamanque, la famille savoure cette nouvelle vie sans imaginer les épreuves qui l’attendent. En 2001, à la suite d’un AVC, Jaime se retrouve hémiplégique. Sur les conseils de son père, Elena organise le déménagement des siens à New York afin que son époux soit suivi par les meilleurs médecins de l’hôpital Mont-Sinaï. De façon inespérée, Jaime récupère. Mais en 2003, Elena et lui connaissent un nouveau drame. Alors que la presse vient d’annoncer sa troisième grossesse, l’infante fait une fausse couche. La suite est pour le couple une lente agonie. Jusqu’au divorce, prononcé en 2010.
À la cinquantaine, Elena d’Espagne met un point d’honneur à s’occuper des siens. Qu’il s’agisse de ses enfants, de sa sœur Cristina en pleine affaire Nóos, ou encore de son père, à l’impopularité galopante. Sur les conseils de sa mère la reine Sophie, elle inscrit son fils à Cottesmore School, dans le Sussex, puis à Blue Ridge, en Virginie. Rien ne semble pourtant remettre Felipe Juan dans le droit chemin. En rentrant à Madrid, il s’inscrit au College of International Studies, mais fait systématiquement les gros titres pour ses sorties nocturnes à l’issue desquelles s’invite la police. En début d’année 2023, pour couper court aux polémiques, Elena finit par l’envoyer à Abu Dhabi, où son grand-père vit en exil.

Plus studieuse que son frère, Victoria de Marichalar est l’une des influenceuses les plus suivies d’Espagne. À 23 ans, la jeune femme a déjà fait la couverture du magazine Elle et ne rate pas un défilé, de Madrid à Paris. Elle partage...
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