Il y a, chez Lara Sedbon, une détermination inversement proportionnelle à sa silhouette menue, une confiance assumée qu’elle exprime avec une grande douceur. Voilà pour les paradoxes. Car autrement, tout semble aller de soi chez cette brune trentenaire bientôt maman de son deuxième enfant. Il y a trois ans, elle a lancé sa galerie d’art contemporain après avoir emmagasiné une expérience solide chez de grands noms du secteur. "Pour une fille de médecins parisiens non-collectionneurs, cette voie n’était pas naturelle. Mais j’ai vite su que l’art ferait partie de ma vie, pour sa part esthétique bien sûr, mais aussi dans une démarche intellectuelle et sociale."
Son appartement abrite la collection personnelle de Lara
Par appétit, Lara a commencé par les lettres classiques, en hypokhâgne et khâgne, puis une licence de philosophie à la Sorbonne. La suite s’est écrite en parallèle, entre l’Essec pour l’art de la négociation et l’École des hautes études en sciences sociales où elle suit un master de recherche sur l’esthétique du mouvement dans l’art numérique, avant de s’envoler trois ans à Singapour travailler chez Art Plural Gallery, qui lui confie la section jeunes artistes, et de revenir s’arrimer, pour de bon, dans la capitale.

Situé dans le quartier Saint-Michel, en lisière de la rive gauche, son appartement tient à la fois de la maison de famille et des cimaises de sa collection personnelle. Des décors haussmanniens d’origine n’ont survécu que les moulures du salon cuisine, rehaussées de gris, et un élégant parquet point de Hongrie. Les meubles font profil bas, à l’instar du grand canapé modulable en laine bouclette et cuir de chez Nicoletti, pour mieux laisser la place aux œuvres.

Celle du Sénégalais Omar Ba est accrochée au-dessus du canapé, comme en triptyque côté cuisine, celle de l’Indien Jitish Kallat. Deux artistes représentés par la galerie Templon, chez qui elle a longtemps officié comme directrice, enchaînant les foires internationales tout en gérant les artistes indiens et américains. "Avec Daniel Templon, j’ai appris la rigueur, j’ai travaillé encore et encore et compris beaucoup de choses du métier", reconnaît-elle.
"La relation avec les artistes est, pour moi, fondamentale"
Un portrait de Rebecca Brodskis capte le regard, reflété par un grand miroir, découpé en origami, qui renvoie au passage la lumière qui se faufile entre les arbres du boulevard. Cette Française trentenaire fait, elle, partie des valeurs sûres de By Lara Sedbon, comme Léonard Combier, Ymane Chabi-Gara ou Adrien Belgrand, de jeunes artistes venus naturellement à elle alors qu’elle avait repris sa liberté, en 2019, pour fonder une famille.
"Cette passion m’a rattrapée, puis tout s’est enchaîné ; Victoria Mann, fondatrice de la foire d’art d’Afrique Akaa, m’a proposé l’espace VIP. En trois semaines, nous avons monté un solo show de Léonard Combier", raconte Lara. Les acheteurs se ruent sur les œuvres fourmillantes et un peu dingues de ce jeune Français passé, lui aussi, par une grande école de commerce.

Puis il y a Art Paris en 2020, encore avec Léonard Combier, et tout autant de succès. "La chance du débutant!", suggère la jeune femme en tentant de remettre de l’ordre dans la chambre d’amis qui fait office de bureau et d’entrepôt à sa galerie nomade, en attendant de trouver l’espace de ses rêves. "Avec un mari dans l’immobilier, cela n’est pas si facile qu’on peut le croire", plaisante-t-elle avant de poursuivre son idée : "La relation avec les artistes est, pour moi, fondamentale. Ils sont vivants ! Et c’est ce qui me touche. Je les choisis pour leur démarche pensée et accessible. Je vais dans leur atelier, les accompagne et essaye de les préserver de la spéculation, même si le marché tend souvent à cela en ce moment."

En ce début d’été, Lara enchaîne deux expositions, l’une à Paris du côté de la Bastille sous le titre Summer Vibes, et l’autre à Monaco avec le salon Art Monte Carlo, organisé au Grimaldi Forum. Tout semble décidément couler de source pour cette figure atypique dans le monde des marchands d’art. Sa voix, aussi posée que son sourire, et un calme inoxydable lui font déplacer des montagnes, fignoler les accrochages et trouver les mots pour décrire une œuvre, toujours soutenue par deux amies fidèles, la littérature et la philosophie.
Summer Vibes, jusqu’au 10 juillet 2022 au Bastille Design Center, 74, boulevard Richard Lenoir, 75011 Paris. De 11h à 19h.
Art Monte Carlo, du 14 au 16 juillet 2022 au Grimaldi Forum, 10, avenue Princesse Grace à Monaco. De 14h à 20h.
Connectez-vous pour lire la suite
Profitez gratuitement d'un nombre limité d'articles premium et d'une sélection de newsletters
Continuer
Un journalisme d’excellence, des contenus exclusifs, telle est la mission de Point de Vue. Chaque article que nous produisons est le fruit d’un travail méticuleux, d’une passion pour l’investigation et d’une volonté de vous apporter des perspectives uniques sur le monde et ses personnalités influentes. Source d’inspiration, notre magazine vous permet de rêver, de vous évader, de vous cultiver grâce à une équipe d’experts et de passionnés, soucieux de porter haut les couleurs de ce magazine qui a fêté ses 80 ans. Votre abonnement, votre confiance, nous permet de continuer cette quête d’excellence, d’envoyer nos journalistes sur le terrain, à la recherche des reportages et des exclusivités qui font la différence tout en garantissant l’indépendance et la qualité de nos écrits. En choisissant de nous rejoindre, vous entrez dans le cercle des amis de Point de Vue et nous vous en remercions. Plus que jamais nous avons à cœur de vous informer avec élégance et rigueur.