La reine Victoria Eugénie, arrière grand-mère et marraine de l’actuel roi d’Espagne, aurait sans doute apprécié le spectacle. Sa photographie dédicacée et toute parée d’émeraudes est posée sur la console d’un des salons du premier étage. Nous sommes au palais de Liria, à Madrid, où Cartier a choisi de présenter sa collection de haute joaillerie 2022 : Beautés du Monde.

Cette demeure, sans doute la plus belle résidence privée de la capitale espagnole, fut entièrement reconstruite, à partir des années 1950, par Cayetana Fitz James Stuart (1926-2014), 18e duchesse d’Albe, dont la marraine n’était autre que la reine Victoria Eugénie.
Sa Majesté, petite-fille de la reine Victoria d’Angleterre, était de son côté la filleule de l’impératrice Eugénie de France qui lui légua neuf magnifiques émeraudes carrées. La reine d’Espagne les fit monter par Cartier sur un collier, une broche et une bague. Est-ce un hasard ? L’émeraude est très présente dans cette collection.
Beauté du monde : la nouvelle collection de Cartier
Le collier Iwana est composé d’un quadrillage de losanges sertis de diamants taillés en roses. Sur le motif central s’épanouissent trois émeraudes colombiennes en cabochon dont le poids total est de 43,31 carats. Une bague et une paire de motifs d’oreilles complètent la parure.

Un autre collier, baptisé Artios, propose seize émeraudes, elles aussi colombiennes pesant 41,34 carats. Elles sont taillées à facettes et disposées sur le pendentif central et les deux côtés d’un collier de style Art déco. L’arrière du bijou est fait de deux longues lignes de brillants. Le fermoir coulisse autour de ces deux rivières afin de varier la longueur du collier qui peut devenir sautoir.

Émeraudes encore, toujours soulignées de diamants, sur deux parures inspirées par les légendaires bijoux Panthère, l’une des signatures de la maison Cartier. La première est classique. Le félin, dont le pelage est pavé de diamants et d’onyx, est posé au centre du collier. La panthère tient entre ses pattes une émeraude cabochon, originaire de Zambie. La pierre pèse 28,34 carats et Bagheera a l’air bien décidée à en faire son quatre heures.

Sur la seconde parure Panthère, les émeraudes sont plus petites. Elles donnent du relief à cinq cubes en cristal de roche pointillé de tâches d’onyx.

Le collier Récif, créé lui aussi autour d’une émeraude de 17,20 carats, célèbre un double héritage stylistique de la maison : corail et Tutti Frutti. Sur un cordon de diamants sont déposées des perles côtelées de corail et d’émeraudes. Orange et vert ! Le contraste est joyeux.

En la matière, le joaillier de la rue de la Paix est un maître. Au début du XXe siècle, Louis Cartier avait rapporté de Russie la fameuse alliance de couleurs chère à l’orfèvre Fabergé et dont la France ignorait tout : vert et bleu. Plus d’un siècle plus tard, la maison la reprend avec une bague fabuleuse, telle que Cartier en a le secret. Cette fois, le carambolage joue sur un vert et un bleu très acidulés. Bleu ciel pour un diamant coussin de 1,31 carat. Vert tendre pour un diamant poire de 1,20 carat. Les deux pierres sont posées côte à côte sur une bague diamants sur platine.
