Peu de bijoux appartenant à la reine Victoria sont demeurés dans le patrimoine de la famille royale britannique. Au lendemain de la mort de son époux, le prince Albert, le 14 décembre 1861, la reine se réfugie dans un deuil absolu. Elle ne le quittera pas jusqu’à sa propre mort quarante ans plus tard. Et, à de très rares exceptions, elle ne portera plus de joyaux de couleur. Elle donne sa parure de rubis et diamants à sa fille, Beatrice. Elle offre ses émeraudes à une autre de ses filles, Louise. Sa parure de saphirs disparaît au fond d’un coffre d’où elle ne sortira que soixante ans plus tard à l’occasion du mariage de la fille du roi George V, la princesse Mary, comtesse de Harewood.

Seule exception à cette dispersion, la parure d’opales et de diamants qui avait été dessinée par le prince Albert lui-même. Victoria entend que ces joyaux, souvenirs de son cher Albert, soient toujours portés par les reines de Grande-Bretagne successives. Aussi choisit-elle de les léguer à la Couronne. Elle ajoute plusieurs autres parures à ce legs : la broche de saphir et diamants qui lui a été offerte par Albert, la veille de leur mariage, le collier en perles et diamants qu’elle a reçu à l’occasion de ses 50 ans de règne, le collier et les pendants d’oreilles de diamants créés en 1858 avec des pierres provenant des collections royales. La liste comprend deux pièces antérieures au règne de Victoria : la couronne de perles et diamants créée pour son oncle, le roi George IV, et la broche de diamants de la reine Adélaïde, épouse du roi Guillaume IV.
