Quiconque s’est déjà promené dans une ville orientale – Le Caire, Marrakech, Oman… –, a pris la mesure de la place du parfum dans cette civilisation : ici, un collier de jasmin, là un thé à la menthe ou les odeurs du souk, entre bois, cuirs et épices… C’est cette omniprésence qu’a souhaité retranscrire Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe (IMA), à travers cette exposition. Un parcours inédit par son mélange de deux cents œuvres d’art ancien et contemporain mêlant photos, sculptures, objets, peintures, installations auditives… Autant de témoignages de l’influence des parfums en Orient à la fois sur la vie intime, publique, sociale et religieuse.

Les commissaires d’exposition Agnès Carayon et Hanna Boghanim ont demandé à Christopher Sheldrake, (parfumeur, entre autres, des créations de Serge Lutens depuis des décennies), d’illustrer olfactivement l’exposition, aidé du fournisseur Givaudan et de sa consœur Nisrine Grillié. "Ce fut exaltant de refaire le travail des parfumeurs pharmaciens d’il y a 3000 ans avec des ingrédients similaires" s’enthousiasme-t-il. C’est la première exposition qui donne autant de place à l’olfactif." Au-delà des œuvres physiques, sonores ou numériques, le curieux y découvrira les matières premières fétiches de l’Orient, à commencer par les notes animales que le nez a soigneusement reconstituées au plus proche, le bois de oud et les épices.

Le studio de création Magique, qui explore l’odorat sous toutes ses formes, a pour sa part conçu les supports des 31 odeurs du parcours de façon à offrir une diversité d’expériences. Dès le début, chacun peut s’émerveiller en activant d’un souffle une envolée de pétales tout en découvrant leur parfum. Christopher Sheldrake a aussi imaginé les trois familles olfactives les plus courantes à l’Est, diffusées par une table du parfumeur ludique. "On se fait une idée fausse des parfums de l’Orient. Là-bas, ils sont plus figuratifs et plus intenses que dans nos créations dénommées “orientales”, précise-t-il. J’espère que ces sollicitations multisensorielles pourront offrir aux visiteurs une expérience plus authentique, qui restera gravée dans leur mémoire avec la même force qu’un véritable voyage."
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Parfums d’Orient, exposition jusqu’au 17 mars 2024 à l’Institut du monde arabe.