L e long de l’escalier qui mène au spa, le ton est donné d’emblée. Coraux et fleurs marines en soie brodée bleue et or de l’artiste Ghizlane Sahli animent l’espace aux couleurs du sable et de la mer, une rythmique qui ponctue tout l’hôtel revu par Jean-Michel Wilmotte, signant ainsi son identité visuelle forte. Avec ses bois clairs et ses pierres ocre d’où s’écoule une petite rivière et, çà et là, des puits de lumière, l’architecture du spa est en elle-même une invitation à la relaxation.
Passé quelques flacons-bijoux de parfums uniques, on s’installe dans une cabine égayée d’une abeille dorée quand un fil lumineux projette un message en ombres portées sur le mur. Dans cette poésie décorative, se décider parmi les trois soins exclusifs du spa relève d’un choix cornélien : le Bain Tropézien débute par une onction des pieds rafraîchissante avant de reminéraliser le corps en profondeur et de purifier le visage. Durant le bien nommé Croisière Riviera, une musique spécialement composée accompagne les gestes de l’experte: au rythme des bols de cristal, manœuvres drainantes alternent avec glissements longs. Le plus spectaculaire reste toutefois l’Infinilift, un soin développé avec Anna Tsankova, la championne du monde de massage du visage – et oui, cela existe !

Passé un diagnostic de peau et de morphologie, le modelage sur mesure restaure les volumes, lisse les expressions et repulpe la peau, à la main ou à l’aide de pinceaux. On en ressort l’ovale redessiné et la mine radieuse, prête pour déguster un incroyable cocktail à la terrasse de l’hôtel, où des pins centenaires ont la bonne idée de protéger des rayons mordants du soleil. Une étoile Michelin couronne sa cuisine méditerranéenne. Un agréable préambule au dîner à La Vague d’Or et à ses trois étoiles Michelin, conquises en beauté par Arnaud Donckele. Les assiettes au dressage millimétré sont réalisées avec des produits locaux. Comme ces artichauts en forme de rose ou ces gambons (grosses crevettes) sourcés auprès de pêcheurs espagnols rehaussés d’une sauce anisée fumée et de romarin.

Chaque plat est un tableau audacieux, dont on dissèque toute bouchée pour chavirer sous le jeu des textures, associations de goûts et sauces exceptionnelles propres à un grand chef. Évidemment les vins sont au rendez-vous, tout comme le service sur mesure, aussi bienveillant que discret, sous l’œil de Thierry Di Tullio, directeur de la restauration. Au point de se sentir comme en vacances dans une – très chic – maison de famille. À Saint-Tropez, le paradis a changé de visage… n’en déplaise aux nostalgiques des Caves du Roy.
